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Les usagers des GSM sont dans les bonnes grâces des sociétés de téléphonie mobile au Mali qui se crêpent le chignon dans une concurrence tous azimuts avec des bonus vertigineux. Mais le consommateur est grugé par de fréquents désagréments sur les réseaux.

La guerre commerciale que se livrent la Sotelma/Malitel (tombée depuis quelques mois dans le giron de Maroc Télécom) et Orange-Mali, va inéluctablement en faveur des consommateurs. Ces derniers sont on ne peut plus gâtés par les stratégies de consommation adoptées par les deux sociétés.

Alors que ses clients étaient habitués à des promotions de 20 à 50 % sur les cartes de recharge à l’occasion des fêtes et autres événements nationaux, Orange-Mali, depuis environ un an, a expérimenté les bonus juteux sur ses différentes cartes de recharge. Ces bonus, opérationnels uniquement sur son propre réseau, augmentent de 100 % la valeur du crédit du client.

La première grande opération de charme est venue le week-end (du 10 au 12 avril) de Sotelma/Malitel. Celle-ci, après sa promotion de 100 % de bonus sur l’ensemble de ses cartes de recharge à l’occasion du 26 mars 2010 a fait saliver ses clients avec 120 % de bonus accordés sur ses recharges. Des consommateurs tombés sur un tel jackpot n’ont pas laissé passer l’aubaine.

Les plus nantis ont fait le plein de crédits. D’autres, ne voulant pas laisser passer leurs chances alors qu’ils n’en ont pas les moyens, se sont rabattus sur leurs frères, amis et autres connaissances pour faire provision de crédits.

Mais dans cette opération de séduction et surtout de guerre livrée à la clientèle par Sotelma/Malitel et Orange-Mali, les consommateurs sont grugés. Le bonheur d’avoir le plein de crédits côtoie les désagréments interminables constatés sur les deux réseaux pendant les campagnes de promotion.

Dans la journée du lundi 12 avril, les deux réseaux étaient constamment saturés, rendant impossibles les communications.
Comme si les usagers étaient le dernier de leurs soucis, aucun message d’excuses ou d’explications ne leur a été envoyé.

Chacun se résignait dans son malheur, faisant contre mauvaise fortune bon cœur. En l’absence d’explications techniques fiables et convaincantes, les supputations vont bon train sur des relents de sabotages que les deux sociétés se font en douce.

Le CRT amorphe

Le Comité de régulation des télécommunications (CRT), l’arbitre du jeu de l’espace téléphonique au Mali, ne pipe mot. Aucune sanction ni rappel à l’ordre venant de sa part n’a été rendu public alors que la situation perdure depuis des années.

Pourtant, le CRT est prompt à amplifier ses prouesses. Il a annoncé à grand renfort de publicité sa médiation qui a permis d’éviter le clash entre Sotelma/Malitel et Orange-Mali, opposés sur le règlement d’une facture de l’interconnexion au grand soulagement des usagers.

Pour des désagréments causés à ses clients, la Sonatel du Sénégal a été sanctionnée en août 2007 par l’Agence de régulation des télécommunications et de la poste (ARTP), l’homologue du CRT, à payer une amende de 3 milliards de F CFA. Cette sanction constituait la réponse aux manquements notés par l’ARTP dans la fourniture des services de téléphonie par la Sonatel. La mesure, attaquée devant le Conseil d’État, a été maintenue.

A son arrivée à la tête du Bénin, l’une des premières mesures de sanctions prises par le président Thomas Yayi Boni a été faite à l’encontre des 3 sociétés de GSM. Celles-ci travaillaient dans une cacophonie indescriptible au détriment de leurs clients qui ne pouvaient se joindre à 3 km à la ronde.

Leurs licences ont été purement et simplement suspendues afin de rétablir une concurrence saine.
Au Mali, le CRT devra jouer sa partition pour remettre le client dans tous ses droits. L’année dernière, un groupe de clients désabusés par ces nombreux désagréments avait pris en main leurs responsabilités pour ester en justice. La plainte a été bloquée en haut lieu. A la justice, les requérants se sont entendus signifier qu’ils n’ont pas qualité à la saisir.

Abdrahamane Dicko

15 Avril 2010.