Après ses débuts en 1994, la Générale Alimentaire Malienne était bien partie pour devenir une industrie alimentaire pouvant faire l’objet de fierté nationale. Cependant, une dizaine d’années plus tard, malgré des résultats prometteurs cette unité industrielle fait face à une concurrence déloyale compromettant son avenir. Certains de ses produits comme les biscuits et boissons sont les plus exposés à cette fraude à grande échelle au vu et au su de tout le monde.
Les conséquences d’un tel phénomène ne sont plus à démontrer. Selon le chef du service commercial, Mme Haïdara Khady Maria, si la société pouvait vendre dans le passé jusqu’à 34 000 cartons de produits finis par mois, aujourd’hui elle tourne autour de 6 000 cartons par mois. Ce qui entraîne un manque à gagner considérable en terme financier.
De son coté, le directeur général, Seydi Abdoulaye, indiquera que les difficultés par rapport au marché se sont aggravées au cours de ces dernières années et le Conseil national du patronat s’était investi pour y trouver des solutions. De ce fait, les multiples rencontres avec les autorités publiques, à travers le ministre de l’économie et des finances, ont conduit à l’inscription d’autres produits sur la liste de ceux soumis à la valeur de référence.
« Le problème n’est pas que l’Etat ne fait rien » a laissé entendre le directeur général. Cependant, ce qui est incompréhensible, c’est que des produits fabriqués au Sénégal ou en Côte d’Ivoire sont vendus au même prix dans ces pays qu’au Mali.
Or, en plus des frais de transport, ces produits sont soumis à la TVA et aux droits de douane s’ils ne sont pas payés dans un autre pays de l’Uemoa.
« Logiquement ces produits ne peuvent pas être vendus au même prix, cela n’est pas possible si l’on sait que la TVA seule représente presque un quart du coût de production » a déclaré le directeur général. Tout cela laisse croire que dans la commercialisation il y a, d’une part, une mauvaise interprétation des textes de l’UEMOA, notamment par rapport aux produits fabriqués dans les zones franches industrielles et , d’autre part, un manque de rigueur de la part des services techniques de l’Etat chargés d’appliquer les textes.
La combinaison de ces facteurs font que ces produits sont vendus au même prix et souvent moins que ceux produits dans notre pays. Ce qui crée un déséquilibre commercial entre les entreprises et favorise, par conséquent, les unités étrangères au détriment des unités locales.
« On ne demande pas à être protégé. Dans le contexte économique actuel, il n’y a plus de protection. Mais il faut un minimum de règle et de convention. Nous voulons être dans les mêmes conditions de commercialisation sur le marché que les autres sociétés. Que les produits qui entrent sur le marché national soient taxés conformément aux textes, surtout si l’on sait que toutes les unités nationales le sont déjà ». Aussi, il faut ajouter que les facteurs de production (eau, électricité) coûtent plus chers au Mali que chez les voisins concurrents.
Par exemple, dira le directeur général de la GAM, un produit qui a été fabriqué en zone franche d’un autre pays de l’Uemoa, doit être soumis à la TVA et aux droits de douane pour entrer au Mali. Curieusement nombre d’entre eux ne le sont pas et d’autres font l’objet de fausse déclaration.
En tout cas, les responsables de la GAM gardent la tête sur les épaules et restent confiants quant à l’avenir. Et le DG d’espérer que « le marché est certes salé, mais qu’il va se débloquer un jour grâce à la rigueur et à la vigilance des services de l’Etat « .
C’est fort de cet optimisme que le patron de la GAM vient d’investir dans de nouvelles machines de production de biscuits, qui sont en phase d’installation.
En tout état de cause, il appartient aux services de contrôle et de vérification des importations (Douanes, DNCC, Cotecna) d’assumer pleinement leurs responsabilités pour mettre nos unités industrielles dans de meilleures conditions afin d’affronter la concurrence dans la perspective de l’intégration sous-régionale.
Car celles-ci sont sources de revenus et créatrices d’emplois. Il faut signaler que la GAM qui a deux chaînes de production (biscuiterie et crèmerie) avec une capacité de production de 93 tonnes par mois pour la première, emploie de nos jours une centaine de salariés permanents (personnel d’usine, gérants de dépôts et cyclistes).
Youssouf Camara
2 mai 2005