S’agit-il encore d’une mission confiée avec des moyens tronqués ? Dans l’affirmative, les responsabilités devront être partagées et/ou étendues à d’autres gros bonnets !
Dans l’affaire du Fonds mondial pour la santé, le Ministre Oumar Ibrahim Touré en responsabilité du département concerné vient d’être contraint à la démission.
Avant lui, plusieurs hauts cadres et personnes impliquées ont été arrêtées pour certains et entendues pour d’autres par la justice. Alors OIT : « responsable, et bientôt coupable ?»
Avec cette opération spectaculaire le gouvernement a réussi à convaincre la mission du Fonds mondial de lui accorder la manne tant attendue. Ce qui semble être acquis aujourd’hui.
Après tout, bénéficier du financement des projets en question reste le seul vrai enjeu de la mobilisation nos plus hautes autorités dans cette affaire.
Quid de la justice sociale à travers la lutte efficace et durable contre la corruption, qui passe aussi par la coercition juste et exemplaire des responsables de la mauvaise gestion dans ce pays. Au-delà de la satisfaction des exigences des partenaires techniques et financiers, il est temps que l’on donne une réponse plus vigoureuse et globale aux dossiers de cette nature.
En effet, tout le monde ne cesse de crier haut et fort dans tous les coins du Mali que la vraie cause du malaise ambiant, malgré toutes les réalisations qu’on nous met plein la vue, demeure la mauvaise gestion des ressources publiques, marquée par le détournement de fonds et encouragée par l’impunité.
Depuis bientôt 20 ans dans ce pays, les citoyens assistent impuissants à la mise en scène annuelle de la publication des rapports divers et variés sur le contrôle des services de l’Etat et assimilés. Tous très bien rédigés, les uns comme les autres pointent très précisément des Structures et des Hommes en cause dans le gaspillage des ressources publiques ; gaspillage engendré par des décisions ou choix de gestion contestables; mais surtout par le détournement pur et simple des fonds mis à leur disposition. A ce jour on peut estimer avec très peu de marge d’erreur l’ampleur de la mauvaise gestion au Mali. Car, c’est aussi cela la mission du Végal ; dont le profil permet surtout de faire une mesure quantitative et normée des opérations financières, afin de chiffrer l’écart entre ce qui est prévue et ce qui est réalisée. C’est bien mais peut mieux faire !
Mieux que la photo de la situation, il serait plus pertinent de s’intéresser au film, qui donne plus de détails sur les processus et les acteurs impliqués (décisions et opérations). Qui a nommé certains maillons forts des dispositifs ? Sachant qu’un cadre véreux à une époque donnée, à qui échoit une responsabilité importante, ne peut qu’être pire. A qui la faute ?
Si l’on s’intéresse au déroulement des choses, le Ministre Oumar Ibrahim Touré va devoir payer aussi pour des faits dont les responsabilités devraient se situer à d’autres niveaux de la gouvernance du Mali. Alors OIT : « responsabilité certes, mais partagée ! »
Car, il est de notoriété publique, que très peu de Ministres, Directeurs, ou même Chefs de projet ont le pouvoir réel de prendre des décisions majeures et tout simplement la latitude de choisir leurs collaborateurs. Y compris les plus proches ou ceux chargés des dossiers importants et sensibles. Depuis un certain temps, aucun Ministre ne peut toucher ni à certains de ses conseillers techniques, ni à ses directeurs nationaux et régionaux, encore moins à son Ségal, sans un accord venant d’un haut lieu. En général, c’est un niet catégorique. La plupart se contente de « faire avec » ce qu’on leur impose. C’est ce qu’on appelle : « Donner la tête, après avoir retiré la langue » !
Bien entendu, face à de telles contraintes les récipiendaires sont libres d’accepter ou de décliner l’offre de poste. Toutefois, il n’est pas aisé pour un Cadre de refuser, une nomination à des responsabilités aussi intéressantes et importantes pour sa carrière personnelle. En effet, le besoin de réalisation motive chacun d’entre nous à un moment donné de notre parcours personnel et professionnel. C’est tout simplement humain !
Dans la situation contraignante pour le Ministre ou autres responsables, ce qui est inconcevable et inadmissible serait surtout de laisser croire aux plus hautes autorités : Président et Premier Ministre que cette pratique consistant à imposer des collaborateurs à un responsable à ce niveau serait juste et efficace. Il vaut mieux responsabiliser les gens et les contrôler souvent ! Le changement de pratique dans le domaine du choix des collaborateurs à ce niveau s’impose d’autant plus que cela engagera davantage un Ministre dans les responsabilités, qui seront les siennes, en cas de succès ou d’échec inhérent à une mauvaise gestion des affaires dont il sera en charge.
Au lieu de couper la branche, il faut soigner l’arbre à la racine.
Au lieu de s’arrêter à la photo, nous devrions nous intéresser davantage au film pour une meilleure compréhension des phénomènes dans un système pour mettre en place des réponses durables.
.Apho Cissé, Paris
13 Octobre 2010.