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Des dizaines de partis parmi les plus représentatifs de Guinée ont décidé mercredi de défier l’interdiction de manifester imposée par la junte, un nouveau pas dans le durcissement de leurs relations avec les militaires au pouvoir depuis 2021.

Ces formations réunies au sein du G58 se sont associées au Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), l’ancien parti au pouvoir que beaucoup avaient farouchement combattu, pour publier un communiqué annonçant leur intention de braver l’interdiction de manifester et dénonçant « l’autoritarisme » du chef de la junte, le colonel Mamady Doumbouya.

Dans une Guinée coutumière des violences politiques, le G58 et le RPG de l’ex-président Alpha Condé, renversé en septembre 2021 dans un putsch conduit par le colonel Doumbouya, préviennent que le pouvoir militaire « sera le seul responsable de la dégradation du climat et de la paix sociale que pourrait connaître notre pays dans les jours à venir ».

La contestation des partis politiques va grandissant contre la junte, qui avait été accueillie favorablement en septembre 2021 par une population exaspérée par la répression, la pauvreté ou la corruption. Mais la grogne s’est amplifiée avec la décision des autorités, entérinée la semaine passée, de fixer à trois ans la durée de la période de transition censée précéder un retour des civils à la tête de ce pays pauvre, dirigé pendant des décennies par des régimes autoritaires ou dictatoriaux.

La junte a annoncé vendredi interdire les manifestations de rue.

Le G58 et le RPG « désapprouvent avec la plus grande fermeté » cette décision, disent-ils dans un communiqué. Ils « affirment leur détermination à défendre l’État de droit, et en l’occurrence le droit de manifester » et annoncent qu’ils vont mettre en place une commission « pour l’organisation matérielle des futures manifestations pacifiques ».

Plus globalement, ils « dénoncent et rejettent l’autoritarisme » du colonel Doumbouya et accusent la junte d’avoir fixé « unilatéralement » la durée de la transition et de chercher à « confisquer » le pouvoir.

Ils fustigent la mise en cause et l’arrestation d’un certain nombre de leurs dirigeants au nom du combat proclamé contre la corruption, ainsi que leur éviction de leur domicile au nom d’une politique de récupération de biens publics.

Amnesty International a réprouvé dans un communiqué l’interdiction de manifester. « Par cette décision, les autorités de la transition perpétuent la violation du droit de réunion pacifique fréquemment commise sous la présidence d’Alpha Condé qu’elles ont renversé le 5 septembre 2021.

Elles en font même une règle destinée à être appliquée possiblement pendant plusieurs années et pour des motifs vagues, en violation du droit international », a-t-elle dénoncé.

Source: AFP