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Les caciques du mouvement démocratique semblent décidés à se faire entendre ces dernières semaines. Cela est-il fortuit ? Pas si sûr.

Le principe de l’action-réaction est bien connu sur le terrain politique. Ainsi, bien souvent, les différents acteurs politiques se positionnent, peaufinent des stratégies, concoctent des recettes en fonction des actes que leurs partenaires et/ou leurs adversaires posent. Surtout dans la perspective des ambitions électorales des uns et des autres.

Au Mali, on assiste depuis un certain temps à une forme de regain d’activisme politique au niveau de certains états-majors. Comme récemment ce fut le cas avec le Comité Exécutif National du Mouvement Citoyen (MC).

A cette occasion, il a été procédé à une fusion de plusieurs associations de soutien au président Touré au sein du MC. A quelle fin est destiné ce réveil du mouvement que dirige le ministre Ahmed Diane Semega ?

Les supputations vont bon train : les ambitions présidentielles du chef de file des “citoyens” ou la remobilisation de ceux-ci en faveur d’un éventuel ATT III ?…

En tout cas, par ricochet, le samedi 14 février dernier, une rencontre qui se voulait de relance des activités de l’ADEMA/association, s’est déroulée à la Pyramide du Souvenir.

Cette rencontre était présidée par Soumeylou Boubèye Maïga qui avait à ses côtés le Pr. Ali Nouhoum Diallo et d’autres notabilités.

Elle survient après celle du 10 janvier dernier où des cadres du mouvement démocratique malien des années 90, ont appelé à un réveil des différents acteurs.

Lors de la réunion du samedi dernier, le Pr. Ali Nouhoum Diallo, président provisoire de la coordination des associations démocratiques disait : «nous avons ressenti ce que nous disons assez souvent : unis, nous sommes très forts et nous avons pu réaliser de grandes choses ; divisés, nous sommes fragiles et instrumentalisés».

En clair, la dynamique de refondation des différentes entités politico associatives de notre pays, est définitivement enclenchée. De part et d’autre, devrait-on dire.

En fait, plusieurs observateurs ne sont pas indifférents face à ces courants de convergence qui traversent le microcosme politique malien.

Pour certains, dans la perspective d’un large ratissage au sein de l’électorat, et pour faire contrepoids au MC, les ténors de l’Adema ressentent l’urgente nécessité d’être sur leur garde, ou mieux, de passer dès à présent à l’offensive.

C’est en ce sens que Soumeylou Boubèye Maïga disait lors de la réunion de la Pyramide du Souvenir qu’“il n’y a aucune raison de laisser écrire l’histoire du mouvement démocratique par des femmes et des hommes qui n’y ont pas participé”.

Pour d’autres analystes de la scène politique nationale, dans leur stratégie de prendre de l’avance sur les autres acteurs politiques en vue d’un retour aux affaires en 2012, les Adémistes optent pour une remobilisation surtout de la jeunesse, par rapport aux idéaux qui ont sous-tendu les événements du 26 mars 1991.

En clair, il s’agit aussi de susciter une dynamique unitaire au sein de ceux qu’on a appelés “les pionniers”.

Ainsi, lorsque les amis de Séméga viendraient à laisser tomber le masque, l’Adema/ association saurait alors se faire entendre.

Or, au sein de cette association se retrouve aujourd’hui, de façon hétéroclite, un bon panel de dirigeants de partis politiques partenaires ou adversaires. La mayonnaise pourra-t-elle prendre ? Rien ne semble l’indiquer.

Il faut toutefois voir en cette trépidation du paysage politique, la manifestation d’une forme d’instinct de survie des uns et des autres. Puisque, après tout, ne dit-on pas que la nature a horreur du vide ?

Les formations politiques, ayant plus ou moins failli aux yeux de l’électorat, il semble alors que la voie idéale pour garder ses chances de survie, est un retour aux sources… associatives. Mais, l’Adema/Association est-elle une source inépuisable face aux futures échéances?

Seul l’avenir nous le dira.

Bruno Djito SEGBEDJI

19 Février 2009