Partager

A moins d’une vingtaine d’années de gestion démocratique, les acteurs politiques maliens, qui ont eu la lourde charge de guider les premiers pas de notre démocratie et qui continuent de le faire encore ont tourné dos au peuple dès leur prise de fonction sous le couvert de la démocratie. Ce système politique, dont avait embelli avec le label du bien être au moment de la lutte contre la dictature de Moussa Traoré, est à rude épreuve par le comportement des démocrates sincères. La plupart d’entre eux sont aujourd’hui impliqués dans des scandales politico- financiers, dans de trafic de visa, de spoliation des terres des pauvres paysans etc.

Au grand dam des Maliens qui avaient de l’estime pour ces hommes qui ne cessaient de vanter les avantages de la démocratie. Certes, les messages ont eu un écho favorable au près de la population qui n’avait pas hésité à affronter la machine répressive d’une des dictatures les plus féroces de notre continent. Mais les espoirs ont été vite déçus.

Les Maliens, qui s’attendaient à plus de justice, de bonne gestion, de transparence ainsi que de la protection de nos valeurs, ont rapidement déchanté la manière de conduire les affaires de l’Etat. Les nouveaux démocrates, qui avaient probablement besoin d’une dose de luxe, ont vite fait de confondre les caisses de l’Etat avec leurs poches. Bonjour les dégâts.

Un rapport de la Banque mondiale, publié sous Alpha, premier président démocratiquement élu en 1992, mettait sur la place publique les détournements de deniers publics. Et par la même occasion, les Maliens apprenaient qu’il y avait 21 milliardaires dont des ministres.

Le régime ADEMA, on le sait, s’est caractérisé par la délinquance financière et par la dépravation de nos mœurs. Les textes financiers qu’il a élaborés avec la complicité des partis satellites ont permis à des milliers de gens de s’enrichir impunément.

Ensuite, ils se sont lancés dans la confiscation des biens des pauvres. Surtout la terre. Beaucoup de quartiers périphériques, dont la situation géographique plaisait à beaucoup de barons du régime, ont, souvent sous le couvert de la viabilisation, été rasés. Ce passage des civils au pouvoir a laissé des traces indélébiles.

Avec le consensus, le pillage des maigres ressources continue et il a de beau jour devant lui. Car les systèmes de lutte mis en place pour lutter efficacement contre la corruption, dont le pays s’est doté ces dernières années, sont défaillants.

Les deux rapports du Vérificateur général dorment toujours dans les tiroirs de ceux qui sont chargés de mettre au frais les nombreux délinquants financiers qui mènent encore une vie paisible.

Les répercutions de cette mal gouvernance fait qu’aujourd’hui les Maliens vivent dans des conditions effroyables. Les prix des produits de première nécessité ne cessent d’augmenter. Ils sont nombreux les chefs de famille à se faire du souci à un pas du mois de carême.

La mascarade électorale de cette année est venue alourdir le climat. L’élection présidentielle d’avril dernier avec la fraude qui l’a caractérisée a montré que le vote du citoyen ne sert plus à rien. Les requêtes adressées à la Cour constitutionnelle n’ont pas pu changer le cours des événements. La fraude aurait été légitimée aux yeux des électeurs.

Pour la majorité des Maliens, il ne sert plus d’aller faire le rang sous un soleil ardent pour tel ou tel candidat. Les taux de participation aux dernières législatives dont les 1er et 2e tours se sont déroulés le 1er et le 22 avril derniers l’ont démontré.

Si cette cadence devrait se maintenir pour les élections à venir, notre pays fera le deuil de la démocratie.

Par la faute des démocrates sincères.

Yoro SOW

23 juillet 2007.