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Commandeur de l’Ordre national du mérite à titre posthume ! Chevalier du même Ordre de son vivant ! Modeste et humble serviteur de la nation, Ali Farka n’espérait certainement pas tant de reconnaissance de sa mère patrie.

L’annonce de son décès a, comme un séisme, provoqué un choc dans le monde. Et même mort Ali est un rassembleur. Il a mobilisé la nation entière devant son domicile de Lafiabougou ce vendredi 10 mars 2006, trois jours après son décès.

C’est une foule arc en ciel qui s’est donné rendez-vous ce jour Saint. Enfants, adolescents, jeunes et vieux ; femmes et hommes, riches et pauvres, intellectuels et analphabètes, autorités et administrés, élus et peuple…

C’est une immense foule qui s’est retrouvée pour rendre hommage à ce digne fils de la patrie sans considération politique et ethnique, sans distinction, d’âge, de classe sociale, de religion… A commencer par les sept branches de l’Art dont il fut l’un de meilleurs porte-flambeaux.

Les artistes se sont mobilisés à son chevet et ont retrouvé leur unité autour de sa dépouille mortelle. Parce que sa porte n’a jamais été fermée à qui que soit. Il savait partager, remonter et pousser ceux qui venaient en lui.

Comme l’a dit le ministre Cheick Oumar Sissoko, Farka a beaucoup marqué par son humilité et sa générosité. Mais, on n’oubliera pas aussi son éternel sourire, son approche chaleureuse et sa joie de vivre !

Tirant une force vitale de sa foi de mortel, Ali n’est homme à se morfondre dans les regrets. «Je remercie Allah parce qu’il m’a donné ce qu’il n’a pas offert à beaucoup de personnes. Si je dois mourir aujourd’hui, ce sera sans regrets parce que j’ai donné à mon pays tout ce que je pouvais», disait humblement l’artiste.

Ali Farka a mobilisé la nation parce qu’il n’a pas vécu inutile. Plus qu’un arbre, ce sont 350 ha (rizières, vergers…) que Monsieur le Maire a aménagés à Niafunké pour que son village et son pays ne puissent jamais connaître l’humiliation de la faim.

Ali Ibrahim Farka Touré repose désormais sous cette terre nourricière qu’il a mise en valeur avec «amour, avec science et patience».

L’hommage qui lui a été rendu ce 10 mars a été pieux, spirituel et émotif. C’est ce qu’on sent dans les mots laissés dans le Livre de condoléances par Amadou Toumani Touré. Ce fut un hommage de reconnaissance et ferveur humaine.

Ce fut un vibrant hommage, mais certainement pas le dernier. Et comme l’a écrit Ousmane Issoufi Maïga, «Merci pour ton œuvre». Et, pour paraphraser Ibrahim Boubacar Kéita, la mort n’a pas pu te vaincre !

Moussa Bolly

21 mars 2006.