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Le Mali, situé dans la partie subsaharienne du continent africain avec une superficie de 1.241.000 km2, est un vaste pays de plaines et de plateaux situés sur le CRA-TON-OUEST africain faisant de lui un <>.

Les historiens et géographes disent que cette position géologique n’est pas une affirmation gratuite. Elle est l’expression d’un passé glorieux à travers ses souverains notamment Kankou Moussa qui effectua le pèlerinage à la Mecque accompagné de 1000 esclaves porteurs de 8 tonnes d’or.

Elle est également l’expression probante, dit-on, dans le milieu minier, de l’inventaire minier qu’ont entrepris les différentes Républiques de l’indépendance à nos jours. Tout ceci a conduit à l’avènement de grandes mines comme Sadiola, Yatela, Syama, Morila et bientôt Loulo… dont on connaît l’important apport dans l’économie du pays.

Il n’y a pas que de l’or au Mali. Notre sous-sol renferme également d’autres substances minérales dont la plupart sont sous-exploitées (exploitation parfois artisanale) ou inexploitées. On note aussi l’existence de cinq bassins évalués sur la base des données en matière de pétrole.

Tout ceci fait aujourd’hui du Mali un pays convoité par les grandes sociétés d’exploitations internationales. L’Etat malien fournit davantage d’efforts pour rendre le code minier plus incitatif et évolutif. Même si à ce niveau, on pense que l’Etat peut encore mieux faire. Mais le problème n’est pas seulement une question de textes. Les incompatibilités d’humeur et les conflits interpersonnels y sont également pour quelque chose.

Au Mali, le dialogue entre miniers n’a pas toujours été facile. Ceux-là qui doivent organiser le secteur minier, sont parfois à couteaux tirés bloquant toute initiative.

L’Union Nationale des Opérateurs Miniers du Mali (UNOMIN) créée en 1994, dans un souci de rendre la vision des opérateurs miniers plus visible, aura-t-elle échoué dans sa mission ?

En 10 ans d’existence, elle n’aura pas réussi à maintenir la cohésion au sein de la famille. Toute chose qui entraîna récemment la création d’une autre structure minière, en l’occurrence, le Conseil National des Opérateurs Miniers (CNOM) qui a actuellement le vent en poupe.

Alors pourquoi deux regroupements pour une même cause ? Le Malien s’est toujours posé cette question sans avoir une réponse convaincante. Mais, dans le milieu minier, on explique que l’UNOMIN n’a pas comblé toutes les attentes et les espoirs, placés en elle, ont été déçus.

Le CNOM, né à la suite de cette déception, j’allais dire de cet échec, pose aujourd’hui des objectifs assez clairs auxquels il souhaiterait que tous les acteurs y adhèrent. Tous ?

Pari presque impossible quand on sait que les responsables de l’UNOMIN restent convaincus que <> s’appelle CNOM et que la future Chambre des mines (objet de toutes les convoitises) doit demeurer l’oeuvre exclusive et sans partage de l’UNOMIN. A ce niveau déjà, le dialogue entre minier semble compromis puisque se bute à un mur infranchissable.

Mais peut-on construire dans la désunion ? A quoi servirait une chambre des mines si, à l’intérieur, les membres ne parlent pas le même langage ?

En zone UEMOA, on parle d’uniformiser le code minier. Une délégation de l’UEMOA, conduite par un Malien, a déjà séjourné à Bamako où il a rencontré les différents acteurs : UNOMIN, CNOM, DNGM, etc.

L’uniformisation du code minier dont il est question vise à élaborer un code plus incitatif ; à amener les opérateurs privés à pouvoir mieux défendre les doléances de tous les opérateurs miniers. Objectif noble, certes. Seulement, dans un pays comme le Mali où les intérêts divergent, il est difficile de rassembler.

Dans beaucoup de pays de la sous-région, il existe déjà une chambre des mines, donc, sont beaucoup plus en avance sur le Mali.

Au Mali, comment parler de relecture des textes dans une atmosphère aussi délétère ? Est-ce à dire que la Chambre des mines naîtra-t-elle sur fond de dissensions ?

Dans certains milieux miniers, on pense qu’une chambre consensuelle ferait l’affaire de tout le monde et permettra de gagner plus la confiance des partenaires étrangers. Reste à savoir si les éléments à la tête le voient ainsi.

L’autre inquiétude concerne l’indépendance même de cette future Chambre. Sera-t-elle un instrument entre les mains des seuls opérateurs miniers, comme c’est le cas dans beaucoup de pays ? Ou l’Etat aura-t-il une mainmise sur ladite chambre ?

La question mérite d’être posée, selon un opérateur minier, qui croit que le décret n°04-587/PRM du 23 décembre 2004 fixant organisation et fonctionnement de la chambre des mines est une véritable menace à l’indépendance de la future chambre des mines du Mali.

Ledit décret stipule que le secrétaire général de la chambre des mines est nommé par le ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau après consultation du président de la chambre des mines.

Ce qui laisse supposer que l’Etat veut garder un oeil sur la chambre des miniers. Dans beaucoup d’autres pays, ce ne serait pas le cas. La chambre des mines est et demeure indépendante. Pourquoi le Mali fera-t-il exception par rapport à cette disposition ?

Grande inquiétude, en effet, quand on sait que les grandes sociétés d’exploitation qui opèrent au Mali, sont, pour la plupart, membres respectifs d’une Chambre des Mines indépendante vis-à-vis de l’Etat.

Comme c’est le cas dans les pays anglophones. Les dispositions du décret n°04-587/PRM du 23 décembre 2004 ne créeront-elles pas une atmosphère de méfiance entre ces sociétés ou partenaires qui viennent ou veulent investir au Mali ?

Ce décret fera de la Chambre des mines une institution à l’image de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali ou de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture, etc.

Des décisions prises par la future Chambre des mines pourront être annulées par l’Etat, au besoin. Or, nous savons que l’ingérence de l’Etat suscite parfois une méfiance chez les opérateurs privés étrangers, qui, vraisemblablement aimeraient plutôt traiter en toute garantie avec d’autres partenaires privés sans que l’Etat n’interfère entre eux.

Pourquoi donc ne pas s’inspirer des autres pays de la sous-région où aucun fonctionnaire de l’Etat ne siège au niveau de la Chambre des mines?

Les opérateurs miniers sont-ils si unis pour défendre la même cause ? En tout cas, le dialogue entre minier ne se fera pas sans sacrifice et sans concession. Le CNOM a, de son côté, par la voix de son Président, fait savoir que par rapport à la future chambre des mines, qu’il a déjà adressé au ministre des Mines de l’Energie et de l’Eau, un courrier dans lequel il dit avoir attiré l’attention sur les insuffisances des textes existants, qui, selon lui, « conduiraient inéluctablement à la mise en place d’une Chambre des Mines non crédible, si des mesures spéciales et urgentes n’étaient pas prises« .

Le décret n°04-587/PRM du 23 décembre 2004 est-il concerné ? Les jours à venir nous édifieront davantage.

Aimé RODRIGUE

19 août 2005