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A la nomination de Ousmane Issoufi Maïga à la Primature, nombreux étaient les Maliens à caresser le rêve d’un changement dans la conduite des affaires de l’Etat. Le nouveau Premier ministre bénéficiait d’un préjugé favorable. Il était réputé pour être un «baroudeur» qui ne reculait point devant les obstacles. Il aimait les challenges.

Ainsi, les Maliens s’attendaient avec l’arrivée de la nouvelle équipe gouvernementale, à une amélioration de leurs conditions de vie, à l’amorce d’un décollage économique et à la mise en marche d’une administration de plus en plus défaillante et trop lourde.

La lutte contre l’insécurité, l’école, le chômage, la relecture des textes fondamentaux de la République étaient entre autres les grands dossiers qui attendaient Pinochet et qui étaient tous contenus dans le programme de gouvernement du candidat Amadou Toumani Touré.

En somme, Ousmane Issoufi Maïga, deuxièmement Premier ministre de ATT, avait la lourde mission d’imprimer un nouveau rythme à la marche des affaires de l’Etat et à l’action gouvernementale.

Un an après, Pinochet a-t-il réussi le challenge ? Quel est aujourd’hui l’état de la nation ? Le gouvernement a-t-il répondu aux aspirations des Maliens ? Autant de questions qui méritent des réponses.

Réajustement de l’équipe ?
Dès la formation du gouvernement Pinochet, des critiques ont fusé. Alors que certains émettaient des réserves sur le maintien de tel ou tel ministre, d’autres pointaient du doigt certains nouveaux entrants.

Aujourd’hui encore des ministres sont régulièrement indexés pour divers motifs. Mais là n’est pas le problème. Ce qui l’est, par contre, c’est l’incapacité notoire de certains membres du gouvernement à épouser la cadence gouvernementale. D’où des rumeurs persistantes de remaniement ministériel depuis des mois.

A défaut, le chef de l’Etat se verrait dans l’obligation de procéder, dans les jours à venir, à un réajustement de l’équipe gouvernementale. Dans ce cas, il faut s’attendre aux départs de certains ministres qui, visiblement, n’ont pas répondu aux attentes.
Au départ, le Premier ministre avait promis une évaluation trimestrielle de l’action gouvernementale.

L’exercice paraissait intéressant à tout point de vue. Il était inédit. Cependant, dès la première évaluation, la méthodologie à plutôt été assimilable à une présentation de bilan, plutôt qu’une évaluation des ministres. Ainsi, le 13 avril dernier, le gouvernement procédait à son auto-évaluation, la seconde en douze mois.

Dans une note dite de «présentation du rapport sur l’évaluation» au titre du 1er trimestre de 2005, les programmes d’activités des ministères ont été analysés et ont fait l’objet de statistiques.

Dans ce rapport, il a été indiqué que 376 activités ont été réalisées par l’équipe gouvernementale soit un taux de réalisation de 69,2 % ; 124 activités sont en cours de réalisation et 43 activités n’ont pas connu de début de réalisation.

Auto-satisfaction ?

Ce bilan présenté, il y a quelques semaines, en a tout l’air. Mais à côté de ce résultat, le grand défi aujourd’hui du gouvernement est de faire face à la situation économique et financière du pays.

Car de plus en plus, le marasme s’installe dans le pays. De plus en plus, le malaise social est perceptible. Et aucun bilan, fut-il gouvernemental, ne pourra donner espoir aux Maliens, si leurs propres conditions d’existence, ne s’améliorent. C’est là, le grand défi de Pinochet.

Aujourd’hui, aussi bien dans la classe politique que dans l’opinion l’on s’interroge : Pinochet a-t-il les capacités pour relever ce défi ? C’est là toute la question.

C.H Sylla

28 avril 2005