Même la gestion concertée du pouvoir proposée par le président d’alors Alpha Oumar Konaré n’a pu nous amener à l’unanimisme et à défaut, à la paix sociale tant souhaitée par le pouvoir et les populations qui n’aspiraient qu’à un mieux-être. Avec l’opposition politique née à partir des divergences notoires entre l’ADEMA et une frange importante de la classe politique, les Maliens ont eu droit à des débats politiques.
Ainsi, les débats contradictoires, la critiques des insuffisances et lacunes de la gestion du pouvoir ont considérablement contribué à édifier l’opinion publique nationale et internationale sur l’évolution de notre processus démocratique, sur la qualité de la gouvernance. Et, en raison de l’entêtement du parti au pouvoir, de son peu d’égard pour l’opposition et ses animateurs, voire pour ses propositions, beaucoup de situations qu’on aurait pu améliorer sont restées comme telles.
Le consensus politique en cours, en tant qu’alternative pour le changement est né de la volonté des plus grandes forces politiques au Mali de travailler la main dans la main pour approfondir le processus démocratique. Cet objectif, il est difficile d’affirmer aujourd’hui qu’il n’est pas possible de l’atteindre ou que l’on s’en éloigne.
DES REACTIONS MITIGEES
Cependant, au sein de la classe politique ou de la société civile, on enregistre parfois des réactions pour dire que tout ne se passe pas comme certains l’auraient souhaité, cela participe au renforcement du processus démocratique, puisqu’il faut également compter avec l’opinion publique, analyser ses propos et convictions pour voir dans quelle mesure ils peuvent être utilisés à la correction des lacunes, au renforcement des acquis.
Nous sommes aujourd’hui dans une telle logique où le consensus politique ne signifie pas une rupture de dialogue, puisqu’il admet la critique, bien entendu, dans les limités du raisonnable. Nous sommes, en ce moment dans une situation où on rencontre deux cas de figure. Il y a ceux qui, de bonne foi, expriment ce qu’ils ressentent, ce qui les inquiète par rapport à la situation politique et socio-économique et, dirait-on avec un élan patriotique, le souci de la perfection. A ce groupe dont l’attitude est louable, s’opposent ceux qu’on pourrait sans doute appeler des éternels insatisfaits.
En s’appuyant sur des généralités, ils déduisent que rien ne va plus, désapprouvent tout. En se nourrissant de pessimisme avec la négation de certaines évidences, on a tout l’impression qu’ils travaillent avec l’objectif de susciter de la révolte au sein de la population, mais à quelle fin ?
La paix sociale en démocratie est précieuse, c’est pourquoi il faudra tout mettre en oeuvre pour la préserver dans l’intérêt de toute la nation. En cette approche d’élections générales, les partis et acteurs politiques ont plutôt tout intérêt à réfléchir sur la façon dont ils doivent redynamiser leurs structures de base, travailler au renforcement des capacités de leurs militants, à l’information et à la sensibilisation des citoyens plutôt que de s’adonner à des pratiques qui desservent le processus démocratique. Cela est d’autant important qu’il contribuera, à n’en pas douter, au relèvement du taux de la participation des citoyens aux élections à venir, car l’un des problèmes de notre processus démocratique est la faiblesse du taux de participation.
Il y a donc nécessité de travailler à pérenniser les acquis, notamment ceux des élections générales de 2002 qui ont vu le taux de participation s’améliorer sensiblement depuis l’ouverture démocratique. Ces activités qui s’inscrivent dans le cadre des missions des partis politiques ne les empêchent d’ailleurs pas de poursuivre leurs tâches au sein du gouvernement dans le cadre du consensus, en attendant que, par le concours des circonstances, celui-ci s’effrite, puisque cela est incontournable.
Moussa SOW
6 mai 2005