Comme une balle de ping-pong, le gouvernement et l’UNTM sont en train de se rejeter la responsabilité de la grève de 48 heures qui a paralysé le pays les 26 et 27 juin dernier. Le ton et les mots utilisés sont sans concession et augurent de lendemains qui déchantent.
Depuis le 25 juin 2007, une tension sournoise semble empoisonner les rapports entre l’Union nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) et le gouvernement d’Ousmane Issoufi Maïga. C’est en effet avec le ton dur, qu’on lui connaît depuis quelques semaines, que le bureau exécutif de l’UNTM a rendu public un contre communiqué tenant tête au communiqué que le gouvernement a publié dans les médias d’État.
« Quand, sous nos tropiques, les salaires fondent comme beurre au soleil et que le chômage bat des records inusités, nous ne pouvons qu’exiger du gouvernement et du patronat une augmentation générale de salaire et l’élaboration et la mise en œuvre d’un chronogramme de l’agenda du travail décent 2007/2015« , déplore le communiqué, réplique du bureau exécutif de l’UNTM.
En réalité, le bureau exécutif de 1UNTM est foncièrement agacé par l’attitude du gouvernement. « Mais lorsqu’on nous refuse même la prétention d’en parler, la chorégraphie d’une telle attitude ne peut que mériter notre loyale et vertueuse révolte« , poursuit le communiqué de l’UNTM.
Mais que reprochent les travailleurs du Mali au gouvernement ?
Le problème est en fait parti du communiqué du gouvernement publié dans l’Essor du 28 juin 2007. « Faisant suite au préavis de grève en date du 24 mai 2007 déposé par le bureau exécutif des travailleurs du Mali, des négociations ont eu lieu sous l’égide de la commission de conciliation entre l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) d’une part, le Conseil National du Patronat du Mali (CNPM) et le gouvernement d’autre part« , stipulait le communiqué contesté du gouvernement.
Dans le même ordre d’idée, le gouvernement fit savoir qu’après « quatre jours de négociations les 19, 20,21 juin 2007 autour des vingt (20) points de revendications présentés pour l’UNTM, les parties sont parvenues à quatorze points d’accord, un point d’accord partiel et 5 points de désaccord« .
Jusque là, le gouvernement n’avait pas porté atteinte à l’orgueil de l’UNTM. Mais lorsque le message gouvernemental prit une autre tournure, Siaka Diakité et ses confrères ne pouvaient plus contenir la colère qui dormait en eux depuis bien longtemps. Voici ce qui a été perçu comme un écart de langage de la part de l’État. « En dépit de ce résultat, l’UNTM a estimé nécessaire de maintenir son mot d’ordre de grève« .
Cette position du gouvernement a surtout la mauvaise attitude de faire passer l’UNTM pour un syndicat extrémiste. « On aurait pu se prononcer sur le taux ou admettre le principe d’une augmentation de salaire, surtout que nous n’avons pas demandé ces efforts financiers pour cette année budgétaire 2007« , se justifie l’UNTM.
Selon le bureau exécutif des travailleurs du Mali, le gouvernement a fait sa mise au point sur le déroulement des négociations, tandis qu’il aurait été plus intéressant d’écouter plutôt la commission de conciliation qui a fait preuve d’une absolue neutralité. « Notre réplique consiste à mieux éclairer notre opinion publique nationale« , assène l’UNTM.
Retraçant un peu le cours des négociations, le bureau exécutif a fait savoir qu’il a soumis au gouvernement et au patronnât vingt points de négociations, « ça peut paraître excessif. Mais nous précisons que dix huit points étaient en discussion depuis plus d’un ans sans proposition concrète. Deux revendications nouvelles issues du 1er mai 2007 ont été ajoutées à la liste. Il s’agit de l’augmentation générale des salaires dans les secteurs public, parapublic et privé et le chronogramme de l’agenda du travail décent« , précise le bureau exécutif de l’UNTM.
En tout cas, les acteurs sociaux semblent désormais partis pour une belle partie d’empoignade. Pour l’UNTM, il s’agit de crier sur tous les toits les tares du gouvernement dans ses prises de position. Et tout y passe, du prix des denrées de première nécessité au rapport du vérificateur général remis récemment au chef de l’Etat.
Pour le gouvernement, c’est presque deux poids deux mesures : se cacher derrière les crises qui affectent l’économie du pays d’une part, et de l’autre mettre l’accent sur « la mauvaise foi » de l’UNTM.
Soumaïla T. Diarra
06 juillet 2007.