L’image caricaturale des chefs de file de l’opposition malienne pleurnichant aux portes du Palais de Koulouba pour entrer dans un gouvernement de consensus bis fait sourire et fait regretter le temps d’un certain COPPO de Me Tall, Choguel et autres.
Tout observateur averti du microcosme politique malien répugne, depuis un moment, à affirmer l’existence d’une opposition véritable au pouvoir du président Amadou Toumani Touré. « Le parti d’opposition qui se soucie constamment de l’attitude à adopter pour entrer au Gouvernement n’en est pas un », nous confiait la semaine dernière, un haut responsable politique du pays.
L’actualité de l’intervention télévisée du président de la République à propos d’un éventuel remaniement ministériel a permis aux uns et aux autres de se faire une idée de la santé de ce qui restait de l’opposition malienne.
En effet, pour un commentaire du Chef de l’État, relatif à une expérience du « gouvernement consensuel « qu’il serait prêt à renouveler avec le RPM d’Ibrahim Boubacar Kéita, le PARENA de Tiébilé Dramé et Sadi du Dr. Oumar Mariko, c’est la course à la courtisanerie et à la clochardisation de nos illustres ténors.
On dirait qu’ils n’attendaient que ce pseudo- appel pour se prêter à toutes les interprétations du genre : « si le président nous consultait, nous serions prêts à entrer au sein du Gouvernement et patati patata ».
On ne savait pas que l’opposition malienne était aussi essoufflée, au point de verser dans des jérémiades, comme pour susciter la compassion du locataire de Koulouba.
Pourtant, ATT venait d’offrir au RPM et au PARENA quelques strapontins au niveau des représentations diplomatiques du pays. Insatiables qu’ils sont, ces opposants ! On annonce que de hauts cadres du RPM et du PARENA font des pieds et des mains pour enfiler le manteau de « Monsieur le ministre ».
Des sources crédibles annoncent que le leader des Beliers ne jure, désormais, que par un portefeuille ministériel, la parenthèse » beurrée » de la mission onusienne à Madagascar devant prendre fin bientôt. Pouah !
Apparemment, seul le parti de l’ancien leader estudiantin, Oumar Mariko, SADI, réduit à sa portion congrue avec seulement 4 députés à l’Assemblée nationale, peut se targuer de tituber encore au rythme de l’opposition. Compassion au député de Kolondiéba et à ses amis qui vont bientôt perdre leurs comparses du groupe parlementaire PARENA-SADI à l’Hémicycle.
S’il est vrai que les contacts avancés entre l’ADEMA et le PARENA peuvent aboutir à une fusion, comme l’annonçait cette semaine dans nos colonnes, le porte-parole du parti du Bélier blanc, Mohamed Lamine Baby. Dès lors, il faut, d’ores et déjà, prononcer un requiem pour l’opposition parlementaire au Mali. Adieu la verve d’un Konimba Sidibé et autre Me Amidou Diabaté ! Silence, avis de recrutement d’opposants !
On croyait le consensualisme instauré par ATT, de 2002 à 2007, définitivement révolu. Que nenni. La soif inextinguible de venir précocement à table avant même d’y être invité par le biais des urnes, l’hypocrisie politique de se réclamer d’une certaine opposition sans y croire ou en avoir les ressources morales et intellectuelles vont-elles asséner le coup de grâce à la bande à IBK, Tiébilé et autres ?
Si le « Seigneur de Sébénikoro » peut justifier son oui précipité à un gouvernement de consensus bis par la crainte d’une nouvelle saignée dans les rangs de son parti, le gendre du président Alpha Oumar Konaré aura de la peine à expliquer que la cour qu’il fait actuellement à ATT est liée au classement sans suite du dossier judiciaire relatif à sa gestion du Sommet Afrique-France.
Tout compte fait, le remaniement ministériel, s’il devait se réaliser, doit amener le président de la République à ne pas mettre du nouveau vin dans une vieille outre. Mais, il doit opérer une véritable seconde révolution en mettant bonnement à la touche tous les « vieux chevaux » qui sont à l’œuvre de 1991 à nos jours.
Ils ont eu, comme le dirait l’autre, suffisamment de temps pour démontrer de quoi ils étaient capables et n’ont plus rien à prouver au peuple malien. Il est temps que le président ATT donne du sang neuf à la gouvernance par la promotion de jeunes cadres.
Bruno D SEGBEDJI
16 Avril 2010.