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Tout est bien qui finit bien. Le mot d’ordre de grève des médecins du centre hospitalo-universitaire Gabriel Touré a été suspendu jusqu’à nouvel ordre. L’annonce a été faite vendredi dans le journal de 20 heures de la télévision nationale par le secrétaire aux relations extérieures de l’Association des médecins, le Dr Asselme Konaté.

Il faut rappeler que le personnel socio-sanitaire du CHU avait déclenché depuis le mercredi 8 août une grève de protestation contre l’arrestation du docteur Mohamed Keïta, maître assistant au service ORL et Mme Dembélé Salimata Dao, assistante anesthésiste au service de réanimation (voir L’Essor des 9 et 10 août).

Les négociations engagées sous la houlette d’une commission de médiation composée de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), de l’association des griots et du ministère de la Santé, ont permis de dénouer partiellement la crise. Ainsi les médecins ont décidé de reprendre le travail à Gabriel Touré, un centre hospitalier fortement sollicité par la population du fait de sa position géographique.

Pour faire face à l’afflux des patients pendant le débrayage 10 médecins et 21 infirmiers militaires ont assuré le service minimum dans les différents services depuis les premiers jours de grève. Les grévistes ne s’étant pas embarrassés de cette précaution réglementaire.

Notre équipe de reportage avait sillonné vendredi les centres hospitalo-universitaires, Gabriel Touré, Point G et Kati. Dans le premier établissement hospitalier, les médecins et infirmiers de l’armée appelés en renfort et les équipes de garde de l’hôpital assuraient à la satisfaction des patients le service minimum dans les différentes unités et dans le service des urgences.

Dans les deux autres structures, les consultations générales ou spécialisées se sont déroulées normalement toute la journée. Les équipes de garde étaient déployées dans les différentes unités.

Les hôpitaux du Point G et de Kati n’ont été pas touchés par le mouvement. A l’hôpital du Point G, les médecins ont consulté et soigné contrairement à ce que prétendaient les rumeurs. Cet hôpital, en dépit de ses moyens ultra modernes, n’est pas spécialisé dans la prise en charge des traumatismes ou de fractures ouvertes.

Les cas qui y ont été reçus en urgence ont été tout simplement réorientés vers l’hôpital de Kati qui dispose en la matière des compétences nécessaires en ressources humaines et matérielles.

Notre équipe de reportage s’est rendu samedi au Point G où les consultations et les soins étaient assurés par les équipes de garde dans les différentes unités. A Gabriel Touré également le service minimum était assuré par les médecins militaires et des équipes de garde.

A Gabriel Touré nous avons recueilli des statistiques auprès de la direction générale de l’établissement. Elles émanent des données collectées par le médecin colonel le Pr Gangaly Diallo, chef des services de chirurgie.

L’ancien directeur général de l’hôpital Gabriel Touré, le professeur Sinè Bayo rapporte ainsi que dans la nuit du 8 au 9 août, le service de pédiatrie a enregistré 5 décès. Il s’agissait de deux enfants hospitalisés à la pédiatrie et des triplets d’une femme qui avait accouché dans un autre centre de santé. Les 3 bébés admis en détresse respiratoire dans le service de réanimation de la pédiatrie ont malheureusement perdu la vie.

Les services de réanimation et des urgences chirurgicales ont également enregistré chacun un décès. Mais pour le cas du service des urgences, le décès était constaté à l’arrivée. Dans la nuit du vendredi à samedi le Gabriel Touré avait reçu 52 malades dont 31 accidentés sur lesquels l’on a constaté 4 décès à l’arrivée.

Le Pr Bayo a expliqué que même en temps normal, l’hôpital enregistre des décès. Il a critiqué au passage les rumeurs qui ont exagéré les décès recensés dans l’établissement au cours de cette période. « Nous sommes dans une société d’oralité qui n’est jamais fiable. Les gens gonflent les choses sans venir à la source« , s’est-il indigné.

Il a tenu à préciser qu’aucun élément pour l’heure ne démontre la culpabilité de deux agents incriminés. « S’il y avait eu faute professionnelle, nous serions les premiers à sanctionner. Nous le disons et nous le maintenons, il n y a pas eu de faute professionnelle« , a-t-il conclu.

Son homologue du Point G, le médecin colonel Charles Fau a pour sa part aussi tenu à lever toute équivoque sur la situation dans son établissement. « Nous n’avons pas observé d’arrêt de travail et les consultations et les gardes s’effectuent normalement dans les services« , a-t-il précisé.

Pour le secrétaire général du Syndicat national de la santé et de l’action sociale (SNS-AS), le Dr Mamady Kané, la négociation menée par l’UNTM a abouti à la suspension du mot d’ordre de grève, mais le syndicat continuera sa démarche sociale dans le sens de la résolution définitive du problème.

Une assemblée générale est convoquée pour aujourd’hui à l’hôpital Gabriel Touré.


B. DOUMBIA – L’Essor

13 août 2007.