Le 18 août 2020, quand les militaires mettaient fin au régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta, président démocratiquement élu et plus tard, contesté par le peuple (M5-RFP notamment) pour sa gestion catastrophique du Mali, tant sur le plan sécuritaire, gouvernemental que sur le plan de la lutte contre la corruption, de l’amélioration des conditions d’éducation et les services de santé, etc.
Les Maliens ont manifesté un ouf de soulagement. Regroupés quelques heures plus tard, après la démission du président de la République, sous le nom « Comité National pour le Salut du Peuple » (CNSP), ils (membres du CNSP) avaient promis de mettre en place une transition civile. En d’autres termes, de passer le pouvoir aux civils, le coup d’Etat n’étant plus cautionné par les organisations internationales. Mais au fil des jours, nous avons vu le langage des héros du 18 août dernier changé. Ils parlent maintenant d’une transition militaire. Ces déclarations de nos « héros » ont semé le doute dans l’esprit de certains citoyens appartenant à des organisations de la société civile, le M5-RFP, précisément.
Les observateurs avertis murmurent ainsi que les militaires ont commencé à prendre goût au pouvoir. Cela s’est matérialisé par le premier couac de leur gestion avec le report sine die de l’atelier d’élaboration des termes de références sur les assises de la transition. Bien ou mal conseillés par des spécialistes de tout bord, les membres du Cnsp avaient commis la maladresse d’inviter les associations, les syndicats, les partis politiques… en ne faisant pas mention du M5-RFP dont la lutte a été parachevée par eux. «On se reconnaissait dans les revendications du M5-RFP. Nous avons parachevé leur lutte», avait déclaré le Colonel Major Ismael Wagué, leur porte-parole. Du côté du CNSP, on dit qu’on a mis le M5-RFP du côté de la société civile. Et pour le M5-RFP, c’est fait intentionnellement. Le citoyen Lamda pense que c’était une erreur de débutant. Cette tempête passa.
Les assises sont tenues les 10, 11 et 12 septembre 2020 sur la transition. Au terme de ces assises, on se rendra vite compte que le CNSP était très mal conseillé par ses experts ou conseillés occultes. Ou bien voulait-il se détourner de sa promesse vis-à-vis des Maliens et du monde entier. On fait parachuter, selon le M5-RFP, une charte de la transition qui n’a fait l’objet d’aucun débat durant les trois jours. « En conséquence, le M5-RFP se démarque du document produit qui ne reflète pas les points de vue et les décisions du peuple malien » . Plusieurs autres participants ont émis des réserves sur la charte. C’est donc affaibli que le président du CNSP, colonel Assimi Goïta et son équipe se sont rendus à Accra, avec une charte qui n’a pas fait l’unanimité, le 15 septembre 2020, pour répondre à l’appel des Chefs d’Etat de la CEDEAO. Et le résultat est sans équivoque. L’échec est patent. La CEDEAO balaie d’un revers de la main les propositions de la charte de transition et exige que le président soit un Civil de même que le Premier ministre et que le vice président ne sera nullement le remplaçant du président en cas de vacances de pouvoir.
Le CNSP a demandé à venir voir son peuple. Ce qui est normal et même obligatoire pour lui. Car la charte mérite bien un débat. Nous espérons que Assimi Goïta et ses hommes tireront des leçons de ces erreurs. Le CNSP doit faire attention pour ne pas connaître le même sort que le défunt Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE) de Amadou Haya Sanogo. Ceux qui l’encourage à se maintenir au pouvoir, sont-ils réellement pour leurs intérêts ou de celui du Mali ? En tout cas, la junte milite a une semaine pour redescendre sur terre afin d’éviter un embargo total de la CEDEAO.
Hadama B. Fofana
Le Républicain du 18 Septembre 2020