L’équipe nationale du Nigeria a confirmé son emprise sur le football féminin africain en s’adjugeant son 5ème trophée en Coupe d’Afrique des nations grâce à une victoire contre le Ghana, 1-0. Cette discipline, selon notre compatriote de la Caf, Amadou Diakité a un bel avenir devant elle. Ce qui est aussi un virage à 180° de sa part.
Comme on s’y attendait, les Super Falcon ont remporté la 5e édition de la Can féminine dont elles étaient les hôtes. De ce fait, elles sont les seules à figurer au palmarès de cette compétition puisque ayant remporté les cinq éditions (1998, 2000, 2002, 2004 et 2006) mises en jeu par la Confédération africaine de football (CAF).
C’est la troisième victoire des Super Falcon au détriment des Black Queens qui auront comme lot de consolation, une participation à la prochaine phase finale de la coupe du monde de football, aux côtés des championnes d’Afrique en titre. Ce mondial féminin est prévu en Chine en septembre 2007.
Le but de la victoire a été marqué par la joueuse africaine de l’année 2005, Perpetua Nkwocha dès la 14e minute. L’étroitesse du score comparée aux deux précédentes victoires du Nigeria sur le Ghana (2-0) en 1998 et 2000, fait tout de même ressortir la progression des Black Queens. La 3è place de la 5è édition de la phase finale de la CAN a été remportée par l’Afrique du Sud au détriment du Cameroun. Cette édition a aussi mis en évidence les progrès de cette discipline sur le continent.
En effet, pour les observateurs, les équipes qualifiées pour cette 5e édition comme le Mali s’étaient beaucoup améliorées, comparées au niveau affiché lors des éditions précédentes. « On constate une amélioration du niveau de chaque équipe. Quand le championnat a démarré, les pays gagnaient sur ces scores de 8-0 et 10-0, mais actuellement les écarts se comblent, le championnat devient plus compétitif et le niveau est plus relevé », a souligné M. Amadou Diakité, membre du Comité exécutif de la Confédération africaine de football et ancien président de la Fédération malienne de football.
« L’avenir du football féminin était radieux en Afrique », a souligné notre compatriote Amadou Diakité, membre exécutif de la Confédération africaine de football (CAF). Observateur averti de l’évolution du football en Afrique et dans le monde, il prédit que les entreprises et les pays africains se bousculeraient bientôt pour s’impliquer dans les compétitions féminines. « Le football féminin gagne du terrain en Afrique », a affirmé M. Diakité, ancien président de la Fédération malienne de football. Pourtant certains observateurs nationaux lui reprochent pourtant d’avoir peu fait pour le développement du foot féminin dans son pays pendant sa gestion.
Faut-il pour autant s’attendre à une organisation prochaine de la Coupe du monde foot féminin en Afrique. Pour M. Diakité, qui s’est confié à la Pana, il ne faut aller vite en besogne. Déjà on a du mal à trouver les pays organisateurs de la Can. « La raison pour laquelle nous n’avons pas de pays qui se proposent pour organiser tous les deux ans le championnat d’Afrique féminin est qu’il en est toujours à ses débuts. Une fois que ce championnat sera développé, je le vois attirer beaucoup de sponsors. En fait, certains pays vont se bousculer pour l’organiser », a-t-il expliqué à la Pana à Warri, l’une des villes de la 5e édition du championnat organisé par le Nigeria.
Virage à 180°
Bien que l’organisation de cette édition ait initialement été attribuée au Gabon, ce pays a déclaré ne pas être en mesure de l’assumer pour des « raisons logistiques ». Ce qui a obligé le Nigeria à se porter volontaire. Depuis la création de cette compétition en 1998, seuls le Nigeria (trois fois) et l’Afrique du Sud (deux fois) l’ont organisé. Pour M. Diakité, « la réticence de certains pays à abriter cette compétition tenait au fait que la plupart des pays et des entreprises ne vibraient pas encore pour elle… Mais, je pense qu’avec le temps, cette situation va changer ».
Mais, au Mali il y a encore beaucoup à faire pour ne pas se faire trop distancer par les autres pays dans le domaine du foot féminin. Son essor est apparemment le cadet des soucis de la Femafoot et des autorités publiques plutôt accrochées aux résultats des garçons, surtout des Aigles séniors. Personne n’ignore au pays dans quelles conditions précaires Diaty Ndiaye et ses coéquipières avaient préparé cette 5e édition de la Can féminine. Depuis leurs qualifications, elles ont laissé en rade, délaissées au profit des Aigles masculins engagés dans les éliminatoires de la Can « Ghana 2008 ».
Et l’enthousiasme de Amadou Diakité nous surprend parce qu’il y peu d’années il faisait partie de ceux qui ne misaient pas trop sur le foot féminin. En effet, lors d’un Conseil national de la Femafoot tenu à Koulikoro, Amadou Diakité (président à l’époque) n’avait pas hésité à dire qu’ils n’ont pas suffisamment de moyens à investir dans le foot masculin, qui demeurait ses priorités, à plus forte raison le foot féminin.
Il répondait ainsi à une directive de la Fifa qui recommandait aux fédérations nationales d’investir plus de moyens dans le développement du football féminin. Gageons que, aujourd’hui conscient que de l’avenir radieux de cette discipline sur le continent, il va mettre tout son poids pour que la Fédération malienne et le département des Sports revoient leur attitude à l’égard de nos footballeuses.
Moussa Bolly
Depuis Lyon
14 novembre 2006.