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Le Syndicat national de la construction, des mines et de l’énergie (Synacome) a entamé le 1er avril une grève de 48 h. Certaines de ses doléances sont a priori jugées maximalistes.

Le ministre de l’Energie et de l’Eau, Mamadou Igor Diarra, est apparu à la télévision mercredi soir pour expliquer la rupture des négociations avec le Synacome. L’exercice laissait voir un signe d’échec dans la conciliation des positions entre l’État et les syndicalistes qui ont déclenché leur grève la même nuit à zéro heure. Pour une fois, l’État, à travers un ministre, est sorti de son mutisme pour communiquer sur une situation qui a trait au front social.

Dans sa communication, Mamadou Igor Diarra a fait ressortir deux points essentiels dans les revendications qui constituent apparemment la pomme de discorde. Il s’agit des doléances ayant trait à l’octroi de 40 % des recettes minières aux travailleurs des mines et l’octroi d’un siège aux services de la DNH et de la Daf.

Sur le premier point, l’enveloppe est jugée salée en ce sens que les 40 % des recettes minières sont estimés à 52 milliards de F CFA par an. Une charge alors lourde à supporter par le Trésor public. La question relative à l’immeuble de la DNH et de la Daf, consiste, aux dires du ministre, à forcer une porte déjà ouverte. Un terrain a été attribué dans ce sens mais refusé par le Synacome. La dernière proposition, concernant la délocalisation de la DNH et de la Daf au Crès de Badalabougou, aurait été rejetée.

Pour le secrétaire général du Synacome, Fousseyni Touré, que nous avons joint au téléphone, son syndicat n’a rien exagéré dans ses revendications. Selon lui, « c’est l’État qui est en train de créer la confusion en parlant d’une doléance portant sur 40 % des recettes minières ». A ses dires, c’est l’État qui leur avait demandé, au cours des négociations, de faire une proposition pour l’octroi des primes de découverte aux travailleurs des mines.

Son syndicat aurait proposé 40 % des bénéfices du secteur minier et non les recettes. Il pense que cela est d’autant plus normal que d’autres secteurs comme les impôts et la douane bénéficient de ce genre de prime.

Fousseyni Touré affirme en outre que ses camarades de la DNH triment dans des locaux pris en location à Magnambougou par le département et payés à 6 millions de F CFA par mois. L’immeuble, poursuit-il, manque d’eau à l’étage avec une faible intensité de courant.

Leur refus de déménager au Crès de Badalabougou est dû, à l’en croire, à l’insuffisance du nombre de bureaux, l’absence de la fibre optique entraînant des problèmes de communications téléphoniques.
L’idéal, pour le Synacome, aurait été, selon M. Touré, de construire un siège pour y regrouper la DNH et la Daf.

Il ajoute que l’ancien site de la DNH qui fait 1 hectare est convoité par l’hôtel de l’Amitié pour son extension alors que le terrain que l’État leur a attribué à Sotuba fait moins d’un hectare. La divergence de vue se trouve là.

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Délestages et non coupures

La grève du Synacome tant redoutée par les usagers de d’EDM-SA a été finalement moins ressentie. C’est dans la nuit de jeudi que le Synacome a révisé son plan de grève pour des « raisons humanitaires et éviter d’avoir les populations sur le dos », affirme Fousseyni Touré.

Selon cet ingénieur de la géologie et des mines, il a été frappé le mercredi après-midi (à quelques heures du déclenchement de la grève) par l’image de femmes attroupées devant une borne fontaine dans un quartier périphérique.

Celles-ci faisaient apparemment leur provision d’eau en prévision de la grève. Pour l’électricité, son syndicat a préféré faire des délestages au lieu des coupures sauvages. Il s’agit, selon lui, d’éviter une situation d’insécurité liée à l’absence de lumière sur certaines artères et surtout épargner ceux qui exercent des petits métiers (soudeurs, tailleurs, gargotiers, vendeurs de glaces, etc.).

Selon les constats du déroulement de la grève faits par M. Touré, la grève a été effective dans l’ensemble des mines à part Tabakoto et Syama qui viennent de commencer et où des comités syndicaux sont à peine nés.

A Bamako, dans le domaine de la construction, les chantiers du 3e pont et de l’échangeur multiple n’ont pas été concernés cette fois-ci. Mais pour durcir le ton, le Synacome projette une grève sauvage avec coupures totales d’eau et d’électricité et d’arrêt des travaux en cours dans la capitale.

Abdrahamane Dicko

02 Avril 2010.