L’histoire a commencé il y a exactement deux mois au Quartier-Mali de Bamako. H.B. a quitté le pays depuis près d’une vingtaine d’années. Avant son départ à la recherche d’une vie meilleure en France, il avait lié une amitié que tous qualifiaient de solide avec S.T. Les deux hommes s’entendaient très bien et ne se quittaient que pour aller se coucher. A l’époque, tous deux étaient des célibataires et chacun cherchait à se frayer un chemin dans la vie. H.B. a préféré tenter l’aventure du côté de l’Europe. Il atterrit un matin à Paris et parvint à décrocher un job de plongeur dans un restaurant de la capitale française. Il y travailla pendant plus de 20 ans avant d’être rattrapé par la nostalgie du pays natal.
Cette année, il prit l’avion pour revenir au bercail.
Pendant son absence, S.T. avait pris une femme qui lui a donné des enfants dont l’aînée A.T. est aujourd’hui âgée de 14 ans. La jeune fille fréquente une école de la place. Malicieuse, elle aime, malgré son jeune âge, profiter de la vie comme on le dit. Étant consciente de sa beauté et de l’attrait qu’elle exerce sur tous les hommes qui la rencontre, elle inventait très souvent des subterfuges pour convaincre son père de la laisser sortir et rencontrer des jeunes gens qui lui rappelaient sans cesse sa beauté et appréciaient ses atouts de femme.
En septembre dernier, au cours d’une nuit, elle obtint de son père la permission de la laisser prendre part à une soirée de « Balani » organisée par les enfants du quartier. S.T. savait qu’on était en période de vacances et ne vit pas d’inconvénients. Il laissa sa fille profiter d’une activité récréative organisée non loin de la maison.
Mais ce qu’il ne savait pas, c’est que sa fille lui avait menti. La soirée se tenait dans un autre quartier. Dès le crépuscule, A.T s’habilla comme une belle de nuit et alla au bord de la route la plus proche pour héler un taxi qui la conduisit à Kalabancoura. Elle passa une grande partie de la nuit à danser et s’amuser avec ses camarades avant de se décider à rentrer à la maison tardivement.
La rue où avait lieu la soirée de « Balani » n’était pas loin de la maison du «Franceman». Pendant que les enfants s’adonnaient à cœur joie à leur musique et à leur nourriture, H.B. qui habite une villa cossue qu’il avait fait construire durant son séjour européen, sortit et vint regarder les jeunes et surtout les déhanchements des filles au rythme des tubes du moment. Le « Franceman » eut vite son attention attirée par une jeune fille au teint noir foncé, à la longue chevelure, aux seins à la forme d’une mangue. Sa corpulence ressemblait à celle d’une gazelle du Tilemsi.
Il retourna chez lui lorsqu’il sentit que la fatigue prenait tout le monde et que les enfants allaient bientôt mettre fin à la soirée. Il prit une voiture grosse cylindrée qu’il vint garer au bout de la rue. Il connaissait bien A.T. et savait qu’elle allait chercher un taxi dans le cas où elle ne se ferait pas déposer à moto par un des jeunes loups qui rodaient autour d’elle.
A la fin de la soirée, les jeunes partirent deux à deux ou en groupe. Seule A.T était restée et s’apprêtait à aller au bord de la route principale pour prendre un taxi. H.B. démarra sa voiture et s’approcha de la jeune fille qui avait déjà marché plus d’une cinquantaine de mètres en direction de la voie principale. Il s’arrêta et fit dans un premier temps semblant de ne pas la connaître avant de lui demander si elle n’était pas la fille de S.T.
A.T. répondit tout naturellement par l’affirmative et l’homme se pencha vers la portière droite de la voiture qu’il ouvrit avant d’inviter celle qui l’appelait Tonton de monter pour être déposée à destination. L’adolescente s’engouffra dans la 4X4 et H.B. prit la direction du centre ville jusqu’au niveau d’une école privée bien connue de Badalabougou. Il s’arrêta et dit à la fille qu’elle serait gênée par ce qu’il allait lui dire mais si cela ne lui convenait pas de considérer qu’elle ne l’avait jamais entendu.
Cadeaux à gogo: La fille écouta sans répondre et l’homme enchaîna en glissant sa main entre les cuisses de sa « nièce ». «Il m’a dit qu’il m’aimait. Qu’il voulait faire de moi sa femme. Et qu’il ne faut pas voir qu’il était l’ami de mon père mais de le considérer comme quelqu’un d’autre qui est follement amoureux d’elle. Il ajouta que sa maison sera à mon nom et la voiture dans laquelle on était serait à moi. Il allait tout transférer à mon nom dès que je lui ferais un enfant. D’ailleurs, cela ne fera que renforcer les liens entre lui et mon père. J’ai réfléchi un instant avant de lui répondre que moi aussi je l’aimais», a raconté A.T. avant-hier devant Aïché Touré, une jeune commissaire stagiaire au commissariat du 11e arrondissement de Bamako.
Lorsque la fille lui fit une réponse affirmative, il l’amena dans la cour d’une école que nul n’aurait imaginée sans gardien et la fit entrer dans une classe. Puis il ressortit pour aller à la voiture et revint avec un tapis de prière qu’il étala sur le plancher. Il invita la fille à se mettre à poil et prit possession d’elle. «Quand il me mit sur le dos et s’est couché sur moi, j’ai eu très mal mais il m’a dit de ne pas crier. Lorsqu’il a fini de faire de moi une femme, il m’a aidée à me relever et a nettoyé lui-même le sang qui perlait sur mes cuisses. Je lui ai dit que j’avais mal mais il m’a rassurée que cela passerait très vite. Puis il m’a conduite chez un vendeur de café chez qui il m’a achetée des œufs, du lait et du pain avant de me raccompagner ensuite à la maison», a précisé A.T. pendant son audition.
Depuis ce jour, l’homme ne pouvait plus passer une nuit sans sa nièce. Il venait tout près de la famille de son ami et se garait dans un coin de rue où la fille le rejoignait. Ensemble ils se rendaient dans des hôtels et passaient une partie de la nuit ensemble. Lorsque ce n’était pas un hôtel, c’était chez un ami qu’il conduisait l’adolescente. A la fin de la soirée, il lui faisait pleins de cadeaux en nature ou en espèces.
Les parents de la jeune fille principalement son père remarquèrent son changement de comportement. Mais aucun d’eux n’osa lui poser la question. «J’ai constaté qu’elle avait beaucoup d’argent et rentrait souvent avec des paquets de viande grillée, des gâteaux et d’autres friandises. Mais je ne me suis jamais posé la question d’où tout cela provenait», a reconnu son père, un homme d’une cinquantaine d’années à l’allure d’un ancien sportif.
Le pot aux roses fut découvert le dimanche dernier. Cette nuit, après de bons moments en amoureux chez un ami à Gouana, le couple qui se déplaçait sur une moto « Jakarta », prit le chemin du retour aux environs de 0 heure. En cours de route, l’homme eut envie d’une dernière étreinte et gara sa moto dans un champ. Il fit étaler le pagne de la fille et ils se couchèrent.
Pendant qu’ils étaient en pleins ébats, une lumière se projeta sur eux. Deux jeunes gens qui venaient de la ville, les ayant aperçu, avaient garé leur engin tout près d’eux. Lorsque l’homme vit les inconnus, il se leva précipitamment, oublia d’enfiler son pantalon et disparut entre les tiges de mil. Les jeunes se saisirent de la fille et prirent l’engin pour les déposer au commissariat de police. Et l’histoire d’amour éclata au grand jour.
L’amoureux fut arrêté le lundi dernier et était entendu par les policiers au passage de notre équipe. Dans un premier temps, il a tenté de tout nier. Mais la confrontation avec S.T. le désarçonna et l’obligea à reconnaître les faits. Aux dernières nouvelles, la fille est en état de grossesse de deux mois. L’homme va-t-il respecter ses promesses ? Wait and see.
Essor du
12 Novembre 2008