Les Echos : Qu’est-ce qui explique le choix de RFI qui, de plus en plus, s’implante dans les pays africains ?
Henri Perilhou : Je pense qu’il faut repartir au passé. Le point de départ de la diffusion de RFI, c’était effectivement en Afrique dans le bassin de la Francophonie, c’est un choix naturel. C’est une mission qui consiste à aller au-devant de ses auditeurs. En Afrique, nous avons à peu près une soixantaine de FM et beaucoup de reprises dans la plupart des pays francophones et même anglophones. C’est donc l’approfondissement d’une ligne éditoriale qui consiste à s’adresser aux francophones d’Afrique essentiellement. Mais ce n’est pas sa seule vocation. Le titre est un peu criant, mais on dit que c’est la radio mondiale. En tout cas, c’est une radio qui va vers ses auditeurs sans toutefois être en concurrence avec la radio nationale ou avec les médias nationaux. Elle s’appuie sur des bureaux et les réseaux de correspondance.
Les Echos : Au Mali, RFI de plus en plus se décentralise et est présente sur la bande FM dans de nombreuses de régions. Quelle est l’idéologie qui sous-tend cette politique ?
H. P. : Ce n’est pas une idéologie en ce sens qu’une idéologie est porteuse d’une vision un peu cachée, machiavélique. La vision éditoriale de RFI, c’est d’être entendue le plus loin possible. Pas simplement dans les principales capitales puisque aujourd’hui on s’installe de plus en plus sur FM, mais on a toujours un signal en onde courte. RFI, c’est d’abord la radio de ses auditeurs. La vocation de RFI, c’est de pouvoir être à l’écoute et au plus près de ses auditeurs.
Les Echos : C’est rare qu’on parle de l’actualité du Mali. Est-ce délibéré ? Qu’est-ce qui explique cette situation ?
H. P. : Je ne partage pas tout à fait ce sentiment. Je pense que c’est une question qui reflète en fait l’intérêt que suscite RFI auprès de ses auditeurs. J’ai le sentiment, à écouter tous les jours les émissions de Juan Gomes ou encore à écouter les émissions d’Alain Foka qui étaient en direct ici cette semaine à Bamako que précisément on fait monter la parole des Maliens. Loin d’être un désintérêt, c’est plutôt un intérêt marqué. C’est pourquoi à l’occasion de ce 23e Sommet Afrique-France, au-delà du factuel, on fait également des émissions qui parlent des préoccupations. Je m’inscris en faux, de façon conviviale et confraternelle, contre la question qui consisterait à dire qu’on se désintéresse du Mali.
Les Echos : Peut-on dire que Radio France Internationale est vraiment indépendante du gouvernement français ?
H. P. : Indépendante du gouvernement, ça me paraît évident parce que les gouvernements changent et la radio demeure. La Radio France internationale a des rédactions. Elle s’est donnée une charte de déontologie. Son budget est voté à l’Assemblée nationale. Il n’y a pas directement de ligne gouvernementale qui lui serait imputable, dont elle aurait à restituer la préoccupation. Que l’on reflète la vie politique française à l’antenne, ça oui dans sa diversité, dans son pluralisme. Mais qu’il y ait une ligne éditoriale qui s’inspire du gouvernement français, ça non. C’est la voix de la France, mais ce n’est pas la voix du gouvernement français. On essaye tant que faire se peut de parler non seulement de la France, mais aussi des autres pays.
Les Echos : Qu’est-ce qui différencie l’antenne Afrique des autres antennes ? Qu’est-ce qui fait votre spécificité au sein du groupe ?
H. P. : L’antenne Afrique s’occupe de l’Afrique, mais pas exclusivement de l’Afrique. Au quotidien, 7 h 30 consacrées à l’Afrique. Le reste est constitué par des émissions qui parlent d’autres choses de l’Afrique parce qu’on considère que le continent africain est ouvert au monde. Donc, la totalité du programme RFI sur 24 heures est mixte : ce sont des informations africaines le matin avec une alternance d’émissions internationales et un programme large qui essaye de refléter les préoccupations éditoriales qui vont au-delà du continent africain. Mais, le continent africain, c’est notre continent peut s’y retrouver.
Propos recueillis par
Alexis Kalambry
1er décembre 2005.