Ne dit-on pas souvent que «l’eau est source de vie». Elle peut être aussi source de malheur dû aux risques qui lui sont liés et par sa mauvaise gestion par les hommes.
La catastrophe du tsunami en Asie, il y a quelques mois est l’illustration parfaite des dégâts que peut causer l’eau en certains endroits. S’agissant du Mali, l’eau existe abondamment avec l’existence de trois bassins fluviaux (les fleuves Niger, Sénégal et le Volta).
Cette abondance n’est pas directement ressentie par les populations dont la consommation en eau potable ne correspond qu’à 1% des ressources en eau du Mali.
Tandis que, les besoins globaux en eau de notre pays, tous usages confondus, sont évalués approximativement à 6,12 milliards de m3 par an, dont 2% pour le cheptel et l’approvisionnement en eau potable et 98% pour l’agriculture et les autres usages.
Le Mali aussi, à l’instar des autres pays du monde, n’échappe aux risques liés à l’eau. C’est pour débattre de cette problématique que les Rotary clubs du Mali et la commission nationale malienne pour l’Unesco, dans le cadre de la célébration du centenaire du Rotary international, ont organisé une conférence-débat qui a pour thème «les risques liés à l’eau et leur gestion au Mali».
Animée par le directeur national de l’hydraulique Malick Alhousseïni, la conférence tenue au centre Djoliba le samedi dernier, a regroupé d’éminentes personnalités des Rotary clubs du Mali et de la commission de l’Unesco, et un public nombreux intéressé par le sujet du jour.
Le conférencier a brossé la situation générale en eau du Mali en mettant l’accent sur les risques majeurs liés à l’eau et la gestion que fait notre pays de ces risques.
Pour Malick Alhousseïni, les ressources en eau souterraines sont estimées à 2700 milliards de m3 de réserves statiques et un taux annuel de renouvellement de 66 milliards de m3.
Alors que les besoins sont chiffrés à 6,12 milliards de m3 par an. Les risques majeurs liés à l’eau sont entre autres l’inondation, la sécheresse, la surabondance d’eau, le risques liés aux grands barrages, à la dégradation de la qualité de l’eau, etc.
Le Mali a connu plusieurs de ces risques. Outres les années de sécheresse persistante, on peut citer la crue catastrophique de 1967 dans la zone de l’office du Niger qui a été dévastatrice; la mort massive des poissons à Koulikoro due au déversement des effluents industriels en 2004.
Aussi, très récemment, l’hivernage de l’année 2003 a été caractérisé par de fortes pluies dont les dommages ont été évalués à plus de 9 milliards de francs Cfa selon les estimations de la commission interministérielle mise en place à cet effet.
C’est dans un tel contexte que les autorités maliennes ont décidé de prendre des mesures afin de prévenir et atténuer les risques liés à l’eau. Un système d’alerte et de suivi a été mise en place en 2001 dans le cadre du projet Ghenis (gestion hydro-écologique du Niger supérieur).
Le système, selon le conférencier, a permis d’obtenir des données sur la montée de la crue en 2001 et d’informer à temps les autorités et les populations sur les risques d’inondation. Outre cette mesure et naturellement d’autres, les autorités maliennes ont mis en place un autre concept, GIRE (gestion intégrée des ressources en eau), pour aussi gérer les risques liés à l’eau.
Ce concept est un processus qui favorise le développement et la gestion coordonnés de l’eau, des terres et des ressources connexes en vue de maximiser de manière équitable le bien être économique et social en résultant sans pour autant compromettre la pérennité d’écosystèmes vitaux. Le sujet a suscité tant d’intérêts que l’auditoire a voulu en savoir plus.
Ainsi il y a eu au cours des débats plusieurs questions et contributions auxquelles Malick Alhousseïni a, par son expérience et sa maîtrise du sujet, donné des réponses adéquates.
Idrissa Maïga
13 juin 2005