Tous savaient que l’union fait la force. Mais, ils se sont divisés pour question de leadership. Les voilà, nos leaders politiques cherchant à présent à tout prix à fusionner pour accroître leurs chances de succès en 2012. Peu importent les frustrations et sacrifices .
Mais, ils n’avaient pas pu, ego hypertrophié oblige, surpasser les conflits de leadership qui avaient émietté les différentes formations politiques à la tête desquelles ils trônaient si fièrement. Chacun se vautrant avec boulimie dans le fauteuil de « Monsieur le président du parti » en y tenant comme à la prunelle de ses yeux.
Après s’être cassé le nez sur le carreau des différentes échéances électorales, les voilà tout penauds, tête basse, revenant comme l’enfant prodigue dont parle la Bible, clamant sur un ton assourdissant « le rassemblement des forces politiques de gauche, la réunification ou la reconstitution de telle ou telle grande famille et des retrouvailles autour de ce qui nous unit… »
Et comme Simon Pierre qui sonne le tocsin sollicitant des coups de main afin de pouvoir tirer le filet à présent plein à craquer de poissons, « les fils et petits-fils » du RDA malien viennent de se jeter à l’eau en précipitant la naissance d’un véritable opni (objet politique non identifié).
L’Union Malienne du Rassemblement Démocratique Africain Faso Jigui (UM-RDA) qui vient de naître du Congrès unitaire des 1er et 2 mai derniers exhale déjà des effluves d’inachevé et fait des frustrés dans les rangs du BDIA, de l’US-RDA, de l’UDC et du MJT. Ne cherchez pas à prendre connaissance des statuts, projet de société, siège, logo du nouveau parti …
Il est né, voilà tout. Peu importe qu’à la cérémonie de clôture du Congrès constitutif, un ministre de la République issu de l’OPNI, après avoir vainement usé de son influence en pièces sonnantes et trébuchantes auprès de certains délégués logés à la Maison des jeunes, a fait débarquer sur les lieux, des loubards pour exiger, vainement du reste, son entrée au sein du bureau de mission.
Des questions se posent également par rapport à la précipitation avec laquelle cette mutation politique du RDA du Mali a été opérée. Et dire qu’on annonce que le PIDS de Daba Diawara est aux portes.
Ce qui pourrait être le cas du MPLUS RAMATA, de FAMA et d’autres partis lilliputiens. De là à dire que la célébration du Cinquantenaire peut expliquer la célérité de cette métamorphose dont bien des têtes pensantes sont nichées sur la colline du pouvoir, il n’y a qu’un petit pas vite franchi.
Par ailleurs, il faut le signaler, certains délégués du Congrès unitaire ont eu à sermonner les responsables, leur reprochant d’avoir liquidé leur parti qui venait d’être dissout de façon cavalière, en violation des textes. Parmi ceux-ci, la frustration, la déception pourrait avoir des conséquences. Le Bureau de mission du président Bocar Moussa Diarra aura alors plus que du pain sur la planche pour faire converger les points de vue.
Le landerneau qui grouille de bruits de fusions au point qu’un observateur politique averti se demandait, la semaine dernière, si les politiques, maliens ne sont pas atteints d’une nouvelle pathologie, la « fusionnite » aiguë.
La question de la viabilité des entités politiques créées à l’issue de ces fusions tous azimuts se pose avec acuité. Des fusions opportunistes qui pourraient laisser bien d’acteurs sur le carreau. La situation qui prévaut dans le cas de figure imminent entre l’ADEMA et le PARENA laisse perplexe. Même, s’il risque de perdre, de loin l’un des meilleurs députés de la République qui fait sa fierté, le PARENA de Tiébilé Dramé est actuellement prêt à sceller « sa » fusion avec le parti de l’Abeille solitaire.
A priori, le « rassemblement des forces politiques de gauche » que Tiébilé et ses amis ont proclamé depuis la dernière conférence nationale du parti devrait commencer par un rapprochement, au-delà de l’Hémicycle, entre ce parti et SADI du Dr. Oumar Mariko.
On ne comprend pas non plus que le PARENA veuille rejoindre la majorité présidentielle en continuant à balayer d’un revers de la main l’appel du CNID, des flancs duquel il est sorti, à reconstituer sa grande famille.
Le parti du Bélier blanc n’écarte plus l’hypothèse d’une exclusion de l’honorable Konimba Sidibé pour indiscipline et insoumission du fait de ses prises de positions dans la presse sur son désaccord avec le projet de sabordement du parti.
Pour le porte-parole du parti, Mohamed Lamine Baby, la position de Konimba est ultra-minoritaire et il ne peut que se conformer à la tendance majoritaire qui est prête à aller vers la fusion avec l’ADEMA. Pendant ce temps, un haut cadre de l’ADEMA disait hier encore que le PARENA n’apporte rien à son parti.
Bruno Djito SEGBEDJI
06 Mai 2010.