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Devant les chefs d’Etat de la Cédéao, samedi à Ouaga, Malick Alhousseini, le président du Coren, a exposé la vision de l’association sur la crise, les craintes de sa persistance et les propositions au double plan de la gouvernance et des investissements socioéconomiques. La formation d’un gouvernement d’union nationale est, selon le Coren, la seule façon de redonner aux autorités civiles les moyens de décider sans peur, de rétablir la sécurité, de restructurer l’appareil militaire et de relancer l’activité économique.

La 2e réunion du Groupe de contact (six chefs d’Etat) de la Cédéao sur la crise malienne a été riche par la qualité des participants et les communications faites. Réunis à huis clos avec les chefs d’Etat dans la salle de conférences Ouaga-2000, le 7 juillet, le Collectif des ressortissants du Nord (Coren) a fait une communication qui a ému la salle. De quoi s’agit-il ?

A l’entame de sa communication devant les présidents Alassane D. Ouattara (Côte d’Ivoire), Blaise Compaoré (Burkina), Yayi Boni (Bénin), Mahamadou Issoufi (Niger), Goodluck Jonathan (Nigeria), Faure Eyadema (Togo), M. Alhousseini a rappelé les efforts déployés dans les régions du Nord par les différents régimes en faveur de l’ethnie minoritaire de la communauté touarègue. Les Touaregs représentent 11,61 % des régions de Tombouctou, Gao et Kidal et seulement 0,92 % de la population du Mali.

Malgré leur très faible représentativité, a souligné le président du Coren, « du fait de la bonne entente entre communautés, les populations sédentaires ont toujours accepté que les Touarègues occupent un leadership de premier plan dans la gestion des structures des collectivités territoriales au niveau des régions, des cercles et des communes dans le cadre de la décentralisation« .

Il a mentionné les postes clefs occupés par les frères touaregs dans la haute administration. Sous le regard figé des présidents, Malick Alhousseini a battu en brèche les propos du désengagement de l’Etat des régions du Nord et le supposé ostracisme qui frappe les communautés touarègues du Mali.

La situation des réfugiés et des déplacés, celle des populations restées dans les zones occupées, les cas de choléra, les craintes à l’endroit du monde agro-pastoral ont été longuement abordés au cours de la communication.

Des convictions

Malgré toutes les souffrances subies par les populations, le Coren, à en croire son président, n’écarte pas l’hypothèse de la négociation pour trouver une issue heureuse à la crise. Mais, « encore faudrait-il savoir avec qui négocier. Négocier quoi ? Quand négocier ? Pour nous, l’intégrité du territoire n’est pas négociable. Pour nous, la forme républicaine de l’Etat n’est pas négociable. Pour nous, la laïcité de la République du Mali n’est pas négociable« .

Cette recherche de solution passe par l’implication du gouvernement. Mais, ajoutera l’orateur, le gouvernement malien, « qui malgré la disponibilité de la Cédéao à appuyer les autorités de la transition ne semblent pas mesurer l’ampleur et l’urgence de la mission« . A ses dires, le gouvernement malien n’a posé aucun acte concret allant dans le sens de la résolution de la crise.

« Face à l’immobilisme du gouvernement de transition et au sentiment d’être abandonné, le Coren demande une intervention militaire pour libérer les régions occupées. Il demande avec insistance au gouvernement de CMD de faire parvenir sa lettre de requête à la Cédéao et à l’ONU sans délai ‘pour nous venir en aide’« , a insisté le patron du Coren.

Le gouvernement de transition mis en place grâce à la médiation de la Cédéao souffre d’un manque de légitimité et d’un déficit de crédibilité relevés tant par les Maliens que par les amis du Mali qui travaillent inlassablement à une sortie de crise. Pour cette raison, « nous pensons, que le Mali a besoin aujourd’hui d’un gouvernement d’union nationale regroupant toutes les sensibilités. C’est la seule façon de redonner aux autorités civiles les moyens de décider sans peur, de rétablir la sécurité, de restructurer l’appareil militaire et de relancer l’activité économique« .

Mais avant la formation du gouvernement, a souligné le président du Coren, « il faudrait élaborer une feuille de route claire assortie d’un chronogramme de réalisation et des moyens à mobiliser« . Les objectifs, a-t-il conclu, sont connus : recouvrer l’intégrité territoriale et organiser des élections transparentes et crédibles.

Amadou Sidibé

Les Echos du 10 Juillet 2012