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« Contrairement à Multicanal qui paie ses contrats en bonne et due forme, certains opérateurs privés commercialisent certaines chaînes de télé non rémunérées. Il faut qu’ils soient en règle.
Il faut que les règles du jeu soient claires pour tout le monde. Nous sommes prêts à tout faire pour que cette situation, qui n’a que trop duré, ait un épilogue. Nous versons 5 milliards de Fcfa de frais de satellite par an. Mais, au Mali, notre chiffre d’affaires a chuté par rapport aux autres pays où nous sommes car des opérateurs se sont livrés au piratage et ont donné des chaînes cryptées gratis. C’est de la concurrence déloyale. Vous savez aussi bien que moi, que quand la concurrence des prix fait rage, on choisit le moins cher
« . C’est en ces termes que Jean-Christophe Ramos, représentant de Canal Satellite Horizon ouvrait les débats le mardi dernier dans la salle de réunion du CSC chauffée à blanc.

On ne pouvait pas attendre une réaction moins forte des autres parties.

Serge, représentant de Malivision : « A entendre les propos de Ramos, on se croit en plein surréalisme. Nous payons 100 millions de TVA au gouvernement malien, 15 millions de charges salariales, 70 millions à l’ORTM. Alors que nous avons moins de chaînes que Multicanal qui exerce ici il y a plus de dix ans. Si l’on fait le calcul exact, Canal Satellite Horizon doit environ un milliard de Fcfa d’arriérés à l’ORTM ».

Un autre intervenant de Malivision d’enfoncer le clou : « Multicanal nous traite aujourd’hui de concurrent. Autrefois, nous lui demandions de nous passer quelques chaînes. C’était non ! Nous avons travaillé et, de déception en déception, nous sommes passés au numérique. Si l’on parle de concurrence déloyale, on sait qui fait quoi dans ce secteur ».

Le président du Conseil Supérieur de la Communication, Moussa Kéïta, de calmer les ardeurs : « Si quelqu’un est fautif dans ce problème, ce sont les pouvoirs publics. Nous n’avons pas fait notre travail en ce sens que, pendant dix ans, Canal Satellite Horizon a exercé en toute quiétude sans qu’on ne lui clarifie les règles du jeu.
C’est ce qui nous a conduit dans la situation que nous connaissons aujourd’hui. Je voudrais donc que nous nous limitions à des propositions, car toute l’Afrique entière a les yeux rivés sur le Mali. Mes pairs, qui connaissent le même phénomène, espèrent beaucoup sur la solution miracle du Mali. Je prends l’engagement que les règles seront claires, nettes et précises pour tout le monde. Je ne veux pas rentrer dans les discussions de chiffres, car je ne m’y connais pas
« .

Au fait, comment en sommes-nous arrivés là? Tout est parti du fait que Canal satellite, en tant que fournisseur d’images, a porté plainte contre les opérateurs maliens pour piratage des chaînes qui ne leur sont pas vendues et leur non cryptage.

Le deuxième point concerne l’autre opérateur satellite sud africain, Multi Choice qui a contourné l’exclusivité qu’il avait donnée à Télé Klédu, actuel Malivision, pour passer un contrat actif avec Canal Satellite Horizon. Malivision l’a, naturellement, traduit en justice.

Notons que la Réception Directe par Satellite (RDS) est faite au Mali par Multi Tv à travers son bouquet Canal Satellite Horizon et la Rediffusion satellitaire par les opérateurs maliens.

Pour la première forme de diffusion, c’est-à-dire la RDS, les textes du Mali sont muets en ce qui concerne la captation des émissions hors du territoire et leur mise à la disposition du public.

Cependant, la communication audiovisuelle est réglementée par le décret n°92-037 du 14 mai 1992 portant autorisation de création des services privés audiovisuels. En outre, le décret n°92-156 détermine les conditions et procédures d’obtention, de suspension ou de retrait de l’autorisation de création de services privés de communication audiovisuelle.

C’est sur ce dernier point que le sort de Canal Satellite Horizon a été discuté. Au sortir des débats assez houleux, le président du CSC, Moussa Kéïta, a déclaré que « les différentes parties ont pu concilier le souhaitable au réalisable ».

Canal Satellite Horizon peut donc continuer à exercer, en attendant la relecture des textes sur l’audiovisuel qui a, d’ailleurs, commencé.

Paul MBEN

15 décembre 2005.