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Le landerneau politique malien est occupé maintenant à se regrouper, à se réconcilier et à voir comment faire en sorte que nous ayons des formations politiques fortes et soudées. Seul l’honorable Konimba Sidibé semble ramer à contre-courant.

Dans sa jeunesse, le paysage politique malien a été caractérisé par le schisme. A la chute du régime GMT, il y avait juste l’Adéma et le Cnid, vite rejoints par des phénix comme le PSP et l’US-RDA.

Si l’on prend ces deux partis pionniers, on note qu’ils ont engendré à eux deux une dizaine de formations politiques. En son temps, le fait a été salué : le Malien, qui sortait de 30 ans de silence, avait besoin de multiplier les espaces d’expression. Passé l’euphorie et se rendant compte que, comme disait l’autre, « si la démocratie n’a pas de prix, elle a un coût », les partis politiques ont commencé le « reflux ».

Beaucoup étaient juste des « grin », d’autres des formations ayant juste un fief, mais souffrant très souvent du manque de fonds pour payer et entretenir des sièges et des permanents, nourrir des « obligés militants », trouver du travail aux troupes…

Il n’y a pas mille projets de société. Les partis politiques commencent à le comprendre, à mutualiser les efforts et à se regrouper selon leurs affinités. On a ainsi vu le RND se fondre dans l’Adéma, le PMDR aller à l’URD. Mais, la fusion la plus significative à ce jour a été sans nul doute les retrouvailles de la « grande famille RDA », avec le retour du Bdia et les discussions avec le PIDS. Même le PSP et le RDA se parlent…

Si ATT peut revendiquer un bilan positif dans un domaine, c’est surtout d’avoir fait redescendre les politiciens de leur nuage, de leur avoir fait comprendre que leur division ne fera qu’ouvrir les portes à un troisième larron, un indépendant, avec tout ce que cela comporte.

C’est la première lecture qui peut être faite des fusions que connaissent actuellement les partis politiques. Ces fusions répondent plus à un besoin de survie en tant que force de proposition et d’alternative. De plus, les partis politiques ont tiré la leçon des dix années de transition que nous venons de connaître.

La position de l’honorable Konimba Sidibé dans ce paysage détonne. Ayant blanchi sous le harnais, il est normalement à même de comprendre la nécessité de regroupement pour profiter des avantages comparatifs et des expériences des uns et des autres. Il est celui qui devrait comprendre le besoin de regroupement.

En temps normal, un regroupement, une fusion politique n’est pas comme une « fusion-acquisition » en entreprise, où il faut renoncer à son âme. Il s’agit de « retrouver ce qui unit », de partir sur le « plus petit commun dénominateur ». Certes, l’honorable développe son point de vue, mais, à la lecture, il occulte les points essentiels : y a-t-il nécessité de regroupement ? Faut-il y aller avec l’Adéma ?

Regroupement signifie-t-il perte d’identité ou sublimation ?
Sur le terrain, chacun a eu l’opportunité de s’évaluer, et la position de l’honorable détonne d’autant plus que lui a déjà éprouvé les avantages d’un regroupement : il a en effet été élu sur une liste commune Adéma/Parena/indépendant.

En ce moment, la campagne de l’honorable Konimba Sidibé apparaît plus comme une volonté de se singulariser, car son argument principal qui consiste à dire que le Parena devrait retourner à sa famille d’origine, le Cnid en occurrence, ne tient pas.

Me Tall, avant les démarches, n’a jamais parlé de retrouvailles et il est loisible de constater qu’à ce jour, aucune négociation n’est engagée entre les partis issus du Cnid originel.

L’autre élément qui devrait guider, c’est de savoir, que représente aujourd’hui le Cnid sur le terrain ? Tous les observateurs s’accorderont à dire que c’est l’un des partis qui dégringolent le plus. Aux premières élections, pluralistes au Mali, le Cnid était presque la 2e force politique du Mali et son chef, celui que tout le monde voyait comme un digne successeur d’Alpha, au point que notre loi électorale lui a été presque taillée sur mesure !

La question logique qui suit, c’est de savoir, que vaut l’honorable Konimba Sidibé aujourd’hui, du point de vue de sa représentativité ? A-t-il des militants derrière lui ?

Est-il seul sur sa position ou est-il le porte-étendard d’une frange importante du parti ? Si cela était, avait-il besoin d’étaler la question dans la presse au moment où tous conviennent que les débats se poursuivent ?

L’honorable Konimba Sidibé a-t-il d’autres intentions ou d’autres visées, des raisons inavouées sur le choix de sa méthode ?
Des interrogations qui ne resteront pas longtemps sans réponse, car au vu des prochains développements, on saura exactement de quoi tout cela retourne.

Alexis Kalambry

07 Mai 20100