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Il faut dire que c’est Alpha Oumar Konaré qui a, le
premier, porté un coup à cet aspect de fonction du
président, n’ayant pas hésité à paraître en public en
chemise à fleurs ni à faire la publicité de la capote
en termes crus.

Mais ATT va plus loin encore quand il
affirme que lui ne fait pas de politique mais de la
tactique. Il faut dire que ces deux chefs d’Etat,
contrairement aux deux premiers de l’ère de
l’Indépendance, se sont acquis la réputation d’être
d’excellents dribbleurs.

Or la nation a besoin d’un
socle moral pour se maintenir dans la tourmente du
vent de la mondialisation.

Quelle loi agraire pour le Mali ?

La Côte d’Ivoire n’est pas parvenue à constituer une
loi agraire malgré une modernisation importante de son
agriculture et le poids moral immense de son premier
président. Elle a actuellement recours à l’expertise
de l’Agence de la Francophonie.

Au moins le président
Houphouet-Boigny avait-il pu maintenir le calme de son
vivant. Les extrémistes du sentiment national
déclaraient ouvertement attendre sa mort pour
déclencher leur action.

On peut dire que les
politiques, en inventant la doctrine de l’ivoirité,
ont mis leur menace à exécution, en ont profité. Et il
semble que si la coalition des houphouétistes prend le
pouvoir, ce sera en recourant au prestige d’Houphouet
qu’elle fondera son action pour rétablir la paix.

Qu’en sera-t-il de la loi d’Orientation Agricole que
le Mali prépare ? En effet, les irrégularités dans la
spéculation foncière ont été si graves (pour ne pas
dire si immorales) que le président Alpha Oumar Konaré
a été amené à suspendre le pouvoir des mairies en
matière d’attribution des parcelles, suspension
reconduite par ATT jusqu’à ce jour.

Quand on connaît les luttes qui ont opposé les
populations rurales à l’occasion de la
décentralisation, les affrontements qui ont mis à
l’épreuve clans et communautés, on ne peut que
s’inquiéter de ce que sera une loi qui consacrera
définitivement la propriété privée des riches sur le
sol sacré du Malien.

Une inquiétude pleinement
justifiée par les problèmes rencontrés par les paysans
à l’Office de Niger. Et on voit mal un régime
simplement tacticien en venir à bout.
Ce qu’il faudrait, c’est bien un lien fort au sommet
de l’Etat, unissant la nation dans une visée commune.
Le maintien des symboles

La dénonciation par une partie de l’opinion de la
biennale et de la commémoration du 22 septembre comme
événements budgétivores, fera réfléchir plus d’un.

En
effet, la renaissance de la biennale et la célébration
avec faste du 22 septembre avaient été comme des
priorités du président Alpha Oumar Konaré, et un
reproche sévère adressé à l’ancien président Moussa
Traoré accusé de négliger les grands symboles
nationaux.

Or c’est la crise financière et la famine
qui avaient amené le régime de GMT à prendre
l’habitude de fêter le 22 septembre “dans l’austérité”
et à abandonner purement et simplement la biennale.

A nouveau ces grands symboles sont critiqués et,
chose remarquable, on demanche à ATT de faire la même
chose que GMT : c’est-à-dire de ne pas les fêter quand
le peuple a faim !

Dans ses “Mémoires” le Général De Gaulle a dit son
admiration pour le sens du devoir de l’empereur Haïlé
Sélassié qui donnait de la viande à ses lions quand le
peuple mourait de faim.

Ces lions étaient des symboles
du trône, il est vrai, comme De Gaulle lui-même était
un monument vivant de la France. Le peuple, lui, veut
à boire et à manger et même des jeux. Mais le
président doit maintenir les symboles de la Nation,
qu’il incarne en premier lieu.

ATT a fait le bon choix
en organisant avec le faste requis les grands fêtes
nationales que sont la biennale et le 22 Septembre.

C’est de ce socle moral, indispensable par ailleurs à
la démocratie, qu’il résoudra le problème scolaire et
au-delà, ceux de la Loi d’Orientation agricole et de
la loi de programmation militaire, qui font partie des
grands chantiers de la 3è République.

Ibrahima Koita

15 septembre 2005.