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Si la reconduction de Dioncounda Traoré à la tête du Comité exécutif de l’ADEMA est manifestement acceptée par tous les barons du parti, le maintien de Soumeylou Boubèye Maïga à son poste de premier vice-président ne semble pas être partagé par les mêmes caciques du parti de l’abeille. Et pour cause : on prête au 2è vice-président, Ibrahima N’Diaye et au Secrétaire général adjoint, Tiémoko Sangaré, tous deux ministres du gouvernement Modibo Sidibé, des ambitions politiques pour bousculer le tout nouveau PCA de l’APEJ et non moins ancien ministre des Forces armées et des Anciens combattants.

Chacun se positionne discrètement. Tous ont leurs chances. Alors, qui de ces trois prétendants occupera, à la faveur du 4è Congrès ordinaire de l’ADEMA, annoncé pour les 24, 25 et 26 octobre prochain, le prestigieux fauteuil du premier vice-président des abeilles ?

Les réunions interminables du Comité Exécutif de l’ADEMA pour les derniers réglages de son 4ème Congrès ordinaire ont démarré, le vendredi 17 octobre, à Bamako-Coura. Elles se poursuivront durant cette semaine jusqu’au jour «J», c’est-à-dire, vendredi prochain 24 octobre.

Dans les différentes sections, d’autres réunions se tiennent pour la désignation des délégués au Congrès. D’autres régions se réunissent également en coordination (ce n’est pas le cas de toutes les régions) pour désigner ceux qui sont censés les représenter au sein de l’instance dirigeante du parti.

La coordination de Mopti, dirigée par Abdoul Karim Konaté de Koro, s’est concertée le week-end dernier. Nous n’avions pas eu les résolutions de cette rencontre au moment où nous mettions sous presse.
La coordination de Bamako, sous la conduite de Sékou Diakité, ministre du Développement social et de la Solidarité, se retrouvera, ce jeudi, pour opérer ses choix stratégiques.

Dans l’ensemble, c’est le calme et la sérénité qui prévalent. Tous disent vouloir tirer les leçons du passé.

La conquête de la première vice-présidence ne semble pas perturber la situation. Mais ce qui est sûr et certain, c’est qu’au dernier moment, la course aux délégués où à ceux qui sont censés figurer au sein de la Commission d’investiture, pourraient faire monter la tension d’un cran au sein de la ruche.

Le premier vice-président sortant, Soumeylou Boubèye Maïga, entend bien se maintenir à sa place. En effet, l’ex-bras séculier du président Konaré ne démérite pas ce poste. En raison des nombreux efforts louables qu’il a déployés depuis le Congrès extraordinaire de 2000, au cours duquel il a fait son entrée au Comité exécutif, pour renforcer l’ADEMA.

Auparavant, il avait toujours soutenu, de toutes ses forces, le parti depuis sa création en mai 1992. Seulement voilà : on lui reproche de s’être éloigné des Rouges et Blancs durant la campagne présidentielle 2007, au cours de laquelle il s’est opposé au choix opéré par le parti. La suite est connu de tous : il est, aujourd’hui, revenu dans sa famille politique d’origine et ses partisans estiment que nul ne peut lui jeter la première pierre. C’est pourquoi, ils sont disposés et engagés à soutenir la candidature de Boubèye Maïga à la première vice-présidence.

Ibrahima N’Diaye, 2ème vice-président sortant, nourrissait depuis très longtemps l’ambition de bousculer son «ennemi intime». Aujourd’hui, avec sa position au sein du gouvernement, ses nombreuses initiatives salutaires à la tête de son département, sa proximité d’avec ATT, il pense que son heure est arrivée pour succéder à l’ancien patron de la Sécurité d’Etat.

Ses supporteurs estiment qu’en sa qualité de vice-Premier ministre, le parti doit le renforcer, le propulser davantage.

Cependant, il lui est également reproché d’avoir fauté en 2002, en soutenant le candidat indépendant ATT contre le candidat investi de l’ADEMA-PASJ, Soumaïla Cissé.

Quand à Tiémoko Sangaré, son parcours de militant discipliné, d’un homme rompu à la tâche, de son engagement pour «l’Initiative Riz» et de ses qualités de fin débatteur ainsi que de sa très grande complicité avec le président Dioncounda Traoré, militent en sa faveur. Sans compter son parcours politique éloquent depuis le PMRD, en passant par l’ADEMA, le MIRIA et l’ADEMA encore.

Lui également, on lui reproche d’avoir démissionné du parti en 1994 avec le Professeur Mohamed Lamine Traoré pour mettre sur les fonts baptismaux le MIRIA.

Certains susurrent même au sein de la ruche que son cabinet n’est truffé que d’anciens MIRIA. Ce qui est évident, c’est qu’il est membre fondateur de l’ADEMA-PASJ dont il a été le premier président du groupe parlementaire, fort de 127 députés en 1992. Ce qui est indiscutable également, c’est qu’il demeure membre de la direction du parti et dirige la section de son Bougouni natal.

Maintenant, qui de ces trois personnalités occupera le poste prestigieux de premier vice-président de l’ADEMA-PASJ ?

Nul ne peut, à l’heure actuelle, se hasarder à faire un pronostic sérieux.
Les trois sont tous capables de s’asseoir dans ce fauteuil. Mais, il est souhaitable qu’ils expliquent aux congressistes les raisons ou les ambitions qui les poussent à convoiter ce poste.

Par ailleurs, il faut noter que les statuts et règlement intérieur du parti ont été revus et corrigés par une commission restreinte dirigée par le Secrétaire administratif adjoint du Comité exécutif, Assarid Ag Imbarcawane, 2ème vice-président de l’Assemblée nationale.

Une autre commission, sous la direction du Secrétaire politique, Seydou Traoré ou «Seydou criquet» a également planché sur le projet de société de l’ADEMA-PASJ.

Ces deux documents ont été acheminés à tous les Secrétaires généraux des sous-sections afin que leurs structures en fassent un examen et émettent des avis. Ces avis sont déjà parvenus au Secrétariat général de l’ADEMA.

Ces documents seront soumis au Congrès de ce week-end qui a la possibilité de les amender, encore une fois, et de les adopter.
Dans le règlement intérieur, on retient que l’article 48 a été modifié pour amener le Comité exécutif à 65 membres contre 55 précédemment. Ainsi, après le président, il y a 10 vice-présidents. Une manière de prévoir des postes de vice-présidents aux nouveaux venus, notamment le RND, le PUDP et, pourquoi pas, Me Drissa Traoré qui a récemment adhéré à l’ADEMA.

D’autres personnalités comme Marimanthia Diarra pourraient se retrouver également comme vice-présidents.

Dans le projet de société, assez maigre du reste, compilé sur quatre pages, il n’y a aucune visibilité, aucune précision. On ne retrouve que la littérature abondante relative à la «liberté, au consensus originel des militants de l’ADEMA-PASJ, à l’idéal de justice, à l’Etat de droit, à la mobilisation de nos potentialités nationales dans le cadre d’unions régionales et d’une entité africaine…».

Chahana TAKIOU

20 Octobre 2008