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En effet, il ne s’agit pas de la sécurité des simples citoyens, qui n’est pas en elle-même une mince affaire. Il s’agit de la sécurité d’une Institution, plus précisément de la 3ème institution de la République et le siège du pouvoir législatif.

Si une telle institution n’a pas pu assurer convenablement la sécurité de ses occupants ainsi que de ses équipements, il y a péril en la demeure. Certains diront que ce n’est qu’un vol d’ordinateur. Mais la réalité est têtue : ce fait isolé traduit le risque dans lequel travaillent nos élus nationaux. Du coup, on est en droit de se poser des questions sur les conditions dans lesquelles travaillent nos honorables députés. Eux qui doivent défendre les intérêts du peuple.

Chose qui ne peut se faire que s’ils exercent leur métier dans une totale indépendance et par-dessus tout, dans les conditions idoines de sécurité. Ces interrogations sont d’autant difficiles à esquiver que ce « vol » intervient dans un contexte où l’institution parlementaire est au cœur des grands débats de société. En premier lieu, le fameux Code des personnes et de la famille qui constitue une véritable bombe sociale que les députés tiennent dans leurs mains et qui doit être adopté lors de la prochaine session prévue au mois d’avril.

En second lieu, il y a le projet de loi sur l’abolition de la peine de mort, un autre texte problématique, au regard de l’insécurité grandissante dont l’une des causes principales est, sans doute, la mollesse des lois pénales et surtout la non-exécution des sentences judiciaires. Notons au passage, que ces deux textes font surtout grincer les dents aux religieux qui n’y voient que la main de l’Occident au mieux et un pied-de-nez à nos valeurs sociétales et religieuses au pire. Last but not least, en troisième lieu, il y a le fameux projet de réformes institutionnelles qui devrait être examiné lors de la même session.

Un projet qui va remodeler la face de nos institutions et assainir les pratiques démocratiques dans notre pays. Toute chose qui explique l’attention suivie dont il bénéficie de la part des acteurs politiques. Qui se préparent aux échéances électorales de 2012. Déjà la guéguerre a commencé surtout depuis l’avènement du parti présidentiel (PDES) et qui est décidé à « débaucher massivement » pour renforcer sa position à l’hémicycle.

Bref, tout cela pour dire que le contexte actuel rime mal avec l’insécurité au parlement avec laquelle on ne doit pas badiner. D’ailleurs, même si aucune annonce n’a été faite dans ce sens, on peut penser que ce vol dont la victime n’est autre que l’un des députés URD de Baraoueli et non moins Rapporteur général de la Commission des Finances, peut résulter de manœuvres politiques de la part d’adversaires pour le pousser à transhumer comme cela est d’actualité.

En tout cas, l’importance du rôle de l’Assemblée nationale et du fait qu’elle représente la souveraineté nationale militent que les plus hautes autorités veillent jalousement sur son inviolabilité. Pour cela, en plus des mesures d’urgence de renforcement du dispositif sécuritaire, il serait sage de transférer le siège du pouvoir législatif du centre-ville pour une zone plus adéquate à recevoir une telle institution.

Cette décision sera salutaire à plus d’un titre car elle donnera, au-delà du cadre serein de travail qu’elle offrira aux parlementaires, une image valorisante de l’Institution aux yeux du citoyen. Toute chose conforme à ses hautes missions qui ont trait aussi bien au vote des lois, au contrôle gouvernemental qu’à la formation et à la participation politiques des citoyens.

Mamadou Lamine DEMBELE

11 Novembre 2010.