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Sans égalité des sexes, l’aide ne mènera à aucun développement efficace et ne contribuera pas à la réduction de la pauvreté. Tel était le constat, sinon le slogan formulé par les femmes, lors du Forum International des Femmes tenu le 20 Août 2008 au Holiday Inn Hôtel d’Accra, au Ghana, en prélude du 3è Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide tenu du 2 au 4 Septembre 2008 à Accra.

Le thème dudit Forum International des Femmes : “Egalité des genres et efficacité de l’aide : quel est l’enjeu au 3 è Forum de haut niveau ?”. Parmi les 170 organisations de femmes qui avaient pris part au Forum figuraient deux organisations féminines maliennes : WILDAF-Mali représenté par sa Chargée de programme, Mme Bouaré Bintou Founé Samaké, et FEMNET-Mali représenté par sa présidente, Mme Doumbia Mama Koïta.

Ainsi étaient présentes des femmes en provenance de 15 pays d’Afrique de l’Ouest et de la Mauritanie, représentant 33 organisations et réseaux, deux mécanismes nationaux de promotion des femmes de la sous-région, et le bureau sous-régional de WILDAF.

L’objectif du Forum des femmes visait à promouvoir les droits et la responsabilisation des femmes dans le contexte des politques et pratiques de développement et d’aide ; à consolider les efforts de renforcement des alliances des organisations et réseaux des droits de la femme pour inclure l’égalité des genres et la responabilisation de la femme dans les débats sur le développement ; à identifier de nouvelles opportunités pour les organisations des droits de la femme, et à relier Accra à Doha pour le processus du financement pour le développement et au delà.

Durant une journée, les différentes organisations et réseaux des droits de la femme et les militants du genre ont renforcé leur capacités de réseautage en prévision du 3è Forum de haut niveau d’Accra.

En Mars 2005, les pays membres de l’Organisation pour la Coopération et le Développement (OCDE) et les pays partenaires ont signé la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide et envisagent d’examiner sa mise en œuvre lors du 3è Forum du haut niveau sur l’efficacité de l’aide prévue pour Accra du 2 au 4 Septembre 2008.

L’objectif principal de la Déclaration de Paris sur l’éfficacité de l’aide est d’entreprendre des réformes au niveau de l’acheminement de l’aide, en prévision de la revue à mi-parcours des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) de l’ONU. La Déclaration de Paris devrait accroître l’impact de l’aide sur la réduction de la pauvreté et de l’inégalité, promouvoir la croissance, renforcer les capacités et accélérer la réalisation des OMD qui visent à réduire de moitié la pauvreté, d’ici 2015.

Aujourd’hui, plus de la moitié des populations vivant dans la pauvreté sont des femmes. Les femmes dans les pays en
développement doivent également faire face aux effets multiplicateurs de l’inégalité, du fait qu’elles sont des femmes. Il s’agit évidemment d’une question d’engagement politique : il s’agit d’accorder, à l’égalité des genres, la priorité qu’elle mérite en tant que l’un des objectifs-clés de développement ; sinon, on pourra mettre en place des mécanismes. Mais les résultats ne sont pas réalisés.

La perspective que des organisations des droits de la femme sont en train de promouvoir est qu’on ne peut pas réaliser l’efficacité de l’aide sans l’efficacité du développement. Et que l’égalité des genres, les droits environnementaux et les droits humains doivent être reconnus comme des préalables à l’ efficacité du développement.

Leurs questions transversales ne sont pas prises en compte dans ces domaines ; et on les considère comme accessoires au programme de développement et à l’efficacité de l’aide. Sans l’égalité des genres et la perspective de la responsabilisation des femmes, l’efficacité de l’aide ne favorisera pas la réduction de la pauvreté et la réalisation des OMD.

Même si la Déclaration de Paris reconnaît le rôle des organsiations de la société civile, les OSC n’ont pas pu participer officiellement à ce processus jusqu’en 2006, lorsque le Groupe de travail sur l’efficacité a mis sur pied un Groupe consultatif sur les OSC et l’efficacité de l’aide à cette fin.

En dehors des représentants des gouvernements des pays donateurs et des pays partenaires, il existe six réseaux d’OSC qui sont impliqués, depuis le début, dans cet organe, en plus des deux organisations des droits de la femme (AWID et WIDE) qui jouent le rôle d’observateurs depuis Février 2008.

A l’issue des débats, les femmes ont remarqué que la Déclaration de Paris demande la participation systématique “d’un grand nombre de partenaires au développement, lorsqu’il s’agit de l’élaboration et l’évaluation des progrès réalisés, dans la mise en oeuvre des stratégies nationales de développement ”.

Cependant, l’expérience des femmes montre l’insuffisance de l’interaction, le manque de connaissances des principes et des obligations de la Déclaration de Paris, et le manque d’instruments formalisés pour suivre, de manière participative, et pour influencer la mise en place de telles stratégies.

D’où les recommandations pour une interaction pratique avec toutes les parties prenantes, afin d’assurer que le programme d’efficacité de l’aide favorise une réelle appropriation et une véritable responsabilisation. Aussi, les gouvernements, entre autres, ont été appelés à définir l’espace politique et des mécanismes au niveau national, permettant une participation active de tous les intéressés -y compris les parlementaires, les églises, les organisations religieuses et de la société civile, et les femmes- dans la planification, la mise en œuvre et l’évaluation des plans de développement.

Elles ont également demandé à ce que les femmes soient reconnues comme actrices décisives dans le Programme d’action d’Accra. Il s’agit donc d’inviter les dirigeants africains à engager leurs citoyens, la société civile, les organisations de femmes, pour être les co-créateurs de la bonne gouvernance et pour assurer que les informations provenant des communautés et des différentes départements orientent la formulation des politiques au niveau national.

Une plus grande transparence de tous les acteurs est indispensable : selon les femmes, les donateurs et les gouvernements bénéficiaires doivent s’engager à une plus grande transparence, en établissant des critères clairs et précis, pour la publication opportune et accessible des informations permettant aux citoyens et leurs représentants élus de participer à la prise des décisions et de tenir les gouvernements et les donateurs responsables de leurs actes.

Il s’agira aussi de promouvoir la mise en place de structures autonomes de responsabilisation au niveau national, en accord avec les engagements à la démocratie et à la bonne gouvernance, les pays donateurs et les gouvernements bénéficiaires ont la responsabilité de promouvoir la mise en place des structures autonomes pour garantir de bons systèmes de responsabilisation aux niveaux national, régional et local.

En outre, les donateurs ont le devoir de faire en sorte que leurs propres demandes de responsabilisation ne remplacent pas le rôle et la participation des acteurs nationaux .

Il existe de nombreux bons exemples de mécanismes de multiples parties prenantes pour suivre l’impact des politiques de développement. Les donateurs et les gouvernements doivent s’engager à adopter les meilleurs pratiques convenues sur le plan international, telles que celles proposées par les Organisations confessionnelles à travers des systèmes de suivi des politiques qui peuvent servir de guide pour la responsabilisation mutuelle au niveau des pays.

Au cours ce Forum, les femmes maliennes ne sont pas restées en marge, car Mme Doumbia Mama Koïta a eu a présenter la recommandation faite par les représentants des organisations de la société civile féminine malienne réunies à Bamako le 2 Août 2008 à la Maison du Partenariat où des recommandations ont été faites par WILDAF-Mali, COFEM, AEFD, RADECO, RESEAU -MGF, MUSO KUNKA, AEN, FEMNET-MALI, GP-DCF, CAFO, CADEF, AJM et AMDH.

Il s’agit de la reconnaissance des organisations de la société civile en général, et des organisations de promotion des droits de la femme en particulier, comme acteurs à part entière du développement ; du renforcement de la capacité des organisations de femmes en vue de leur pleine participation à l’élaboration des politiques, programmes et budgets nationaux dans une perspective d’intégration du genre ; de la création des mécanismes de financement afin d’assurer l’autonomisation de la femme ; que l’assurance soit donnée pour la prise en compte de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans les débats de la revue de la Déclaration de Paris à Accra ; de la prise en charge de participants provenant des organisations de promotion des droits de la femme pour le Forum de Haut Niveau (FHN 3) d’Accra.

Mariétou KONATE, envoyée spéciale à Accra

08 Septembre 2008