En février 1996, l’opposition malienne avait ironisée l’idée du président Alpha Oumar Konaré d’allumer à Tombouctou la Flamme de la paix qui symbolisait le retour de la paix dans le Nord après la rébellion touarègue des années 1990. Aujourd’hui, le concept fait recette. Toutefois, la diplomatie malienne semble l’avoir oubliée. Mais, il faut rendre à César ce qui est à César : le Mali, sous le leadership d’Alpha, a réalisé de belles choses qui continuent de faire des émules. Pourquoi ne pas les rappeler opportunément et surtout se les approprier ?
La cérémonie Flamme de la paix que le Mali a organisée en février 1996 mettant fin officiellement au conflit armé au nord du pays continue de faire recette en Afrique. Plusieurs pays l’ont expérimentée, le dernier en date étant la Côte d’Ivoire. Mais, de moins en moins on entend parler de l’origine sinon « la paternité » d’une expérience qui fait des émules.
Il y a un peu plus de dix ans, sous Alpha Oumar Konaré, a été allumée à Tombouctou, à un millier de kilomètres de Bamako, la Flamme de la paix. Elle avait été initiée conjointement par notre pays et les Nations unies et symbolisait la fin de la rébellion dans le Septentrion qui avait connu deux ans de guerre entre l’armée régulière et des fractions et mouvements rebelles.
Les différentes forces armées en présence ont brûlées sous les yeux de la communauté internationale des dizaines de milliers d’armes de guerre qui ont servies à alimenter une guerre fratricide. Cette expérience unique au monde est depuis lors choisie par les Nations unies comme une étape décisive dans le règlement définitif des conflits armés à travers le continent africain particulièrement et le monde en général.
Si l’opposition à l’époque avait contesté le bien-fondé de la démarche, arguant que flamme et paix sont antinomiques, force est de constater aujourd’hui que le concept se porte comme un charme. En témoignent les cérémonies de Flamme de la paix au Niger, en Sierra Léone, au Liberia et au Congo Brazzaville, entre autres.
Mais le hic aujourd’hui est qu’elles se déroulent sans référence à l’expérience malienne tout au moins dans les discours. La diplomatie malienne devra, chaque fois que c’est nécessaire, rappeler ce succès qui, au demeurant n’est pas celui du président Konaré seul mais du peuple malien tout entier.
La Côte d’Ivoire en tout cas est le dernier pays africain à avoir tenu le même cérémonial à Bouaké, au centre du pays le 30 juillet 2007. Sans cette Flamme de la paix, il était impossible au président de la République ivoirienne, Laurent Gbagbo de se rendre à Bouaké.
Sous les regards de sept chefs d’Etats africains dont le nôtre et des invités de marque, forces armées nationales loyalistes et éléments des Forces nouvelles (ex-rébellion ivoirienne), le chef de l’Etat ivoirien, après sept ans d’absence, et son Premier ministre, Guillaume Soro, ont enterré ce que Laurent Dona Fologo, président du Conseil économique et social de la Côte d’Ivoire, a appelé le « monstre » dans la ferveur retrouvée.
C’est dire que le Mali peut d’ores et déjà s’enorgueillir d’avoir ouvert une voie unique dans le règlement pacifique des conflits.
Abdrahamane Dicko
02 août 2007.