Les structures de contrôle renforcent leurs capacités
«La reddition des comptes est un moyen de renforcer la gestion publique, d’améliorer la qualité des services offerts aux populations et de lutter contre le gaspillage des ressources». Ces propos ont été tenus par le Vérificateur Général, Sidi Sossoh Diarra, à l’ouverture de l’atelier sur la gouvernance, la reddition des comptes et l’information sur la performance. C’était hier, lundi 17 octobre, à l’hôtel Radisson, sous la présidence du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Maharafat Traoré, représentant le Premier ministre.
Organisé par le Bureau du Vérificateur Général avec le soutien de la Fondation canadienne pour la Vérification Intégrée, cet atelier durera quatre jours, du 17 au 20 novembre.
Destinée aux agents des structures de contrôle et du pôle économique, cette formation permettra de renforcer la compréhension des participants sur les différents concepts de gouvernance et de reddition des comptes et d’échanger sur leur mise en pratique au Mali.
Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Maharafa Traoré, ouvrant, au nom du chef du gouvernement, Modibo Sidibé, cet atelier, a déclaré que «le fondement juridique du contrôle des finances publiques tire son origine dans la déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1789 qui dispose que ‘‘ les citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants la nécessité de la contribution politique, de la consentir librement et d’en suivre l’emploi (…). La société a le droit de demander des comptes à tout agent public de son administration’’ articles 13 et 15« .
Avant d’ajouter que «notre pays a une longue expérience en matière de contrôle des ressources et des structures publiques. En attestent les différents types de contrôle (parlementaire, juridictionnel et administratif) qui sont mis en œuvre en vue de moraliser la gestion des affaires publiques et d’assurer davantage de performance à nos administrations».
Dans la recherche d’une meilleure efficacité du contrôle afin de promouvoir la bonne gouvernance économique et de combattre les infractions économiques et financières ainsi que la corruption, le président de la République, après une visite au Canada, a décidé selon Maharafa Traoré, d’instituer le Bureau du Vérificateur Général au Mali.
«Il s’agit là de la manifestation d’une volonté politique sans équivoque de lutter contre toutes les formes de délinquance économique et financière. Sa mise en place est une innovation importante dans notre environnement administratif et juridique car, il doit évoluer en synergie avec les autres mécanismes existants. Le Bureau du Vérificateur Général a la spécificité d’être en dehors de la chaîne hiérarchique de l’administration et aussi de porter son contrôle sur la dimension efficacité de la gestion publique en plus de sa régularité» a expliqué Maharafa Traoré.
Celui-ci n’a pas manqué d’apprécier à sa juste valeur l’organisation du présent atelier qui contribue, selon lui, au renforcement d’une vérification dynamique certes, mais qui s’inscrit aussi en droite ligne des orientations définies dans le PDES du président ATT.
L’un des axes prioritaires du Renouveau de l’Action Publique ne réside t-il pas, à en croire l’orateur, dans l’amélioration des services offerts aux citoyens et dans la lutte contre la corruption.
Auparavant, le Vérificateur Général avait donné la définition de la gouvernance qui est, aujourd’hui, une notion diversement entendue : «On parle de gouvernance politique ou économique, de gouvernance publique ou d’entreprise, de gouvernance stratégique, etc. Pour ma part, je voudrais ici retenir la définition de la Banque mondiale selon laquelle la gouvernance est la façon dont s’exerce le pouvoir de gestion des ressources économiques et sociales d’un pays en fonction de son développement. Par conséquent, une bonne gouvernance aide forcément à renforcer la démocratie, à promouvoir la prospérité économique et la cohésion sociale, et à susciter la confiance des citoyens dans l’action de l’Etat».
La reddition des comptes, qui désigne l’obligation incombant aux gestionnaires de rendre compte de leur gestion, est incontestablement, selon le Vérificateur Général, un des piliers de la bonne gouvernance.
La reddition des comptes donne l’occasion, à en croire Sidi Sossoh Diarra, aux citoyens d’apprécier la façon dont les fonds publics sont collectés et dépensés et ainsi de se faire une idée sur l’efficacité du gouvernement, un des indicateurs bien connus de la gouvernance. Pour lui, la reddition des comptes est donc un moyen de renforcer la gestion publique, d’améliorer la qualité des services offerts aux populations et de lutter contre le gaspillage des ressources.
Pour sa part, Yves Pétillon, directeur de la Coopération canadienne au Mali, relève que ce symposium, consacré à la gouvernance, la reddition des comptes et l’information sur la performance, semble être venu à la bonne heure. «Sa proximité avec les Etats généraux sur la corruption l’apparente à un prélude de cet évènement majeur. Il se présente comme une occasion de réflexion utile sur la vision, les stratégies et les nouvelles façons de faire efficaces pour empêcher la corruption, la fraude ou encore l’utilisation des ressources publiques à des fins privées».
Chahana TAKIOU
18 Novembre 2008