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En effet, depuis quelques semaines des tractations étaient en cours entre de hauts responsables du RPM et de l’URD.

Très vite l’idée d’une fusion entre les deux formations a fait son chemin.

En fait pour le RPM le calcul était simple : avoir avec soi un allié de taille à la dimension de l’URD en vue des échéances électorales de 2007 et surtout mettre tout le poids du côté de son président Ibrahim Boubacar Kéïta qui affiche déjà ses ambitions présidentielles.

Or jusqu’ici l’URD penche plutôt vers un soutien, (en alliance avec l’Adéma) au Président Amadou Toumani Touré, en vue de lui offrir un second mandat.

Face à cette éventualité et pour empêcher toute liaison entre l’Adéma et l’URD qui se sont rencontrées pour la première fois au début du mois d’août, le RPM, à travers certains de ses responsables, a entrepris un véritable travail de corps en direction de Younoussi Touré.

Ensuite, d’autres membres du Comité exécutif de l’URD sont approchés. Il s’agit en loccurrence de Abdoul Wahab Berthé et de Mme Coulibaly Kadiatou Samaké, selon des sources proches du parti.

C’est avec ce petit cercle que le RPM tentera de jeter les bases d’une future alliance. Mais des deux côtés, aucune indication précise n’est fournie sur les objectifs et les modalités de cette fusion.

En somme, les principaux initiateurs du projet l’ont entouré de secret jusqu’à la semaine dernière, du moins au niveau de l’URD.

En réalité, c’est au cours d’une réunion du Secrétariat exécutif de ce parti, la semaine dernière, que le Président Younoussi Touré a finalement informé les autres membres de cette instance du parti des tractations entre le RPM et l’URD et du projet de fusion.

Echec au projet

Aussitôt un «front de refus» s’est constitué autour de Oumar Ibrahim Touré, actuel ministre de l’Elevage et de la Pêche et vice-président du parti, pour rejeter toute idée allant dans le sens d’une fusion entre les deux formations.

Ce front comprenait, selon nos sources, Oumar Samba Diallo et Alou Sow, respectivement président d’honneur et membre du bureau exécutif. Sous la houlette de Oumar Ibrahim Touré, le «front de refus» reprochait, en outre, à Younoussi et aux partisans du projet, d’avoir entrepris «un travail fractionnel à l’intérieur du parti dans le seul but d’assouvir des desseins inavoués».

Le groupe interrogea par ailleurs, Younoussi sur l’opportunité d’une telle fusion et surtout le gain politique éventuellement à en tirer pour l’URD.

A en croire nos sources, le «front de refus» aurait surtout fait remarquer le piège tendu au parti. «On veut simplement se servir de l’URD pour faciliter l’accès au pouvoir d’un homme.

Parce qu’on est pas sûr au RPM que notre parti présentera un candidat en 2007», soutien un membre de l’URD. Face à la résistance organisée à l’intérieur du Secrétariat exécutif, Younoussi aurait décidé de renvoyer la question à l’appréciation du Comité exécutif.

Ainsi, au cours de sa réunion du 27 septembre, l’instance dirigeante du parti aborda le sujet. Le président du parti, n’assista pas à la réunion. En son absence, c’est Me Abdoul Wahab Berthé qui se chargea de remettre la question sur le tapi.

Le «front de refus» dirigé par Oumar Ibrahim Touré revient à la charge. Au niveau du Comité exécutif, la division était nette entre les membres.

D’un côté, Me Abdoul Wahab Berthé et Kadiatou Samaké et de l’autre une frange majoritaire constituée de Oumar Ibrahim Touré, Me Boubacar Karamoko Coulibaly, Alou Sow, Moulaye Bocoum, Djiby Diawara et le représentant de la jeunesse Ahmed Sékou Touré.

A eux, se sont joints les députés Baba Boré et Moussa Sangaré, tous deux membres du groupe parlementaire de l’URD. Face à cette écrasante majorité, Wahab et les partisans de la fusion projetée n’ont eu d’autre solution que d’abandonner la partie.

Les membres du Comité exécutif appuyés par les députés ont donc décidé de rejeter un projet qui à leurs yeux, recèle de nombreux pièges pour l’URD.

Younoussi : la destitution en marche?

Pour autant, la parenthèse est loin d’être close au sein de ce parti. En effet, Younoussi Touré fait désormais l’objet de critiques émanant des hautes sphères de son parti.

Il lui est notamment reproché d’être à la base d’un travail fractionnel visant à diviser les membres de l’URD. Aussi, des voix s’élèvent pour dénoncer le manque d’expérience politique de l’intéressé.

Ce qui, selon certains ténors du parti, est à la base de certaines déviations. Conséquence : l’URD est aujourd’hui en passe de devenir un parti sans identité claire et qui est dirigé au gré de la destination voulue et tracée par les autres.

Ainsi, certains membres de l’URD caressent déjà l’idée d’un changement à la tête de l’exécutif de leur parti. Selon eux, avec Younoussi Touré, le parti se dirige droit vers l’implosion. Alors solution : la destitution de Younoussi Touré, selon plusieurs membres influants du parti.

C.H Sylla

29 septembre 2005.