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Nous ne nous lasserons jamais d’édifier les pouvoirs publics et l’opinion publique nationale sur les réalités que vit l’Huilerie Cotonnière du Mali (HUICOMA). Ce qui se passe dans cette société est extrêmement grave. Pire la Direction de HUICOMA a choisi la désinformation comme stratégie de communication. La question fondamentale qui se pose est la suivante : La Direction actuelle de l’HUICOMA a-t-elle la capacité managériale et les moyens financiers pour gérer cette société ?

L’affaire Tomota avait défrayé la chronique en son temps avec un investissement de plus de 14 milliards de nos francs. Mais la réalité est tout autre, car HUICOMA est presque en faillite.

L’affirmation suivante faisait croire que : « Le groupe Tomota a investi 14 milliards de F CFA dans l’amélioration des capacités techniques en stockage de graines, dans la modernisation de l’outil industriel, dans l’acquisition de nouvelles machines ainsi que dans la formation du personnel ».

Nous cesserons d’être courtois pour dire que cette déclaration est mensongère.

La réalité concrète dans les unités industrielles est la suivante:
A Koutiala, l’usine se trouve aujourd’hui à un niveau passable, avec une capacité installée de 700 tonnes/jour .Cette unité arrive à peine à triturer 300 tonnes/jour.

En effet, le constat est amer car:

– la première chaîne de trituration a été partiellement démantelée. Un nettoyeur de 100 t/j a été déplacé vers la nouvelle trituration. Ce qui en soit représente une diminution effective du débit journalier.
– le réducteur de la presse No 1 a été remplacé par un ancien réducteur défaillant. Les arrangements et les barreaux de cage sont défectueux.
– le tourne-rond des coques est inopérant à cause des éléments de chaînes inadaptés venue de Chine.
– le décentrage de la chaudière Mock a été bricolé. Des cornières en acier doux ont été mises à la place des supports de grille en fonte.
– le matériel chinois est inadapté (moteurs, chaînes de redler, soufflante etc).
– un nettoyeur défectueux de 150 t/j a été transféré de Koulikoro et installé à la nouvelle trituration.
– nous pouvons encore citer des imperfections et aberrations à la pelletisation, à l’extraction et à la neutralisation.

Comment comprendre qu’après avoir investi autant d’argent dans l’outil industriel l’usine de Koutiala soit incapable de neutraliser sa propre production d’huile brute dont le stock a dépassé 1000 tonnes.

A Koulikoro, l’extraction travaille hors norme. Les recommandations de DESMET pour une remise à niveau sont restées lettres mortes :

– à la presserie II, deux presses sont à l’arrêt, à l’abandon total ;
– à la savonnerie, la nouvelle saponification continue BINACCHI installé en régie par des techniciens incompétents est à l’arrêt ;
– le raffinage physique de l’ancienne raffinerie a été démantelé ;

L’usine de Kita s’est totalement dégradée et n’est même plus capable de tourner quelques jours de suite.

Certes, le groupe Tomota a investi dans toutes les unités industrielles dans des secteurs improductifs en faisant tourner ses propres structures telles que EGC BAT, TATA etc.

Nous citerons entres autres :

– le pavage de la cour de l’usine de Koutiala ;
– le rehaussement de la clôture de l’usine de Koutiala ;
– le dallage de la cour de l’atelier de glycérine à Koulikoro qui est à l’arrêt depuis plusieurs années ;
– la construction de nouveaux bureaux pour la direction d’usine de Koulikoro ;
– la construction d’un magasin pour le stockage du savon ;
– le rehaussement de la clôture de l’usine de Koulikoro ;
– l’achat de deux citernes d’occasion pour le transfert de l’huile neutre de Koutiala vers Koulikoro

Quatorze milliards de francs CFA, c’est l’acquisition d’une unité triruration-extraction d’une capacité de trois cent tonnes jour, c’est la remise à niveau complète des trois unités.
Par ailleurs on nous dit : « Le protocole d’accord signé entre l’Etat et le Groupe Tomota n’exclut pas la possibilité de procéder à un licenciement économique… » qui pouvait intervenir en 2006.

Mais ce qu’on ne dit pas, c’est que le même protocole exigeait la mise en place d’un plan social dans les soixante jours qui suivent sa signature.

Pourquoi le plan social n’a-t-il pas vu le jour ? Va-t-on continuer à spolier les travailleurs et piétiner leurs droits ?

Ce qui s’est passé réellement est le résultat de la méconnaissance totale de la gestion d’une unité agro-industrielle.

Quel management recommande d’investir dans des secteurs improductifs pendant que l’outil industriel est délabré ?

Quel management recommande d’investir dans le stockage pendant que l’outil industriel est incapable de satisfaire la demande courante ?

Quel management autorise des décisions de gestion qui contrarient le fonctionnement technique ?

Gérer, c’est prévoir. Arrêtons de jouer aux pompiers. A ce rythme, l’HUICOMA va droit au mur.

Affaire à suivre

Moustapha GUITTEYE

30 juillet 2007.