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C’est l’heure de l’ouverture politique dans le pays. Tous les partenaires du Mali, à commencer par la Cédéao, appuyée par l’UA, estiment que le gouvernement de transition, pour son ancrage politique, doit être élargi aux acteurs nationaux, y compris les partis politiques et la société civile. Mais pour réussir ce nouveau challenge, tout le monde pense que les ministrables doivent répondre à de nouveaux profils d’hommes; pas toujours forcément les mêmes qui s’agitent, mais de vrais commis de l’Etat, capables de se sacrifier pour sortir le pays de l’ornière.

Le gouvernement d’union nationale est sur toutes les lèvres. Dès le début, à la mise en place du gouvernement de transition, dirigé par Cheick Modibo Diarra, il y a eu une vive polémique. Sur le nouveau gouvernement, sur lequel il n’y a eu aucune concertation, certains ont vite dénoncé l’attitude du Premier ministre de pleins pouvoirs, accusé en son temps d’avoir violé l’esprit de l’accord-cadre, signé entre le médiateur de la Cédéao et la junte militaire, dans le cadre du retour à la normalité constitutionnelle.

En effet, cet accord-cadre prévoyait la mise en place d’un gouvernement d’union nationale. Dès lors, le gouvernement de transition a posé problème au sein de la classe politique et des acteurs de la société civile, lesquels ont estimé qu’ils n’ont pas été consultés par le nouveau Premier ministre. Ce dernier a expliqué ce fait par sa volonté d’éviter au sein du gouvernement des querelles politiciennes, en lui donnant les moyens de son efficacité face à l’urgence des défis auxquels il était confronté.

Mais, très tôt, le Premier ministre sera confronté à la réalité des choses. Lors d’une réunion du groupe de contact et de suivi sur la crise malienne, il a été instruit d’élargir le gouvernement aux diverses sensibilités du pays, histoire de lui donner un ancrage politique lui permettant de poursuivre plus efficacement sa mission. Même si à cette époque, beaucoup de gens ont dénoncé une certaine faillite des partis politiques et de la société civile, en tant que telle, dans la crise que connaît le pays, il est apparu que la gestion de la transition ne pouvait pas se faire sans eux.

Certes, les partis ont beaucoup perdu de leur crédibilité dans l’effondrement du pays, consécutif au coup d’Etat du 22 mars dernier, mais la logique pour le Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, ne devrait pas être de les écarter de la gestion des affaires publiques, mais plutôt d’insister à avoir d’eux de nouveaux profils d’hommes, intègres et compétents.

La relève dont il a lui-même parlé, lors de la composition du gouvernement de transition, passait par là. Après tout, au sein de la classe politique et de la société civile, il y a des jeunes loups qui sont prêts à prendre le relais des anciens. Ailleurs, dit-on, c’est même la tendance: des cadres sont de plus sollicités au sein des administrations d’Etat, y compris le pouvoir exécutif dans lequel ils occupent de grandes responsabilités politiques.

Voilà une possibilité pour le Premier ministre, contraint qu’il est d’élargir le gouvernement de transition. Dans le but d’éviter le retour des vieux chevaux politiques, ceux-là qui ont tenu les rênes politiques de l’État, durant ces dernières années, le Premier ministre peut alors faire recours à des hommes intègres, ces grands commis de l’État, qui ont démontré dans le passé qu’ils ne trahissent jamais le sacerdoce du service public. A côté de ceux-ci, il y a aussi la bonne relève au sein des partis politiques, ces jeunes cadres des partis politiques qui n’ont besoin que de l’opportunité pour prouver leur compétence et leur talent.

L’une des principales critiques formulées contre le gouvernement de transition, c’est son manque d’ouverture politique vis-à-vis des partis politiques et de la société civile. Si l’on estime qu’en temps de crise, le consensus est le meilleur moyen de cohésion politique, on ne se rend compte de la faute politique du Premier ministre qui a voulu constituer un gouvernement de crise sans l’étendre à des sensibilités politiques et sociales du pays.

Il a alors l’opportunité de le corriger maintenant. Tout en mettant l’accent sur la compétence, il peut ainsi faire appel à des jeunes cadres de partis politiques qui ont tout intérêt à faire valoir leurs compétences et aussi certains grands commis de l’État dont la connaissance des rouages étatiques leur donne un atout supplémentaire dans un contexte de crise, comme celui que le pays traverse, où les priorités sont multiples face à l’urgence des défis à relever. Aura-t-il les coudées franches pour y parvenir?

Attendons de le voir…

F.M

L’Aurore du 20 Juillet 2012