Comme on l’a constaté ces derniers temps, le Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES) est en train de mouiller sérieusement le maillot en vue de son implantation dans le pays réel. Ce qui suscite parfois des grincements de dents, des frustrations, des empoignades voire des querelles de leadership pouvant se transformer en guerre larvée. C’est ce qui est arrivé à Bankass où deux clans, qui se regardent désormais en chiens de faïence, viennent de saisir la justice pour trancher une affaire purement politique.
Le 29 octobre dernier, le PDES faisait une rentrée politique fulgurante à Mopti par l’annonce de l’arrivée dans ses rangs des députés URD, Tidiani Guindo et son gendre Hamidou Djibo, tous élus à Bankass. Une semaine après le départ du bouillant député, le parti de la poignée de main avait envoyé une importante délégation conduite par Cheickna Hamalah Bathily, 5ème vice-président du Bureau exécutif national et porte-parole du parti, dans le fief de l’élu national afin d’éviter une saignée dans les rangs de l’URD. Au même moment, le député Tidiani Guindo était, lui aussi, dans la zone pour sensibiliser au profit de son nouveau parti, comme il le dit lui-même « le parti d’ATT « . La contre-offensive de l’URD avait, aux dires des observateurs, tué dans l’œuf les ambitions du député Tidiani Guindo qui aurait promis à ses nouveaux mentors de leur ramener un trophée qu’il allait ériger sur les cendres de l’URD et de l’Adema à Bankass. Pour le moment, il serait loin du compte alors que ses mandataires commencent déjà à s’impatienter voire à désespérer quant à la capacité de mobilisation de Tidiani Guindo, qui est, pourtant, un véritable harangueur de foule, un tribun hors pair.
La question qui semble, aujourd’hui, traumatiser Tidiani Guindo et les autres membres du PDES qui lui sont proches n’est pas relatif à la mobilisation de l’électorat, mais ce problème est interne au nouveau parti lui-même. En effet, avec l’arrivée du bouillant député au PDES à Bankass, certains militants ont souhaité que la part belle lui soit faite. Surtout qu’il est très proche d’une haute personnalité de la localité exerçant à Koulouba. Ce qui, en cas de besoin, peut leur être d’une réelle utilité car, c’est au Palais que se trouvent et le pouvoir et l’argent.
Il y a donc quelques semaines que le parti présidentiel a jeté son dévolu sur Madame Dako Fatoumata Guindo et Boubacary Amagara Guindo, qui serait un neveu au député Tidiani Guindo, en qualité de points focaux pour le cercle de Bankass. Et cela au grand dam d’Ernest Damango, un enseignant à la retraite, président de la radio Seno, qui a mouillé et continue de mouiller le maillot pour le PDES dans sa localité. Et cela bien avant même la création de ce parti, aux dires de certains de ses responsables locaux que nous avons pu avoir au téléphone. En effet, d’après ces responsables du PDES, le choix porté sur ces deux personnes par la coordination régionale, dirigée par Ousmane Thiam, a créé une forte tension dans le cercle car, Ernest Damango, en sa qualité de point focal officieux, avait déjà désigné des points focaux dans les douze communes du cercle. C’est pourquoi, Damango et les autres points focaux des douze communes ont ressenti ce choix porté sur Madame Dako Fatoumata Guindo et Boubacary Amagara Guindo comme une trahison des énormes efforts qu’ils ont déployés pour l’implantation du PDES dans le cercle de Bankass.
C’est ainsi que, pour ne pas voir ses efforts partir en fumée et en dépit du choix porté sur ces deux personnes en qualité de points focaux officiels du parti présidentiel, Ernest Damango a continué à travailler sur le terrain comme si c’est lui, en réalité, qui est le point focal. Ce comportement n’a pas plu, principalement, au point focal officiel Boubacary Amagara Guindo qui a, alors, décidé de porter plainte contre son camarade de parti pour « usurpation de titre », nous a-t-on dit.
Il y a à peu près deux semaines, ces deux responsables du PDES qui se disputent le leadership local ont été écoutés par la Gendarmerie qui a, ensuite, procédé à la transmission du dossier au Juge de paix à compétence étendue de Bankass. Voilà une situation qui concerne également, directement ou indirectement, les douze autres points focaux, exerçant dans les communes de Bankass, qu’Ernest Damango avait, en son temps, désignés et qui sont, aujourd’hui, dessaisis de leur fonction au profit de nouvelles têtes que les militants desdites communes ont du mal à accepter. Le coordinateur du PDES pour la région de Mopti, Ousmane Thiam, dont nous avons tenté, le samedi dernier, de recueillir l’avis sur la question, est sur « répondeur « .
Aux dernières nouvelles en provenance de Bankass, on nous fait savoir qu’une délégation du PDES y est attendue, dans les jours à venir, pour se saisir de la question en vue, certainement, de lui trouver une solution à l’amiable.
Pour le moment, tous les militants et sympathisants du PDES retiennent leur souffle en attendant l’issue de ce procès qui oppose des responsables locaux du parti présidentiel à Bankass. Car, si ça tourne mal, l’arrivée dans les rangs du PDES du député Tidiani Guindo, populiste et grand tribun, n’aura servi à rien.
Mamadou FOFANA
22 Novembre 2010.