Partager

4 septembre – 12 décembre 2013 : 100 jours que le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, exerce les plus hautes fonctions de la nation. Chef d’Etat, chef suprême des armées, le président élu le 11 Août dernier est en passe de boucler ses 100 premiers jours de présidence. L’euphorie de l’élection passée, les Maliens déchantent. Et pour cause, la gouvernance d’IBK a montré ses limites et ses tares. Face aux grands défis, dont la question du nord, la crise économique et financière, l’équité et la justice pour tous, le changement d’hommes… Les Maliens n’ont eu droit qu’à des promesses et des discours. Conséquence : ces 100 jours du nouveau président ont été marqués par l’immobilisme, le tâtonnement et l’improvisation.

Il y a 100 jours (jour pour jour) que Ibrahim Boubacar Keïta, nouveau président de la République, a prêté serment devant la Cour suprême où il avait pris l’engagement solennel d’œuvrer pour le retour de la paix au nord du Mali ; de redonner confiance aux Maliens ; de lutter contre la corruption, le népotisme, l’injustice…

Au nord du Mali, l’anarchie règne toujours à Kidal. Les groupes armés sont actifs avec leurs revendications d’autonomie et d’indépendance. Ils refusent de reconnaitre l’autorité du pouvoir actuel sur l’étendue de la région de Kidal. Pour manifester leur refus, les groupes armés multiplient les provocations à l’endroit des autorités de Bamako. Les membres du gouvernement du Mali ne sont pas du tout les bienvenus à Kidal. Dernier acte de ce sabotage orchestré par le Mnla et ses complices, c’est l’occupation de l’aéroport de Kidal par des femmes et des jeunes afin d’empêcher l’atterrissage de l’avion du Premier ministre, Oumar Tatam Ly. Du jamais vu dans l’histoire du Mali !

Aussi, il était prévu dans l’accord préliminaire de Ouagadougou, l’ouverture des négociations entre le gouvernement malien et les groupes armés de Kidal, 60 jours après la prise de fonction du président élu. 100 jours après, c’est toujours le statu quo. Les rebelles touaregs (dont certains ont investi le RPM, parti présidentiel) refusent tout dialogue avec le président IBK. Qui ne cesse de marteler que « tout est négociable sauf l’autonomie, l’indépendance et la laïcité de la République du Mali ».

Ce qui est paradoxalement vrai. Des criminels, des assassins et des bandits armés de la rébellion touarègue ont été libérés lors de cérémonie en grande pompe (à Bamako) au détriment des victimes de la crise du nord. ET tout cela au nom du principe « tout est négociable, sauf…). IBK avait promis l’impunité et ne cessait de dénoncer la gestion antérieure du dossier du nord…. En 100 jours d’exercice du pouvoir, il est actuellement confronté à la dure réalité.

Comme au moment de la transition, l’armée malienne est pratiquement cantonnée à Kidal. Une humiliation à laquelle le président élu n’a pas pu apporter une solution. Les 250 militaires maliens présents à Kidal sont régulièrement caillassés, vilipendés, insultés par des militants du Mnla au vu et au su de la force internationale (la Minusma) et des soldats français. Le président Ibrahim Boubacar Keïta est resté, à l’image des forces françaises, passif face à ces évènements.

Qui ont été aggravés par l’assassinat crapuleux de deux journalistes français, Claude Verlon et Ghislaine Dupon. Encore une fois, le Mnla et ses complices ont frappé sans coup férir. Le pouvoir d’IBK est impuissant. Et les rebelles de Kidal font encore la grâce matinée sur le territoire malien. Au finish, la région de Kidal n’est toujours pas dans le giron du Mali.

Espoir déçu à Bamako…

S’agissant du changement promis au peuple malien, il est illusoire d’y penser en 100 jours. Mais le citoyen lambda s’attendait à un changement dans son quotidien, notamment le contenu du panier de la ménagère. L’arrivée d’IBK au pouvoir n’aura fait que dégrader le quotidien des populations. Les produits de première nécessité ont pratiquement pris l’ascenseur depuis le 4 septembre sans que le gouvernement pose un acte en vue de mettre fin à l’augmentation des prix. Au marché, clients et commerçant se plaignent déjà et mettent en cause la responsabilité des pouvoirs publics.

Les Maliens, notamment ceux de Bamako, voient leur quotidien s’assombrir au jour le jour. Parce qu’apparemment le président de la République semble s’intéresser beaucoup plus à son image qu’aux préoccupations des Maliens. Les déplacements multiples du chef de l’Etat en Jets privés et avec toute une cour de fidèles suscitent beaucoup de commentaires et d’interrogations à Bamako. Où va le Mali ? Interroge-t-on dans les milieux politiques.

Enfin, l’arrivée d’IBK au pouvoir avait suscité une vague d’espoirs chez les Maliens, particulièrement ceux de Bamako. Mais 100 jours après, ce fut la déception. Les citadins n’approuveraient plus la gestion d’IBK. Ils n’approuvent ni sa méthode, encore moins ses décisions. Le chef de l’Etat est actuellement l’objet de nombreuses critiques.

Il n’est plus en phase avec son électorat de la capitale. On lui reproche ses incohérences dans le traitement du dossier de Kidal. Alors qu’il était visiblement très attendu sur ce dossier dont on disait qu’il en est le candidat à la présidentielle le plus apte à résoudre. Du bluff ! Pendant 100 jours, le chef de l’Etat n’a, ici également posé, aucun acte salvateur. Donc 100 jours d’immobilisme et d’inaction.

Idrissa Maïga

L’Aube du 12 Décembre 2013