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Une manière de fustiger à la fois le comportement de plus en plus partisan du président de la République et celui des « situationnistes » qui gravitent autour de lui en tentant d’accaparer sa personne.

La session d’octobre, communément appelée la session budgétaire, a débuté le lundi 4, Place de la République, sous la présidence de Ibrahim Boubacar Keita, président de l’Assemblée nationale.

En présence du Premier ministre, des membres du gouvernement, des diplomates accrédités auprès de notre pays, des hauts gradés de l’Armée, des représentants de la société civile et des partis politiques.

C’est devant ce beau monde que le président IBK a tenu son discours traditionnel. Mais celui de cette année est différent des précédents dans la mesure où il n’a pas manqué de dénoncer les agissements de certains individus qui veulent « légitimer des impostures et autres trafics d’influence autour de la personne d’ATT« .

Selon IBK, le « patrimonialisme », dénoncé et stigmatisé par l’analyse politique, notamment celle conduite par l’école de Bordeaux, sous la direction de J.F Bayard, constitue l’un des plus grands dangers pour la République et la Démocratie.

Il met en péril, à en croire le président de l’Assemblée nationale, le fragile équilibre sur lequel reposent la paix sociale et le consensus politique qui, seuls permettent la mise en œuvre d’un minimum souhaitable pour le développement au profit des couches les plus déshéritées.

« Le plus souvent, ce phénomène, le « patrimonialisme », quelques fois aussi appelé « néo-patrimonialisme », est entrepris pour complaire.

En réalité, il aboutit au contraire, le plus souvent, à agacer le prince qui mesure, dès lors, le danger d’accaparement de sa personne pour les causes qui ne sont pas les siennes, ni celles du peuple, mais servent à légitimer des impostures et autres trafics d’influence autour de sa personne.

Se voulant et se souhaitant ardemment d’égal partage, au service de toute une nation, il se retrouve dans un rôle de chef de clan, d’otage en réalité » a déploré IBK.

Avant de déclarer qu’une « lutte patriotique prolongée par l’avènement de la démocratie aurait dû constituer un puissant et efficace antidote contre ce genre de dérives. Hélas !
Hélas ! Nous constatons que les meilleures volontés n’en sont pas à l’abri. Tant qu’existeront des démocraties en construction, les situationnistes pousseront comme des champignons.
Non pas ceux comestibles qui permettent de rehausser la vapeur des mets, mais ceux qui tuent, tel l’amanite phalloïde. Gardons-nous de nous en croire à l’abri.
Que non ! Que non ! Que non ! Nous autres parlementaires constituons un terrain très fertile pour ces plantes vénéneuses. Gardons-nous de succomber à leur séduction. Nous risquerions de le regretter amèrement
 »

Auparavant, IBK avait salué et encouragé les efforts déployés par le gouvernement en vue d’éviter à notre pays l’acuité des tragédies vécues ailleurs. De même, il a souhaité que de vigoureux efforts soient mis en œuvre pour arrêter la criminelle spirale spéculationniste sur les céréales.

Le président de l’Assemblée nationale a également laissé entendre qu’il est heureux que le chef de l’Etat lui-même l’ait fustigé en des termes sans équivoques dans son adresse à la nation.

Considéré comme un patriote et un démocrate convaincu, IBK estime que la construction de la démocratie et d’une société de justice est une œuvre de longue haleine et d’apprentissage continu.

C’est pourquoi, il a souhaité que « tous les acteurs de la vie nationale fassent montre de rigueur, en même temps que d’engagement réel à contribuer à son encrage. Cela n’est sûrement pas facile car il suppose la capacité à s’oublier pour n’envisager que l’intérêt supérieur de la nation. Cela se traduit par le refus des combinazione qui violent allègrement les principes élémentaires sur lesquels se construit une vraie démocratie. Il est temps que nous ayons la force et la volonté de nous élever à une telle dignité« .

Par ailleurs, IBK a rendu un hommage mérité à son prédécesseur Ali Nouhoum Diallo, président du parlement de la CEDEAO, pour le combat exaltant qu’il mène au niveau de cette institution parlementaire.

C’est pourquoi, l’ancien Premier ministre a confié à Me Tall et à Assarid Ag Imbarcawane, respectivement 1er et 2ème vice-président de l’Assemblée nationale, de conduire des délégations dans les pays de la sous-région pour porter un message écrit à tous les chefs des institutions parlementaires. Partout, le meilleur accueil, a t-il dit, leur a été réservé.

« Gageons que ce soit le prélude à une bonne réélection de notre compatriote pour la poursuite d’une noble mission qu’il conduit avec tant de bonheur » a t-il conclu.

Chahana TAKIOU

05 octobre 2005.