STRATEGIE DE FORMATION
La stratégie de la formation militaire au Mali repose sur 5 volets : la formation commune de base, la formation de spécialisation, la formation de perfectionnement, la formation de cadre et la formation des formateurs.
D’abord, la formation commune de base a pour but de donner à la recrue les aptitudes physiques, morales aussi bien que les connaissances techniques et tactiques de base pour accomplir les actes élémentaires du soldat. Elle est presque identique pour toutes les armées, dure 6 mois et se déroule dans les centres d’instruction des armées et services.
Quant à la formation de spécialisation, elle est individuelle et collective. La formation individuelle sert à donner à la recrue les connaissances et compétences indispensables pour occuper un emploi dans son unité d’affectation et se fait au niveau de l’unité suivant un programme établi par l’armée ou le service en question.
La formation collective sert à rendre les cellules et les unités aptes à exécuter leurs missions. Elle est planifiée et conduite par l’unité directement supérieure.
Par ailleurs, le perfectionnement ou l’entraînement des unités consiste à entretenir ou à développer dans les environnements aussi proches que possible de la réalité, les capacités et le savoir-faire pour une mission opérationnelle.
S’agissant de la formation des cadres, elle regroupe l’instruction, l’enseignement ou l’entraînement. Elle permet aux cadres militaires de tenir ou de pourvoir à un poste ou une fonction particulière.
Elle se fait dans des établissements spécifiques, des centres d’instruction ou écoles militaires. Cette formation comportant 3 niveaux (initial, intermédiaire et supérieur), concerne les formations au commandement et les formations techniques.
Quant à la formation des formateurs, elle a pour objectif de donner au personnel sélectionné les aptitudes nécessaires à concevoir, planifier et conduire toutes les formations et se fait le plus souvent avec l’appui de partenaires étrangers.
INSTITUTIONS DE FORMATION
Elles sont regroupées en 3 branches : les centres de formations; les écoles militaires et les stages à l’extérieur.
Les centres d’instruction des armées concernent le Certificat Aptitude Technique 1 (CAT1) destiné au soldat, le certificat Aptitude Technique 2 (CAT2), les Brevets Armes1 et 2 (BA1 et BA2) pour les sous-officiers.
Il existe des écoles militaires au Mali parmi lesquelles on peut retenir :
– Le Prytanée Militaire de Kati : Héritière de l’Ecole Militaire Préparatoire Africain (EMPA), le PMK a ouvert ses portes en octobre 1981. Il est situé à 15km de Bamako au camp Soundiata de Kati. Le PMK a pour mission de dispenser aux élèves de nationalité malienne et étrangère, un enseignement fondamental, secondaire général, une instruction militaire et morale, les prédisposant à une carrière militaire. L’accès à cet établissement est subordonné à un concours après admission au Certificat d’Etude Primaire (CEP).
– Le centre d’instruction Boubacar Sada Sy de Koulikoro : Créé en octobre 1998, le CIBSSK, fruit de la coopération sino-malienne, constitue un maillon essentiel de la chaîne de formation des cadres militaires du Mali et du contient. Le CIBSSK est un espace d’intégration et de coopération dédié à la préparation des officiers et sous-officiers des armées des pays africains, par le biais de l’instruction et de la formation à travers les quatre écoles qu’il renferme. Annuellement, ce centre forme plus de 600 stagiaires d’une vingtaine (20) de pays du continent.
Sa devise est : « Honneur-Discipline-Travail ».
– L’école militaire interarmes (EMIA) : Créée en 1962, initialement implantée à Kati, elle a été transférée à Koulikoro le 1er octobre 1980. Elle assure la formation initiale des officiers. L’accès se fait par voie de concours ou sur titre aux jeunes civils et militaires titulaires de diplôme d’enseignement universitaire général (DEUG) et reçoit également les stagiaires étrangers dans le cadre de la coopération militaire entre le Mali et leurs pays. L’EMIA est à sa vingt septième (27ème) promotion.
Sa devise est : « S’instruire-Instruire-Vaincre », elle participe à l’intégration africaine.
– L’Ecole militaire d’administration (EMA) : Créée en 1978 et érigée en Ecole nationale à Vocation Régionale (ENVR) avec l’aide de la coopération militaire française, l’EMA de Koulikoro assure la formation des officiers et sous officiers en provenance d’une vingtaine de pays africains en techniques administratives, financières et comptables.
– L’école d’Etat-major : Elle s’occupe de la formation d’officiers d’Etat-major dont la devise est “S’instruire pour mieux conseiller”.
– L’école de maintien de la paix : Dernière née des ENVR de Koulikoro, l’EMP est chargée d’assurer la formation au niveau tactiques des cadres militaires de la sous région ouest africaine et d’autres pays du continent en technique du maintien de la paix. Sa devise est « l’Afrique unie pour la paix ».
Ces écoles sont placées sous le contrôle de la Direction des Ecoles Militaires (DEM) Créée le 24 octobre 2000 par le décret n°0510 P-RM, la DEM est sous l’autorité du chef d’Etat Major Général des Armées et dirigée par le Colonel Adama Kanikomo.
Selon le Colonel Kanikomo la DEM est chargée de “mettre en oeuvre la politique de formation au sein des forces armées, de coordonner les activités des écoles et formations militaires, de veiller à la conception des documents relatifs à l’instruction, suivre la réalisation des équipements et la confection des matériels didactiques, évaluer les formations dans les écoles militaires et superviser l’organisation des concours d’entrée dans les différents centres et écoles de formation militaire”.
Il a ajouté que chaque année l’Université de Bamako accorde à la DEM 5 places. Mais cette année, ce chiffre est porté à 7.Le colonel Kanikomo reconnaît qu’il y a des militaires qui font des concours d’entrée dans les écoles civiles à leur frais. Ceux-ci sont suivis par les Etats-Majors.
A en croire le Directeur des Ecoles Militaires, la structure qu’il dirige forme des para-militaires, car 53 surveillants de prison viennent de subir leur formation dans ces écoles et 50 attendent. Des instructeurs militaires sont envoyés pour former des agents des Eaux et Forêts à Kolokani. Des policiers et des douaniers ont été formés par les éléments de l’armée.
Pour ce qui concerne les stages de formation à l’extérieur, ils s’effectuent dans le cadre de la coopération. Selon le Colonel Adama Kanikomo, plusieurs partenaires interviennent dans le cadre de la formation militaire au Mali.
Si les écoles nationales à vocation régionales sont soutenues par la coopération française, a dit le Colonel Kanikomo, la Chine reste le partenaire qui reçoit le plus de stagiaires maliens. Puis viennent l’Allemagne notamment pour le Génie Militaire, les USA, le Maroc, la Tunisie, la Grèce. On a commencé à envoyer quelques éléments au Nigeria, au Burkina Faso, au Sénégal, au Niger et à Madagascar, entre autres. Il a expliqué que le Prytanée de Kati et le Prytanée de Libreville au Gabon sont en collaboration étroite dans le cadre de la formation.
QUELLES PERSPECTIVES POUR L’ARMEE MALIENNE ?
Dans le but d’avoir une armée professionnelle, républicaine et au profit de la paix et du développement, trois actions sont prévues. Il s’agit d’abord de renforcer la capacité nationale de formation. Ce qui passera par la création d’un corps des instructeurs et d’un centre d’entraînement tactique, la finalisation de l’école d’application et de perfectionnement officiers et le renforcement de l’école des sous-officiers.
Il s’agit ensuite de développer la coopération régionale. Cela nécessite le développement les échanges dans le cadre des Ecoles nationales à vocation régionale (ENVR).
Il s’agit enfin de développer par la coopération internationale.
Aider à la formation initiale technique des cadres (ingénieur, pilote, médecin…), combler le déficit des besoins de formation au brevet supérieur 1,2, aider à la formation des formateurs, sont entre autres tâches prévues.
Oumar SIDIBE
19 janvier 2006.