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C’est ainsi que lors d’une conférence de presse organisée le samedi
dernier, des paysans de l’Office du Niger et des travailleurs de la mine
d’or de Morila ont donné du Mali une image qui tranche avec celle d’un
pays démocratique.

Devant un parterre de journalistes dont la plupart
étaient des étrangers, Bakary Traoré a pris la parole au nom des paysans
de l’Office du Niger.

Pour cet enseignant à la retraite devenu exploitant
agricole, les paysans de l’Office du Niger vivent dans une précarité
incroyable.

Selon M. Traoré, les « colons » de l’Office du Niger qui
exploitent la zone, depuis les années 1932, sont confrontés à d’énormes
problèmes liés à la gestion de la zone rizicole.

On retire aux paysans
leurs terres, a raconté M. Traoré. Ils ne peuvent pas, selon lui, faire
face à la lourdeur de la dette avec des taux de recouvrements élevés et
des modalités de paiement inappropriées.

On entend le même son de cloche
chez Youssouf Dembelé, un paysan de l’Office du Niger à Niono. Pour lui,
la production de l’Office progresse tandis que les paysans s’appauvrissent
paradoxalement.

La redevance eau est pour M. Dembélé le facteur qui réduit
les paysans au dénuement.
Cette conférence de presse était également animée par des travailleurs de
la mine d’or de Morila qui estiment ne bénéficier d’aucun avantage et ont
rappelé qu’ils sont en grève depuis sept mois.

D’après Brehima Sidibé,
représentant des grévistes, plus de 30 travailleurs sont détenus à
Bougouni.

Le motif de cette grève serait lié au constat que de 2000 à nos
jours tous les contrats des travailleurs de la SOMADES, l’entreprise
sous-traitante qui exploite la mine de Morila, sont faux.

La crise aurait
conduit au licenciement de 535 ouvriers. Le secrétaire général du syndicat
des travailleurs de la mine a étonné plus d’un journaliste en évoquant des
atteintes graves à ses droits, des accusations qui mettent gravement en
danger la réputation de la démocratie malienne.

Quant à Moko Makalou,
ressortissant de Sadiola et résidant en France, il soutient que les
réunions syndicales sont interdites à Sadiola et que lui-même a failli
faire la prison pour cette raison.

Les organisateurs de la conférence de
presse, qui estiment que le Forum social est une tribune inespérée,
méditent en attendant sur ce qui adviendra d’eux après le forum social.
Car les choses risquent d’être plus difficiles pour chacun d’entre eux.

Ismaïla Diarra

24 janvier 2006.