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L’Etat malien saura-t-il se dédouaner des accusations d’ordre népotique, si des ministres de la République se permettent de s’exprimer comme l’homme de la rue et donnent l’image de tourner en rond, sans avoir aucune idée de la responsabilité des charges qui leur incombent? Difficile de répondre à cette question.

Par contre, ce qui est aussi sûr que certain, c’est que le toilettage programmé de l’équipe gouvernementale ne doit pas se limiter à la seule personne de l’ex-ministre de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie.
Il doit s’étendre aussi aux deux ministres homonymes, Ahmed Diane Séméga et Ahmed Sow qui, de par l’incohérence de leurs discours, de par l’impondérabilité de leurs propos, de par leurs fuites en avant et de par leur lourd passif, constituent aujourd’hui deux places, sinon deux “plaies béantes” dans l’équipe Modibo Sidibé.


Que reproche-t-on à ces ministres?

Quelle peut être la réaction du citoyen lambda, face à un ministre qui, comme atteint d’une saute d’humeur, affirme tout de go que le problème d’une structure placée sous sa responsabilité est connu de tous, et qu’il n’y a pas de remède possible à ce problème tant que les pratiques malveillantes qui y ont cours ne s’arrêtent pas ? Ledit citoyen le taxerait alors de complice, de coupable, ou …des deux?

Dans tous les cas, pour le ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, M. Ahmed Sow, les problèmes de la société Energie Du Mali sont connus. EDM-SA ne peut se porter mieux tant que se poursuit le système des 10% ou 20% de bonus de gratification sur les marchés. C’est quand même la substance d’un aveu fait par le ministre Sow, lors de la visite de l’UNTM sur les sites d’EDM-SA.

Alors question : qui est-ce qui doit donc circonscrire ce genre de pratiques aux antipodes de la bonne gouvernance? Le D.G. d’EDM-SA ou… es auteurs de ces pratiques? Si ce n’est ni l’un, ni les autres, c’est donc au ministre responsable d’ EDM-SA de démasquer et confondre tous les corrompus tapis dans l’ombre de cette structure et qui lui “sucent le sang”.

A défaut, on pourrait penser que le ministre en sait assez sur ce réseau mafieux organisé, et que pour lui, il serait dangereux, voire périlleux, d’essayer de le démanteler? Puisqu’il n’y a jamais de fumée sans feu -et vice-versa- en tout état de cause, le ministre de l’Energie doit avoir assez… d’énergie pour “nettoyer les écuries d’Augias” de EDM-SA, ne serait-ce que pour se crédibiliser davantage à propos de cette regrettable affaire de l’Office Européen de Lutte contre la Corruption et la Fraude.

En effet, à tort ou à raison, l’honneur du ministre Ahmed Sow en avait pris un coup, suite à cette affaire qui avait quand même affecté le secteur de l’Artisanat malien, au moment où il siégeait à Bruxelles, au Centre de Développement de l’Entreprise (CDE).

Selon des artisans maliens qui gardent encore une dent contre l’ex-Directeur Général du CDE, la quasi totalité des financements accordés à l’artisanat malien par cet organisme, allait droit dans le coffre-fort d’un des protégés de Ahmed Sow évoluant dans le secteur.

Aussi, pour démentir tout cela, le ministre avait convoqué à l’Interpol un éminent formateur et officier de réserve français du CDE. L’affaire aurait pu provoquer un incident diplomatique si des médiateurs de bonne volonté, tous intervenant dans le secteur de l’Artisanat, n’avaient pas eu raison du formateur en question.

A l’époque, les rumeurs allaient bon train sur la démission d’Ahmed Sow de la Direction Générale du CDE, mais elle n’était pas encore officielle. Aussi argue-t-on que toutes ces raisons doivent motiver le ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, dans sa capacité à diriger ce département combien stratégique et à en maîtriser tous les dossiers.

Mais le fait qu’il ait affirmé, lors de la cérémonie d’ouverture de la dernière édition du SIDEAU (Salon International De l’Eau) que le financement de la deuxième station de pompage de Bamako était bouclé prouverait que le ministre Sow ne maîtrise pas assez lesdits dossiers. Car, en fait, le financement de la station de pompage de Kabala est loin d’être bouclé.

Et que dire lorsque le ministre Ahmed Sow promet qu’en 2009 -qu’il prédit être la date de fin des travaux de ladite station-, la pénurie d’eau à Bamako ne sera plus qu’un triste souvenir? Quand sera bouclé le financement de ce projet ? Quelle est la date de démarrage et de fin desdits travaux? Il serait difficile, même pour Ahmed Sow, de répondre à ces questions.

Son homonyme et homologue Ahmed Diane Séméga ne se présente pas mieux, au regard des citoyens. Selon eux, son successeur à la tête du département des Mines, de l’Energie et de l’Eau est si optimiste qu’il ne se gêne pas de tenir des propos dits incohérents.

Le ministre Séméga serait tout le contraire de son homonyme, car au moment où il gérait ce département, l’Energie du Mali ne s’est point gênée, -et à plusieurs reprises- pour… couper le courant au moment du discours du Président de la République. Les autres institutions de la République n’ont pas été épargnées à l’époque : l’ancien président de l’Assemblée nationale, Ibrahim Boubakar Keïta, en sait quelque chose, dont l’institution a eu à en souffrir.

par ailleurs, cela fait maintenant des mois que le ministre de l’Equipement et des Transports a déclaré que les feux de signalisation de Bamako seront réparés, sans qu’on en voit la preuve sur le terrain. Dans le même registre, le ministre Séméga et ses collègues du département ont toujours imputé toute l’état de nos routes à la recrudescence de la pauvreté.

Or, il est connu qu’à Bamako ou à l’intérieur du pays, nos routes ne répondent à aucune norme. Sans compter que d’année en année, elles se dégradent de façon graduelle. Mais selon un citoyen, à Bamako, pour toute alternative, on se contente de trouver des “boucs émissaires“ : les conducteurs d’engins à deux roues ou les chauffeurs de sotrama.

Certes, ces derniers ont une grande part de responsabilité dans les accidents de la circulation, mais on ne peut pas non plus se refuser de reconnaître celle de nos routes. Aussi, au regard des actions insuffisantes du ministre Séméga, on ne peut que donner raison à cet observateur qui a dit : “Savez-vous pourquoi les gens n’aiment pas beaucoup le ministre Hamed Diane Séméga? C’est seulement parce que c’est un ministre trop politique, prêt à tout, même à ravir la vedette aux autres. Et il le fait par instinct de survie politique“.

Aux dires d’autres citoyens, son successeur à la tête du département des Mines, de l’Energie et de l’Eau, est lui aussi atteint de la même manie. Est-ce pour cacher leur incapacité, se demandent-ils? Les ministres indexés sont les seuls à le savoir.

Mais lorsque le successeur tente de protéger son prédécesseur, les esprits sont désorientés. En effet, par rapport à l’annulation des contrats d’exploitation de 71 sociétés minières pour non respect de leurs engagements -des contrats longtemps restés dans les tiroirs sans qu’on daigne en informer le peuple malien sur la nature des violations constatées-, Ahmed Sow a cru devoir voler au secours de son prédecesseur, arguant que là-dessus, il n’y rien à cacher.

Le ministre Sow s’offusque même contre ce “lièvre levé“ par la presse étrangère, en qualifiant ses déclarations de “tendancieuses“. A tel point qu’il veut organiser un atelier d’information à l’intention des acteurs impliqués et des médias.

Là-dessus, personne ne prétend qu’il y avait des dessous cachés. Seulement, le peuple malien exige que les responsables l’informent, en premier lieu et en temps réel, surtout sur ce qu’ils font en son nom.

N’empêche que la publication du dernier rapport de la CASCA a indexé le département des Mines, de l’Energie, et de l’Eau sur plusieurs cas de fraudes, corruptions et irrégularités, toutes commises sous la gestion de Ahmed Diane Séméga à la tête de ce ministère.

Si bien que finalement, autant on ne sait plus qui est trempé dans la magouille, ni combien de temps elle durera, autant on ignore le temps que dureront ces ministres dans le gouvernement de Modibo Sidibé. La seule affirmation que l’on pourrait avancer, c’est qu’ils doivent faire mieux.

Adama S. DIALLO

15 avril 2008.