Partager

jpg_3014.jpg
C’était en présence de membres du gouvernement, d’invités de pays amis, de membres du corps diplomatique et consulaire et de sommités de la recherche.

La rencontre de Bamako a répondu à toutes les attentes. Les scientifiques africains et chercheurs des pays développés ou en développement ont planché sur les grandes préoccupations ayant trait au renforcement de la recherche pour la santé, le développement et l’équité.

Les débats ont fait clairement apparaitre que les pouvoirs publics, les chercheurs et les autres acteurs de la recherche pour la santé, ont une même préoccupation : mettre la recherche, au service du progrès de l’humanité. D’où la pertinence de « l’appel à l’action de Bamako ».

Cette adresse en 23 points exprime la volonté des pays d’accorder à la recherche sa place véritable dans le respect de l’éthique et de l’équité. Dans cet appel, les ministres de la Santé et leurs homologues des Sciences et Technologies, de l’Enseignement supérieur de 75 pays, s’engagent à soutenir les progrès réalisés depuis le sommet ministériel de Mexico sur la recherche pour la santé en 2004.

Ils soulignent que la recherche et l’innovation sont la solution des problèmes de santé, de pauvreté et un formidable outil de développement notamment dans les pays les moins avancés. Ainsi face aux difficultés de financement de la recherche dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, ils en appellent à la prodigalité des gouvernements en les invitant à accorder la priorité au développement des politiques de recherche et d’innovation pour la santé, (surtout les soins de santé primaire). L’appel à l’action de Bamako est aussi une invitation aux gouvernements à allouer au moins 2% des budgets de la santé à la recherche.

Le document exhorte les pays de la planète à mettre en place des mécanismes intersectoriels, interministériels et transfrontaliers, de recherche pour relever les multiples défis de développement dans les pays en développement en général et ceux du continent africain en particulier.

Il invite les partenaires au développement à exploiter le potentiel de la recherche en s’appuyant sur les nouvelles sciences, les technologies émergentes et les innovations sociales et technologiques, à harmoniser le financement des plans stratégiques et systèmes nationaux de recherche.

L’appel de Bamako incite aussi les bailleurs de fonds et les agences de développement internationales, à allouer au moins 5% des fonds d’aide au développement au secteur de la santé.

Luis Gomes Sambo, le directeur régional de l’OMS pour Afrique, a jugé que Bamako 2008 a été un franc succès et que les résultats escomptés ont été atteints. « La recherche joue un rôle crucial dans la régénération des connaissances, la mise au point de nouvelles technologies, la prise de décision mais aussi l’évaluation des programmes de santé », a-t-il commenté.

Julia Hasler de l’UNESCO a constaté la correspondance entre la déclaration de Bamako et les missions de son institution. « L’appel de Bamako fait une mention à l’éducation. Ceci est véritablement notre domaine de compétence », a-t-elle précisé.

La conférence de Bamako fera date dans les annales de la recherche mondiale et confirme le leadership africain du Mali dans le domaine de la recherche, a estimé pour sa part Ok Pannenborg de la Banque mondiale.
L’investissement dans la recherche dans les pays pauvres, passe par l’accompagnement des politiques. Le Mali constitue, de ce point de vue, est un bel exemple, a estimé le Pr Stephen Matlin de Global forum health research qui a salué le plus apporté au forum par l’engagement des plus hautes autorités de notre pays.

Le directeur exécutif du Conseil de la recherche en santé pour le développement (COHRED), le Pr Carl Ijsselmuiden, a, lui, insisté sur la nécessité de faire participer les pauvres à la recherche pour la santé.
Le Premier ministre s’est dit convaincu que l’amélioration continue de la santé ne peut se concevoir que si elle est soutenue par une recherche cohérente et dynamique. Modibo Sidibé a souhaité que l’appel à l’action de Bamako serve la cause commune de l’humanité, celle de la recherche pour le développement.

Le chef du gouvernement a rendu hommage aux membres du comité d’organisation pour les efforts accomplis avant d’interpeller la communauté scientifique, les décideurs politiques et les bailleurs de fonds : « Vous avez souscrit à un appel. C’est maintenant le temps de l’action, le temps d’agir ».

Le prochain forum ministériel mondial sur la recherche pour la santé se tiendra l’année prochaine à la Havane à Cuba.

***

La volonté de concrétiser l’appel de Bamako

Bamako, a balisé des voies spécifiques de financement de la recherche. Les partenaires vont-ils suivre ?

Le Forum ministériel mondial sur la recherche pour la santé a été organisé conjointement par notre pays et le Conseil de la recherche en santé pour le développement (COHRED), Global Forum for health research, l’UNESCO, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, et les représentants de ces différentes organisations ou institutions, ont animé mercredi aussitôt après la clôture du forum, une conférence de presse pour expliquer l’esprit et la lettre de l’appel de Bamako.

Oumar Ibrahima Touré a, dans son introduction, marqué sa fierté pour l’adoption de l’appel à l’action de Bamako dont l’objectif principal est la promotion globale de la recherche pour la santé dans les pays en développement. « Il nous faut donc maintenir le leadership dans la recherche pour la santé, l’équité et le développement. Bamako va être un nouveau départ pour la recherche internationale« , a-t-il commenté.

Réagissant aux appréhension des journalistes, sur la mise en œuvre de l’appel à l’action de Bamako, Thimoty Evans de l’OMS, Carl Ijsselmuiden de COHRED, le Pr Stephen Matlin de Global forum, le Dr Julia Hasler de l’UNESCO et Ok Pannenborg de la Banque mondiale ont délivré des apaisements avant d’insister sur la nécessité d’efforts susceptibles de répondre aux aspirations en matière de recherche pour la santé.

Le Pr Matlin a, par exemple, expliqué qu’à la différence de l’appel de Mexico, lancé voilà quatre ans, celui de Bamako a balisé des voies spécifiques de financement de la recherche. A cet effet, une carte de suivi de la recherche a été ouverte. Il s’agira de voir si les partenaires respectent leurs engagements.

A la question de savoir si notre pays était prêt pour la concrétisation de l’appel de Bamako, le ministre de la Santé a levé toutes équivoques. Le Mali remplira sa part de responsabilité comme il en a le potentiel, a répondu Oumar Ibrahim Touré. Notre satisfaction, a-t-il souligné, est d’avoir montré à la communauté scientifique internationale à la faveur de cette rencontre ce formidable potentiel.

Il faut préciser qu’un des atouts majeurs de notre pays en matière de recherche pour la santé, est l’existence de compétences scientifiques compétitives. Le ministre a cité l’exemple du prestigieux prix du Prince des Asturies, décerné en octobre au Malaria research training center (MRTC) du professeur Ogobara Doumbo et la création de l’Institut africain de formation en pédagogie, recherche et évaluation en sciences de la santé (IAFPRESS) dans notre pays.

Tous les efforts accomplis en faveur de la recherche doivent être soutenus par un engagement politique. Cet engagement, réel dans notre pays, est attesté par l’augmentation chaque année du budget de la santé. En outre, le Mali construira prochainement une Maison de la recherche pour soutenir cet engagement.

****

L’esprit de Bamako

Après le forum ministériel mondial sur la recherche pour la santé, il subsistera ce qu’il conviendrait d’appeler prosaïquement, l’esprit de Bamako. Les participants espèrent qu’après cette rencontre, les sciences souvent trop « scientifiques », deviennent plus « sociales« . En d’autres termes, les pays doivent s’engager plus avant dans le respect des principes d’éthique en matière de recherche pour la santé.

C’est le principal enseignement de la plénière de mercredi sur la recherche pour la santé. Les scientifiques devaient réfléchir sur les implications d’un changement de paradigme de la recherche sur la santé. La question fondamentale était de savoir si la communauté mondiale de la santé et les autres acteurs allaient adopter cette démarche.

Est-il possible pour des pays aux ressources limitées, d’expérimenter de nouveaux mécanismes de coordination interministérielle des politiques dans la recherche pour la santé et l’équité en santé ? La question demeure, pour l’heure, sans réponse mais il est d’ores et déjà nécessaire de prendre en compte les dimensions environnementales, écologiques et physiques, entre autres, dans la recherche pour la santé.

Anthony Mbewu d’Afrique du Sud a pointé du doigt les inégalités qui existent dans la répartition des ressources de la recherche. Sur les 160 milliards de dollars, soit environ 80000 milliards de Fcfa, consacrés à la recherche chaque année très peu de ressources sont destinées aux pays en développement, constate-t-il. Les gouvernements nationaux doivent aussi consacrer au moins 2% de leur budget alloué à la santé, à la recherche.

A en croire Fiona Godlee, rédactrice en chef du British medical journal, « il n’existe pas de recherche sans publication et un accès ouvert aux résultats de la recherche est nécessaire« .

Si les scientifiques reconnaissent la nécessité pour les pays de définir les priorités de recherche, ils invitent les bailleurs de fonds à faire davantage confiance aux institutions de recherche. « Nous palabrons continuellement pour dire la même chose. Il faut renforcer les capacités, les connaissances mais la question est de savoir ce que nous pouvons faire maintenant », a reconnu Godlee.

La question des essais cliniques a été également évoquée dans les communications. Ceux-ci sont nécessaires parce qu’ils permettent de trouver des médicaments efficaces. Mais ils doivent respecter les principes d’éthique notent les scientifiques. A ce propos, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a été invitée à veiller sur la moralité de la recherche.

B. DOUMBIA

21 Novembre 2008