Le thème de la citoyenneté est souvent associé à « l’éducation à la citoyenneté » ou à « l’éducation civique » à l’école, présenté par les pouvoirs publics comme solutions à la montée des incivilités dans les villes ou en milieu rural.
Le manque de civisme est source d’un sentiment croissant d’insécurité et de désintégration sociale et constitue une question centrale dans la société d’aujourd’hui. D’où la tentation de relier directement les deux : citoyenneté et incivilité, et ou de se limiter à un seul aspect. Mais, qu’en est-il réellement ?
La réponse n’est pas simple parce que le diagnostic dépend en partie de ce que l’on met exactement dans le terme citoyenneté, concept riche mais complexe, que l’on confond trop souvent avec celui de civilité, ce qui peut être source de désillusions.
Sans vouloir analyser les manifestations et les causes d’une crise de la citoyenneté, il s’agira plus simplement de rappeler tout d’abord les définitions des deux réalités, et notamment les diverses dimensions de la culture citoyenne. On analysera ensuite combien ce principe régulateur apparaît plus que jamais nécessaire dans les systèmes de collectivités.
Selon Amadou Diarra, (enseignant), la citoyenneté ce n’est pas uniquement le fait de posséder la nationalité d’un pays ou d’être en possession de ses droits civils et politiques. Il faut également participer à la vie de la cité. Cependant chaque citoyen est libre.
« Un citoyen peu choisir de participer (citoyen actif) ou non (citoyen passif). Celui qui décide de s’impliquer, apporte tout de même une chose importante en exerçant son droit de vote. En votant ou en se faisant élire, il donne son opinion, décide de changer ou garder un gouvernement. En dehors des élections, le citoyen joue un rôle important dans la société, en adhérant à une association, à un parti politique ou autre.
Il peut ainsi aider les autres, changer la société dans laquelle il vit, d’où la notion de citoyen décideur et contrôleur, les deux vont de pair dans l’exercice de la citoyenneté, mais être citoyen c’est également être respectueux d’autrui et des biens publics, être poli et honnête, contribue à avoir pour tous une bonne vie en société, dans un pays calme ».
Pour cet interlocuteur, le citoyen doit aussi s’acquitter de ses obligations en respectant les lois, en payant ses impôts et taxes et en participant à la défense de son pays.
Il existe, dit-il, trois valeurs fondamentales liées à la citoyenneté : la civilité qui consiste à respecter les autres, ainsi que les lieux et bâtiments publics ; le civisme qui consiste, à titre individuel, à respecter les lois, mais aussi à être conscient des devoirs envers la société, à ne pas penser qu’à soi mais penser également au bien de la société ; la solidarité qui consiste à aider son prochain.
Bréhima Sangaré, agronome, indique que cette question devient primordiale pour les pays émergents. L’expression démocratique « citoyen décideur ou actif », dans une conception large, peut signifier, selon lui, toute forme de contribution active à la société. Il s’agit, poursuit-il, de la capacité de chacun à participer activement aux affaires publiques, que ce soit au travers de structures démocratiques officielles, de la presse, de débats publics, d’associations, de partis politiques, de syndicats, de clubs locaux et d’associations ou encore par le biais de réseaux non officiels et d’une entraide mutuelle entre voisins, amis et membres d’une même famille.
« Ceci est très fréquent dans nos collectivités où des personnes contribuent volontairement et ou dans un cadre devoir au développement de leur collectivité. L’exercice de la citoyenneté s’articule aussi autour d’une question : comment renforcer et améliorer la participation de la collectivité à un programme local de développement ou à des programmes de revitalisation, notamment dans des localités défavorisées, à ce niveau le citoyen doit travailler ou apporter des idées novatrices pour la collectivité en informant les décideurs à tous les niveaux, les responsables de la planification, les praticiens, les partenaires locaux, de même que les associations locales ».
En tout état de cause, le citoyen doit être réaliste, il sait qu’après avoir voté son travail n’est pas fini. Il a intérêt à être électeur et contrôleur. Il faut muscler les formes d’appréhension positive, civique, associative, voire les institutionnaliser.
La démocratie ne peut pas être intermittente. L’établissement de jurys citoyens, afin de connaître l’avis de la population sur le pouvoir tel qu’il est exercé est une piste.
Il existe deux types de crainte pour le citoyen électeur. La première, libérale, consiste à se méfier d’un pouvoir trop fort qui peut abuser de son pouvoir tout en se disant démocratique.
La seconde est une forme de crainte démocratique basée sur les médias, les associations, les ONG et les groupes de citoyens. Ces voix passives construisent une attention démocratique et un pouvoir d’alerte.
L’exercice de la citoyenneté englobe beaucoup de chose mais, l’un des premiers droits que donne la citoyenneté dans n’importe quel pays du monde est celui au travail. C’est un droit qui, d’une certaine manière, est aussi un avantage pour l’État.
B. Y. Cissé
(correspondant régional)
19 Mars 2010.