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L’histoire, comme le disait Fénelon, est un éternel recommencement des actes et faits du quotidien. De cette conception se rapproche la fameuse théorie de Antoine Laurent de Lavoisier qui disait : » rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme »

Dans le monde politique et particulièrement dans le microcosme politique malien, il semble que malgré l’émiettement des partis, rien de véritablement nouveau ne s’est créé, mais seulement une série de… « décompositions- recompositions ». Aussi, les efforts actuels des responsables du Parti pour la Renaissance Nationale (PARENA) pour célébrer, en grande pompe, une fusion avec le PASJ, sont-ils conformes à cette lecture ?

C’est dans ce sens qu’un observateur politique averti et proche de ce « dossier » constatait la semaine dernière qu’en fait, le parti du Bélier blanc est en train d’être simplement rattrapé par sa propre histoire. L’histoire de sa naissance.

En effet, le Congrès National d’Initiative Démocratique (CNID Faso Yiriwa Ton), des entrailles duquel le PARENA est sorti, avait envoyé au Gouvernement, sous la Transition, Tiébilé Dramé au poste de ministre des Affaires étrangères et des Maliens de l’extérieur. Après les premières élections pluralistes, le CNID était sorti deuxième force politique du pays et avait constitué l’opposition parlementaire au pouvoir sous le régime ADEMA, piloté par le président Alpha Oumar Konaré.

Les coups de boutoir assénés par Me Mountaga Tall et ses amis à la gouvernance cahoteuse, avaient conduit le président Alpha à demander aux responsables du CNID d’ajouter de l’eau à leur vin, d’observer une forme de « répit républicain » pour permettre au pays de reprendre son souffle après les péripéties euphoriques des lendemains de mars 1991. Conséquence, le CNID devait…lever le pied et entrer au gouvernement du Premier ministre Abdoulaye Sékou Sow.

C’est ainsi que Tiébilé Dramé obtiendra le portefeuille des Zones arides et semi-arides, le Pr. Yoro Diakité, celui des Mines, Abdoulaye Diop, alors Secrétaire général du parti du Soleil levant, au ministère des Travaux publics et Me Amidou Diabaté, Secrétaire politique du parti, au ministère de la Justice.

Mais la gouvernance sous le Premier ministre Abdoulaye Sékou Sow n’était pour autant pas sortie de l’auberge. Et, à la suite de graves difficultés, Me Sékou Sow démissionna en 1994. Il a écrit récemment dans son livre  » Problématique de l’État démocratique républicain africain – Sa reconstitution au Mali » qu’il avait été victime d’une cabale montée par l’ADEMA.

C’est alors que le CNID n’avait plus souhaité faire partie de la nouvelle équipe gouvernementale, conduite par Ibrahim Boubacar Kéïta. Et les ministres démissionnaires du CNID avaient conduit des délégations à l’intérieur du pays pour expliquer le bien-fondé de leur retrait du gouvernement.

Selon des témoignages recueillis récemment, le président Konaré avait approché en ce moment Tiébilé Dramé pour organiser une crise au sein du parti du soleil levant.

Le fameux « groupe des dix » serait parti de là. Un congrès du CNID avait été convoqué en cette année 1994. A l’ouverture de la rencontre, les dix, conduits par Tiébilé Dramé et leurs amis avaient quitté la salle où elle se déroulait, au Centre Islamique d’Hamdallaye, pour aller tenir un congrès parallèle dans la salle du Soudan Ciné, revendiquant être dépositaires du CNID ( et prônant la mise à la touche de Me Tall) .

Il s’en est suivi une procédure judiciaire pour définir l’appropriation du parti et de ses biens. Tiébilé et ses amis ayant échoué à toutes les étapes de l’instance, ont fini par sceller leur départ du parti de Me Tall pour créer le PARENA.

Et c’est bien ce parti, rattrapé par sa propre histoire, qui cherche un point de chute aujourd’hui au sein du PASJ. Et, comme par pure coïncidence, cela se passe au moment où Me Tall et ses amis appellent à la reconstitution de la grande famille CNID.

Bruno D SEGBEDJI

11 Avril 2010.