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En entrant par la grande porte de l’auto gare, en continuant jusqu’au fond, on arrive à l’endroit où les maisons closes ont été cassées. A gauche, il y a un magasin de pièces détachées. Quelques pas en avant, le spectacle est irritant et dégueulasse. Non loin du commissariat du 7 ème Arrondissement, entre la Direction Régionale des Transports et la COFESFA, on aperçoit un groupe d’une dizaine de filles dont l’âge varierait entre 14 et 22 ans. Tout autour d’elles, d’éventuels clients et aussi des passants.

Lorsque nous sommes arrivés sur les lieux, dans la nuit du dimanche au lundi dernier, nous avons vu “l’invisible”. Ces filles arrêtées sur les ruines des maisons closes n’attendent que les clients. Chaque fois qu’un client arrive, il prend la fille de son choix. Et quelques pas à côté, sans peur, sans crainte, sans pudeur, ils vont passer à l’acte. Ce n’est pas la lumière, encore moins les passants qui deviennent gênants.

Toutes ces filles s’exprimaient entre elles et avec les clients dans un bambara authentique. Pour les Maliens, ce sont des filles de nationalité étrangères qui pratiquent la prostitution. La réalité, c’est que plusieurs Maliennes s’adonnent au métier. L’une d’elles a tenu ces propos lorsque nous passions : “Je cherche de l’argent. Tout le reste n’est pas mon problème. En venant de mon village, personne ne m’a donné mon transport…”. Ce qui nous situe aisément sur le fait que celle qui a ainsi parlé, vient du village. Mais sont elles toutes des villageoises. On ne saurait le savoir.

Les autorités ne sont elles pas au courant de cette prostitution en plein air à la gare de Sogoniko. Surtout que le commissariat du 7ème Arrondissement est situé tout près de là. Si on a pensé qu’en cassant les maisons closes, une solution serait trouvée au problème de la prostitution, voilà que les péripatéticiennes ont adopté une autre stratégie beaucoup plus nuisible à nos coutumes et moeurs. La prostitution n’est pas en tant que telle interdite dans notre pays ( la loi condamne le racolage), mais la faire en plein air, il y a de quoi se révolter.

Un journal avait mentionné dans ses colonnes que des jeunes des quartiers environnants avaient attaqué certaines prostituées. Les filles que nous avons vues dimanche dernier, étaient accompagnées de nourrissons, de petits enfants…

Les ruines des maisons closes de Sogoniko font penser à la “Marienplatz”, une ville allemande où en plein jour et face à face, on paye de l’argent pour aller regarder des gens faire l’amour. Certes nous sommes sur la même planète, mais avec des cultures différentes. Nous devons mettre la pédale douce, autorités, parents, médias etc.

Au moment où nous étions en train de mener nos enquêtes, deux agents de police sont venus nous trouver sur les lieux, et n’ont pas réagi. Les filles ont également fait comme si rien n’était. Elles n’ont aucunement craint les policiers, qui ne sauraient visiblement avouer qu’ils ignorent ce phénomène.

La semaine dernière, nous avons d’ailleurs vu dans un commissariat de police des filles détenues qui farcaient avec des policiers. Pour la dépravation de nos moeurs, tout le monde est interpellé.

Konaté Goudia

07 février 2006.