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Depuis une semaine, le marché national est en rupture de gaz domestique. Le combustible est indisponible dans les stations d’essence, dans les principaux dépôts de grossistes et autres revendeurs. Il n’est pas rare de voir des jeunes gens trimballer leurs bouteilles vides dans la ville à la recherche d’hypothétique lieu de recharge. Des chefs de famille se promènent avec leur bonbonne de gaz attachée sur leur moto ou gardée dans le coffre de leur véhicule pour guetter le précieux sésame.

La pénurie est due à une crise dans les centres d’emplissage de gaz. Les sociétés privées maliennes en plus des grossistes que sont Sodigaz, Total, Sigaz, Coumba gaz et Faso gaz n’ont plus rien en stock. Celles-ci connaissent un problème d’approvisionnement auprès de la société ivoirienne de raffinage (Sir), le principal fournisseur.

Selon Selon lui, les responsables de la Sir affirment être confrontés à leur niveau à un problème d’approvisionnement du marché ivoirien du gaz acheté sur le marché international. L’une des priorités de la Sir, a ajouté M. Diawara est de satisfaire a priori le marché local ivoirien, où la forte demande existe aussi avec le ramadan.

La subvention en cause ou chantage ?

Le président Oudiary Diawara prévoit la fin de la crise pour la semaine prochaine avec l’arrivée de beaucoup de citernes d’Abidjan. Mais à quand la solution à ces sempiternelles pénuries qui reviennent tous les ans aux mêmes périodes ?

Le président du groupement des opérateurs gaziers répond que l’Etat qui détient le cordon de la bourse est le seul à avoir la solution. Selon lui, la subvention qui leur est payée ne tombe jamais à temps. Leur facture de 2009 représentant 10 mois d’arriérés, n’a été réglée qu’au mois de juillet 2010, au moment où les cinq sociétés de gaz avaient fermé le robinet par manque d’argent. Ce qui arrive chaque fois, comme par hasard, à l’approche du mois de ramadan. Le règlement de la facture de 2010 est programmé pour avril 2011. Ces longues échéances, aux dires de M. Diawara, grèvent leurs fonds de commerce et les empêchent de passer commande auprès de la Sir qui ne livre pas à crédit.

L’insolvabilité de l’Etat, toujours selon M. Diawara, constitue un frein à l’exécution de leurs besoins d’investissements dans le secteur. Leur capacité de stockage est limitée à 1000 tonnes contre 25 000 à 30 000 tonnes au Sénégal, en Côte d’Ivoire et dans la plupart des pays côtiers. La consommation annuelle au Mali est estimée à 9600 tonnes.
Oudiary Diawara s’insurge contre le mode de paiement de la subvention qui permet de mettre le gaz domestique à la portée de beaucoup de Maliens. A ses dires, la subvention ne doit pas être indexée au budget d’Etat qui rencontre toujours des difficultés dans son exécution. Il souhaite que le paiement se fasse de façon autonome et indépendante pour éviter toute lourdeur administrative et difficultés financières au trésor public.

Dans sa politique de protéger le couvert végétal et arrêter la coupe abusive de bois, notre pays a vulgarisé l’utilisation du gaz domestique. Le produit au départ subventionné par l’Union européenne dans l’ensemble des pays du CILSS est depuis une dizaine d’années à la charge des Etats concernés.

Abdrahamane Dicko

19 aout 2010