On dit que “le silence n’est pas un oubli”, etqu’“il y a un moment pour chaque parole” A cinq jours de la formation du nouveau bureau de la quatrième législature, il faut rappeler que des dérapages ont précédé chaque renouvellement du bureau de l’Assemblée…
Les législatures se succèdent au Mali, mais ne se ressemblent pas. En effet, de 2002 à 2005, chaque renouvellement du bureau de l’Assemblée nationale sous l’égide de son président, Ibrahim Boubacar Kéïta non moins président du RPM, s’est soldé par des dérapages, agitations, et bouleversements. D’où l’intervention fréquente du Président de la République pour désamorcer la crise.
Le diktat du groupe parlementaire RPM-RDT
C’est cette majorité du RPM qui a présidé à tous les renouvellements de bureau, de 2002 à 2005, sans le sens de la mesure. “Hier, c’était pour vous, aujourd’hui, c’est pour nous… Telle place est à prendre ou à laisser…”. Tels étaient entre autres, les propos des députés RPM.
Faisant allusion à leur nombre, certains députés RPM avançaient cet argument: “C’est le peuple qui nous a envoyés massivement à l’hémiycle pour faire des lois”. Faire des lois n’est nullement imposer son diktat, une situation personnifiée par l’attitude d’IBK, qui avait transformé l’hémicyle en un champ de guerre.
Pour preuve : A chaque rentrée parlementaire, il tirait à boulets rouges sur tous ceux qui ne tenaient pas le même langage que lui.
Qu’en est-il réellement de la troisième législature?
En 2002, la répartition des postes avait été faite proportionnellement au nombre de députés par groupement. A ce jeu, l’ARD avait au moins droit à 6 postes. Malheureusement, elle s’est vue notifier qu’elle n’aura pas ses 6 postes et qu’elle pouvait mettre tout le monde à la 2ème questure qui lui était attribuée, sauf M. Boré.
Aussi, en 2003, le RPM voulait reprendre au MPR la questure, parce qu’il se disait majoritaire et estimait que le poste était trop important pour être tenu par une formation autre que le RPM, sans compter les menaces qui pesaient sur les postes du CNID. Ces dérapages ont conduit l’Adema à la formation d’une majorité, dite “majorité présidentielle” afin de tempérer les ardeurs du RPM.
Avec cette gestion du RPM et de son président, à l’Assemblée nationale, n’était-il pas absurde sinon ridicule, d’entendre le secrétaire général du même parti, Dr Bokary Tréta, déclarer : “Avec l’élection de son président, El Hadji Ibrahim Boubacar Kéïta, et d’autres valeureux cadres, le RPM ne sera ni exclu du débat parlementaire, ni absent de la scène politique malienne. Il sera bel et bien présent dans l’hémicycle et prendra sa part de responsabilité dans l’animation de la vie politique malienne, au grand dam de ceux-là qui s’appréteraient à célébrer le deuil du parti… La présence du RPM dans l’hémicycle signera désormais la fin de l’atypisme du système politique malien et confèrera certainement vigueur et vivacité à notre pratique démocratique.”?
En prélude à la formation du nouveau bureau de la quatrième législature, bon nombre de députés et d’observateurs de la scène politique se posent la question de savoir sous quel tempérament sera formé ledit bureau.
Dans tous les cas, les tractations autour des postes- clés sont annonciateurs d’un éventuel bras- de -fer entre l’Adema et l’URD qui, semble t-il, n’entend plus se contenter seulement de la première vice- présidence, et de la deuxième questure de l’institution.
En somme, les citoyens maliens attendent patiemment le 3 septembre, pour voir ce qui se passera à l’Assemblée…
Moussa TOURE
29 août 2007.