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En mars dernier, dans un journal télévisé de l’ORTM, le ministre des Maliens de l’extérieur faisait état d’accords conclus entre les différentes sensibilités du Conseil de France. Badra Alou Macalou avait réussi à conclure lesdits accords lors d’une rencontre organisée à Paris en marge des travaux de la commission franco-maliennes sur les migrations.

L’annonce avait créé en son temps beaucoup d’enthousiasme et de soulagement au sein de la communauté malienne de France et même du gouvernement ; d’autant plus que cela fait 3 ans que le processus de renouvellement du bureau du Haut conseil des Maliens de France se trouve dans l’impasse.

Les accords du 19 mars portent sur : l’acceptation par le bureau sortant de mettre fin à son mandat et de s’inscrire dans un cadre de renouvellement ; l’engagement du collectif des 190 associations à verser les frais de cotisations de 5 ans et les droits d’adhésion de leurs associations, auprès du bureau en présence du consul général du Mali en France, témoin et garant de la tenue des accords ;

le chronogramme du processus fixant les dates butoirs de versement de ces cotisations et droits d’adhésion au 15 avril 2008 et de la mise en place du bureau au 4 mai 2008 lors d’un scrutin proportionnel dont les votants sont les associations membres du HCMF à jour de leurs cotisations.

Ces 3 points essentiels ont été actés le 19 mars 2008 à l’hôtel du ministre Macalou à Paris par toutes les parties prenantes. A noter que la réunion avait été convoquée la veille pour le lendemain dans une tranche horaire plutôt contraignante pour des travailleurs dans un pays où il n’y a pas de temps social, donc limitant sérieusement la marge de manœuvre de certains acteurs majeurs de cette affaire.

Les représentants du Collectif des 190 associations, ceux du bureau sortant et de l’Amical des Maliens de France ont répondu à la convocation du ministre. Ils ont été désignés membres d’office de la Commission de suivi des accords du 19 mars.

Cette rencontre a été certes constructive mais, elle est restée notoirement incomplète. Car tout ce qui n’avait pas été dit explicitement pourrait, plus tard, servir d’espace de fuites en avant pour des experts en entourloupes que sont Diadié Soumaré et son bureau.

En effet, au sein de la Commission de suivi des accords présidée par le consul général du Mali en France S. E. Wafi Ougadeï Cissé, on a assisté à de multiples sautes d’humeur (pour ne pas dire des caprices) et autres stratagèmes de Diadié Soumaré pour empêcher le Collectif des 190 à participer aux élections prévues le 4 mai 2008.

Cette volonté a été clairement manifeste le 15 mars, date limite de la clôture des listes électorales. Ce jour-là, celui qui se considère comme le « père du bébé » HCMF s’est présenté à la réunion avec 4 h de retard, en évoquant des raisons farfelues et visiblement inexactes.

La déconfiture de son visage se dessina lorsqu’il découvrit que le Collectif des 190 s’apprête à inscrire environ 230 associations ayant manifesté leur fidélité au candidat Gaharo Doucouré opposé à Makan Sidibé, candidat soutenu par Diadié Soumaré qui en totalise beaucoup moins de voix sur le papier.

Exclusion

Diadié Soumaré, président sortant, qui a la responsabilité de l’organisation du vote et ne cache pas son soutien à l’un des candidats, devenant de par ce fait à la fois juge et parti, a décidé de ne pas enregistrer un certain nombre d’associations soutenant l’autre camp.

D’embûches en obstacles inventés, le bureau sortant n’a raté aucune occasion pour tenter d’exclure ces associations ayant payé tous les droits selon le chronogramme d’accords-partie, et mises sous scellés depuis le 15 mars au soir.

Le ministre Macalou qui a dû faire une escale à Paris le 28 avril dernier pour ramener les parties à de meilleurs sentiments, a permis d’obtenir des engagements fermes de M.

Soumaré à régler le problème de quelque 80 associations concernées par les multiples tentatives de marginalisation fomentées par son bureau sortant. Aucune de ses promesses ne sera tenue comme convenu. De reculades en mises en cause des engagements, Diadié Soumaré n’a eu de cesse de se jouer du ministre et du consul général.

Le 3 mai 2008, à la veille des élections, Diadié et son bureau finiront par rompre unilatéralement les négociations entamées depuis le 19 mars 2008, non sans réitérer son refus d’inscrire 37 associations qui, pourtant, avaient fait le déplacement au siège du HCMF pour se faire enregistrer sur les listes.

M. Soumaré réduit ainsi à néant les efforts de plusieurs nuits de discussions, ainsi que les précieux accords obtenus difficilement. Cerise sur le gâteau : il informera par la même occasion le consul général de son intention de mettre en place un bureau avec ou sans le collectif des 190, le 4 mai comme prévu. Ce qui n’a pas manqué de
faire dire au consul que son autorité ne saurait cautionner une telle mascarade, qui vise à diviser les Maliens de France.

Le bureau mis en place le 4 mai par Diadié est une offense à l’autorité de l’Etat et ne peut être considéré comme une section du Haut conseil des Maliens de l’extérieur. A l’instar de la Côte d’Ivoire ou d’autres organisations prises en otage, quelle sera l’attitude des pouvoirs publics, qui ne devraient pas laisser une telle défiance sans suite.

En tout cas les Maliens de France attendent des dispositions vigoureuses, fermes et rapides dans la gestion de ce dossier. La confiance entre les citoyens et leur Etat s’établit aussi dans de telles situations !


Dramane Ouattara

06 Mai 2008