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A peine sortie d’une grève de 48 h, Transrail est de nouveau paralysé par un arrêt de travail de 72 h. Hier encore, aucun train n’a sifflé de Bamako à Dakar. Dans les directions des installations fixes (Dif) qui s’occupent de l’entretien des voies, des bâtiments et des ouvrages d’art, un silence de cimetière régnait de Bamako au Sénégal en passant par Néguela, Sébécoro, Kita, Toukoto, Mahina, Diamou, Kayes, Ambidedi, Diboly. Même le service minimum n’a pas été assuré. Information confirmée par le syndicat et la direction générale. Motif ? La section syndicale dirigée par Abdoulaye Sago demande le départ du directeur général de Transrail, François Lemieux, pour mauvaise gestion et mépris, dit-on, vis-à-vis des travailleurs.

De plus, les grévistes exigent de la direction générale le rejet de la grille salariale, le rejet du protocole d’accord, le respect des clauses de concession, la régularisation de la situation des camarades arbitrairement licenciés. N’ayant qu’une seule arme (grève) pour se faire entendre, le clan Sago se réserve le droit d’observer une grève illimitée si à l’issue des 72 h la direction n’ouvre pas les discussions avec les représentants des travailleurs.

Selon nos sources, le secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) aurait adressé plusieurs correspondances à la direction de Transrail à l’effet d’engager les pourparlers avec la nouvelle section syndicale autour des revendications de celle-ci. La dernière correspondance de l’UNTM date, à en croire nos sources, du 10 juillet dernier.

Toutefois, la direction générale de Transrail estime qu’elle n’a pas de préférence pour qui que ce soit, mais qu’elle est tenue de respecter la volonté des travailleurs qui doit s’exprimer dans les règles prévues par la législation en vigueur dans les deux pays (Sénégal, Mali). Pour elle, cette grève, comme la précédente, n’est qu’une tentative d’imposer un tour de force au moyen de mouvement de grève des perturbations dans les opérations d’acheminement des trains et dans la réparation des locomotives. « Cette grève n’était pas souhaitable. Seul Dieu sait ce que ça va entraîner comme pertes économiques pour la société. Elle va miner sans équivoque le peu de confiance que les clients portent à l’entreprise », a regretté le chargé de communication de Transrail, Bilaly Sanogo.

Cette grève aura des conséquences financières sur l’entreprise qui envisage des mesures non souhaitables pour assurer sa pérennité. « Pour ramasser suffisamment de fonds, chaque jour un train doit quitter Bamako pour Dakar et vice versa. Ce qui permet à l’entreprise de faire face à ses charges notamment le salaire des travailleurs. Mais avec cette situation, ce n’est pas évident. La société dépense 600 millions de F CFA dans les salaires », a ajouté M. Sanogo, qui a estimé que les accords signés avec les partenaires sont le fruit de deux années de labeur et qu’un groupe d’hommes ne peut pas se lever en plein jour pour tout remettre en cause.
La direction a indiqué qu’elle a donné aux travailleurs tout ce qu’elle a pu par rapport à ses possibilités actuelles. Parlant du départ du DG réclamé par les grévistes, il a précisé que cela n’est pas du ressort d’un syndicat. « Ce n’est pas le syndicat qui nomme le DG. Il y a un conseil d’administration. Mieux, ce n’est pas une société d’Etat, c’est une société privée. Seul le conseil d’administration peut juger son bilan positif ou négatif ».

Mohamed Daou

13 juillet 2006