Puis on a vu en 2002 Alpha Oumar Konaré demander, à la grande surprise générale, d’organiser la phase finale de la CAN chez nous. Une victoire du Mali lui eût permis d’organiser un référendum constitutionnel sur la modification du nombre de mandats du Président de la République.
Tant était important l’enjeu qu’il avait, la veille de l’ouverture officielle, assisté à une messe à la cathédrale de Bamako, que sa religion présumée (l’Islam) ne l’avait même pas empêché de suivre.
Il est vrai aussi que depuis un certain temps, on attribue les malheurs du football malien à l’injustice que le pays aurait faite à un certain Père Bouvier en débaptisant le stade qui portait son nom au profit de Mamadou Konaté, un stade qui avait enregistré de belles victoires de nos clubs nationaux.
Les casses du 27 mars : une conclusion logique
Les casses du 27 mars 2005 ne sont que l’aboutissement d’une longue évolution du mal sur nos stades, un mal qui a pour nom : violence et intolérance, ignorance du fair-play. Le temps est donc loin où les tribunes du Stade Modibo Kéïta vibraient des exploits de Faras venus du Maroc battre le Mali chez lui.
C’est que le fair-play était la règle. On disait que le meilleur gagne ! Et on y croyait. Le sport était fraternel et convivial. On ne jetait pas de cailloux sur le terrain, on n’insultait pas les père et mère de l’adversaire ou de l’arbitre.
C’est dire que “le douzième homme”, le public qui se range inconditionnellement aux côtés de son équipe, n’existait pas. Puis il est apparu, et avec lui, le reporter sportif partisan et chauvin, surtout démagogue.
C’est d’ailleurs lui qui a suscité, ce public dangereux, avec ses reportages partisans que les supporters écoutaient, l’oreille collée au poste, les yeux rivés sur le terrain, sur une tribune en ébullition. Et l’Etat n’a rien dit. Il n’a pas interdit le chauvinisme en sport, comme une atteinte à la morale, voire à l’image du pays.
On a parlé de dirigeants au sommet de l’Etat que les responsables d’un pays voisin s’apprêtaient à livrer à la vindicte populaire si jamais ils osaient accompagner l’équipe nationale chez eux.
Ces supporters hooligans ont mis en danger la vie et les biens de nos compatriotes vivant à l’extérieur et l’Etat n’a rien dit.
L’Etat a eu peur d’affronter les masses des stades, préférant mettre en oeuvre la vieille maxime des tyrans romains, à savoir divertir le peuple par les jeux et le pain, d’autant plus que chez nous ce dernier manquait souvent.
Mais les casses du 27 mars 2005 on montré que les choses pouvaient se retourner contre lui.
A l’occasion des matches de la Champions League européenne ou de la CAN, on assiste à la publicité de l’alcool. N’est-ce pas là encore tolérer l’intolérable au nom de la crainte du peuple, qui est peut-être la crainte de prendre sa place?
L’affaire Salif Kéïta
Ces derniers temps on assiste à une vive tension à la Fédération nationale de football, avec la chute du bureau Niambélé, qui sera peut-être suivie, à un intervalle de neuf mois à peine, de celle du bureau de Salif Kéïta.
On parle de trahison nationale, de marches pour soutenir le football malien ; il y a eu des interpellations à l’Assemblée nationale… Tout cela, sur fond de défaites en cascade des Aigles. Le football serait-il notre malheur?
Ibrahima KOÏTA
1er février 2006.