Les lampions se sont éteints sur le forum de Kidal, consacré au développement des régions nord du Mali, le samedi 24 mars dernier, sous la présidence effective du président de la République, Amadou Toumani Touré. Les recommandations issues de cette rencontre portent sur le désenclavement du Nord et la mise en oeuvre des programmes et projets de développement. Cela nécessite plusieurs centaines de milliards de nos francs que le gouvernement du Mali ne possède pas actuellement. Cependant, les partenaires techniques et financiers ont promis de l’accompagner dans la concrétisation de cet ambitieux programme pour les régions du Nord. C’est dire que la consolidation de la paix dans cette partie du Mali dépend en grande partie des partenaires techniques et financiers.
Cette rencontre dont les travaux ont été dirigés par le Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga, a enregistré la présence des représentants de toutes les institutions de la République et des partenaires techniques et financiers.
Ces derniers sont venus nombreux dans la capitale de l’Adrar des ifoghas : l’Union Européenne, les Etats-Unis d’Amérique, le Canada, la Suisse, la BAD, la BOAD, la FAO, le FIDA, la BID, l’OMS, l’UNICEF, le PNUD, la Banque Mondiale, le Luxembourg, le Japon, la Libye et le Liptako Gourma…
Ces organisations régionales et internationales ont activement participé aux débats de Kidal. Sous l’œil vigilant du chef du gouvernement, elles ont les unes après les autres pris la parole pour se prononcer sur le financement du document intitulé : «Programme décennal de développement des régions nord du Mali». Toutes ont exprimé leur soutien au gouvernement malien pour la mise en route des recommandations et, conclusions du forum.
Certains partenaires, à l’image de la BOAD, ont réaffirmé leur « entière disponibilité à « accompagner les autorités maliennes» à réaliser certains projets, notamment le barrage de Taoussa, l’axe routier Tonka-Goundam -Tombouctou. La Libye s’est également engagée à parachever les nombreux projets en cours dans le septentrion malien.
La BID a laissé entendre qu’elle examinera les nouvelles propositions et s’est montrée «disponible pour appuyer le gouvernement dans le développement du nord Mali».
La BAD a fait savoir qu’elle est en train d’exécuter 7 projets dans le nord Mali d’une valeur de 50 milliards de FCFA.
Le FIDA entend, pour sa part, continuer ses actions de développement dans le septentrion malien en mettant l’accent sur l’élevage, l’agriculture, l’accès et l’amélioration des services sociaux de base.
Quant à la FAO, elle veut s’Investir dans la sécurité alimentaire et la lutte préventive des criquets qui entrent au Mali par plusieurs voies notamment le nord du pays.
L’OMS et l’UNICEF ont conseillé de ne pas enclencher le développement sans une population saine. Ces deux structures internationales souhaitent intervenir au niveau du programme prioritaire de la santé pour accroître la nutrition et la surveillance épidémiologique ainsi que l’éducation des enfants et des jeunes filles.
Le représentant du PNUD a déclaré que : «te gouvernement peut compter sur l’appui du système des Nations-Unies pour la mise en œuvre des orientations du forum». Celui de la Banque Mondiale a manifesté l’intérêt de son institution à poursuivre et à achever l’aménagement des périmètres irrigués en cours.
Pour le Liptako Ghourma, «c’est une occasion de s’approprier le programme décennal de développement du nord Mali et de participer à sa mise en œuvre».
L’ambassadeur de l’Allemagne, Dr Reinhard Schwarzer, qui a parlé au nom de l’Union Européenne, des Etats-Unis, du Canada et de la Suisse s’est contenté de cette phrase laconique : «Nous réaffirmons notre disponibilité au Mali dans le cadre de la coopération bilatérale et multilatérale». Grosso modo, les partenaires techniques et financiers n’ont fait aucune annonce. Cependant, ils se sont engagés à accompagner le gouvernement pour la concrétisation des recommandations du forum de Kidal.
En clair, la consolidation de la paix au Nord-Mali dépend, en grande partie, du respect des engagements pris dans la capitale de l’Adrar des ifoghas. La volonté politique a été clairement affichée,- à la fois, par le chef du gouvernement et le président de la République. Tous deux ont manifesté leur attachement à la paix, à l’unité nationale et surtout au développement des régions du Nord (Tombouctou, Gao et Kidal).
Seulement voilà : l’Etat n’a pas les moyens de mettre en oeuvre les projets de développement. Les partenaires sont donc interpellés pour éviter de légitimer une éventuelle révolte qui aura comme socle le non respect des recommandations du forum de Kidal.
Rappelons que les conclusions de cette rencontre portent sur la construction des routes Gao – Bourem -Kidal -Frontière Algérie ; Kidal – Ménaka ; Ansongo -Ménaka – Anderamboukane, Taoussa – Tombouctou – Nioro et Tombouctou -Douentza. S’y ajoutent la construction de l’aéroport de Kidal et la réhabilitation de celui de Gao, l’acquisition de bateaux à faible tirant d’eau.
D’autres recommandations portent sur l’hydraulique, l’élevage, la pêche, la santé et l’éducation. Pour la mise en œuvre de ces différents programmes et projets l’Etat a besoin de 407 milliards de nos francs.
Envoyé spécial à Kidal Chahana TAKIOU
28 mars 2007.