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Les élections sont une composante majeure de la démocratie. Or le processus électoral malien est l’un des plus controversés, en raison du fait que les querelles interminables entre acteurs politiques voient le jour ou refont surface. Il s’agit des querelles généralement stériles, entretenues par des acteurs politiques dont les attentes n’ont pu être comblées à l’issue de scrutins ou simplement parce qu’ils ont peur que le pouvoir ne sévisse contre eux pour des actes qu’ils auront posés, notamment dans le cadre de la gestion des fonds publics.

Ainsi, on peut dire qu’il existe un malaise profond dans le cadre de la gestion des affaires publiques du fait également des indélicatesses de certains acteurs politiques soi-disant opposants au pouvoir qui se sont d’abord servis des ressources de l’Etat avant de se rétracter pour engager des offensives contre le même pouvoir.

LA MORALE EN POLITIQUE

N’est-ce pas là une manière de noyer le poisson dans l’eau? Ce que l’on retient et qui est déplorable, c’est le fait qu’il y a un déficit de sincérité à plusieurs niveaux. Cela pose du coup la problématique de la morale en politique. On se rappelle que le débat avait fait rage autour de cette question du temps de l’opposition politique sous la houlette du Collectif des Partis Politiques de l’Opposition (COPPO).

Dans ce cas, ne sommes nous pas revenus à la case départ? En tout cas, c’est à travers des débats télévisés organisés par l’ORTM et animés par M. Sidibé que des acteurs politiques étaient interrogés sur l’existence ou non de la morale en politique. La question revient sur le tapis car, jamais le long du processus démocratique on n’a assisté aux comportements auxquels on assiste depuis le début du processus électoral de 2007.

D’OU VIENT LA DERIVE DEMOCRATIQUE?

Il y a une dérive réelle dans le processus démocratique qui se traduit par la mauvaise fois de nombre d’acteurs politiques, estimant que tous les moyens sont bons pour conquérir le pouvoir, même s’il faut se dédire ou dénigrer son ancien compagnon. Aussi, avec l’arrivée d’ATT au pouvoir depuis les élections présidentielles de 2002, des malins ont fait double jeu.

En témoignent les retournements de vestes à la veille des élections présidentielles de 2007. Dans cette mouvance, plusieurs acteurs politiques sont devenus méconnaissables de par leurs attitudes, surtout les propos qu’ils ont tenus en amont et en aval du scrutin présidentiel.

LES CONSEQUENCES DES MALADRESSES

Les élections générales de 2007 qui tirent vers leur fin avec le deuxième tour des législatives, les communales étant prévues pour 2009, nous sommes à présent en mesure, certes pas de tirer un bilan, mais de comprendre qu’au sein de la classe politique, certains acteurs ont posé des actes maladroits qui militeront à leur défaveur pour l’avenir.

En effet, le caractère discourtois, voire malveillant de certains propos à l’endroit du pouvoir, voire de la personne même du président de la République que certains avaient pourtant longtemps adulés sont autant de facteurs qui ont dévoilé les limites d’acteurs politiques pour lesquels on avait pourtant un grand respect et une considération sans faille.

Ainsi, au nom de la conquête du pouvoir, certains se sont montrés à la limite méconnaissables et indésirables aux yeux des populations. La plus grosse erreur de ceux-ci a consisté à dénigrer le pouvoir, à tenter de faire réveiller les mauvais souvenirs d’un passé pas aussi lointain.

VAINE TENTATIVE ET DEMYSTIFICATION

Ce faisant, ils espéraient pouvoir influer sur le côté sensible de la population à leur faveur en la revoyant au passé. Ce fut une vaine tentative. Toute chose qui traduit la méconnaissance par eux de certaines réalités du pays, de la mentalité des populations. En effet, au stade actuel de l’évolution de notre processus démocratique, personne n’est ce qu’il fut hier, au moment de la lutte pour l’ouverture démocratique.

On peut affirmer que cette erreur commise par certaines figures charismatiques de la classe politique, au lieu de les servir, a permis aux uns et aux autres de connaître leurs limites réelles. C’est pourquoi nous disons qu’ils ont été démystifiés, et surtout à force de brandir l’arme de la menace.

Ainsi, par leurs actes, leur aura politique semble même s’être estompée pour de bon. L’une de leurs erreurs a été le refus d’aller de l’avant, d’évoluer. Or, envers et contre tout, la situation politique évolue, tout comme celles économique et sociale, bien entendu avec les lacunes et insuffisances qui sont inhérentes à toute oeuvre humaine.

Ce qui est sûr, c’est que ceux-là mêmes qui se plaignent des lacunes et insuffisances de notre démocratie ont beaucoup contribué à cela, ne serait-ce que par leur silence, leur indifférence, voire leur complicité à certains moments. Ils devraient se taire s’ils n’avaient rien à dire. Mais, voyant leurs intérêts menacés, ils crient au scandale, oubliant peut être que le processus démocratique est une oeuvre de longue haleine et nécessite l’apport de tous.

Moussa SOW

19 juillet 2007.