Décidée par le Conseil national de l’UNTM pour protester contre le refus du gouvernement de satisfaire la totalité des quatorze points de revendications formulées par Siaka Diakité et ses camarades (voir ci-contre le procès-verbal de conciliation), la grève n’a pas produit l’effet escompté.
En effet, l’abandon du travail tendant à faire une démonstration de force a été saboté à la fois par les secteurs des transports, des banques, des assurances, du commerce général et de la justice.
C’est pourquoi, tous les marchés de Bamako, notamment le grand marché où les affaires se font et se défont, était animé comme à l’accoutumée.
Et pour appuyer ce monde de business, toutes les banques de la place ont ouvert leurs portes et même la BDM-SA dont le comité syndical est affilié à l’UNTM, qui a pris en charge l’une de ses doléances relatives « à la mutation illégale des responsables syndicaux du Synabef ».
Les transporteurs urbains – «les Sotramas» et les autobus en tête – ont bien fonctionné et les habitants de la capitale ont vaqué librement à leurs affaires et l’inter-urbain a également poursuivi son programme journalier. Aucune perturbation n’a été notée nulle part dans le District ou entre Bamako et les localités de l’intérieur.
Les voyageurs ne se sont point rendu compte d’une quelconque grève. En un mot, l’activité économique a tourné normalement. C’est dire que la grève n’a eu aucun impact sérieux sur les populations puisque les uns et les autres sont allés là où ils veulent, acheter les produits de leur choix, faire un retrait ou un dépôt dans un établissement bancaire ou financier.
Dans la haute administration, les fonctionnaires dans leur grande majorité ont suivi le mot d’ordre de grève lancé par Siaka Diakité et ses camarades.
Cependant, les membres des cabinets ministériels et les chefs des services ont bien travaillé dans leurs bureaux feutrés avant de cesser leurs activités aux environs de 13 heures, conformément aux instructions du gouvernement demandant aux directeurs des services de libérer le personnel pour aller à l’accueil du président sénégalais, Abdoulaye Wade, qui effectue une visite d’Etat au Mali jusqu’au 23 septembre.
Et pour ne rien arranger, le gouvernement, profitant de la visite d’Etat de Me Abdoulaye Wade, a décrété l’après-midi du lundi 19 septembre chômé et payé dans la capitale. Une manière de faucher l’herbe sous les pieds des responsables de la centrale syndicale.
Comment l’UNTM doit rebondir
Face à l’échec de la grève, l’UNTM doit se remettre en cause si elle veut conquérir les secteurs vitaux de l’économie, notamment le commerce, les banques et les transports.
A contrario, elle doit faire violence sur elle-même pour reconnaître la CSTM en vue de composer avec elle et contraindre le gouvernement Pinochet à donner satisfaction aux travailleurs qui créent la richesse du pays.
Aujourd’hui, la force de frappe de l’UNTM est loin d’être foudroyante et n’est pas de nature à conduire le général président ATT à accepter les doléances légitimes de la Bourse du Travail.
Le salut se trouve dans l’unité d’action qui exige que Siaka Diakité et Amion Guindo, le patron de la CSTM, se retrouvent non pas pour constituer une seule centrale syndicale mais pour faire table rase du passé en défendant ensemble les revendications des travailleurs.
Chahana TAKIOU
20 septembre 2005.